Notre société pastorale a été toujours riche en histoires et en événements dans lesquels se sont illustrés des hommes plus ou moins connus aujourd’hui.

Ces hommes remarquables par le verbe et l’action ont contribué à la prévention et le règlement des conflits avec parfois des sacrifices personnelles afin de préserver l’intérêt général et la paix.

Voici une histoire hors du commun et qui m’a été contée par un vieux sage.

Dans un campement de la brousse, un homme nommé Guedi vivait parmi la tribu de sa femme.

Tout se passait à merveille jusqu’ au jour où  un conflit éclatât entre sa tribu et celle de sa femme.

Les jours de Guedi s’assombrirent et il vivait dans l’espoir d’un dénouement du conflit.

Malheureusement pour lui les choses s’aggravèrent et le conflit dégénéra en bataille.

Guedi pris peur pour sa vie et décidât alors de prendre la fuite, et comme la mission était périlleuse  de jour, il décida de fuir dans l’obscurité.

C’est donc par une nuit sombre que Guedi emporta son poignard qu’il avait pris soin de  cacher et il se prépara à quitter le campement

Mais un imprévu surgi. Sa femme se réveilla et tenta de raisonner son mari.

Ainsi eut lieu une discussion envenimée et le ton monta, celui-ci prit peur et tentât de fuir sur le champ mais sa femme de peur de le perdre ne voulait point le laisser s’en aller.

Alors dans une vaine tentative de lui faire peur Guedi porta un coup mortel à sa femme qui cria avant de s’écrouler morte.

Les guerriers en alerte entendirent le cri et se précipitèrent vers le lieu  et  le fugitif meurtrier tomba entre leur mains.

Il fut battu et ligoté et on le traina dans le campement pour sa mise a mort.

C’est à ce moment précis qu’intervient le père de la fille le vénérable Ahmed Dayax qui était un homme sage et  fort respecté dans la communauté.

Il ordonna de couper les cordes qui entravaient Guedi puis l’amena dans sa case.

Les guerriers dont faisaient parti  les frères de la défunte  réclamaient haut fort vengeance.

Le père leur répondît avec autorité que c’est avant tout lui qui avait perdu sa fille et que  la décision finale du sort de cet homme lui appartenait.

Il ajouta solennellement que pour le moment il avait une morte à enterrer et que chaque membre de la tribu devait respecter son deuil.

La foule  hostile se dispersa et le vieux sage proclama un deuil de sept jours pour sa fille.

Durant la semaine du deuil,   le vieux soignait  les blessures de son gendre dans sa demeure à l’abri de toute personne pouvant le mettre en danger.

Puis vint la fin du deuil et dans tout le campement on se préparait à l’exécution du meurtrier ; mais là encore le vieux Ahmed Dayax, après avoir pris conseil avec le cercle des sages de sa tribu, prit  de court tout le monde.

Il rassembla tout le monde et leur dit de vive-voix que la perte de sa fille lui a causé suffisamment de malheur et que son cœur ne supporterait pas la mort du père de ses petits enfants.

Par conséquent,  il annonça qu’il pardonnait le geste de son gendre et ajouta à l’occasion qu’il lui donnait en mariage la cadette de ses filles.

A ce moment,  un cri  de mécontentement retenti mais personne n’osa le contredire.

Et comme promis le mariage fut célébrer une semaine plus tard dans l’incompréhension et l’amertume la plus totale dans le campement.

Mais de l’autre côté, la tribu de Guedi qui suivait de prés  le dénouement de son sort  tomba émerveillé par les actions hautement louables  prises par son beau père, le vénérable Ahmed Dayax.

Elle tint conseil et l’on décida d’arrêter  tout conflit ou actes de velléité  et d’envoyer sur le champ une mission de paix afin d’engager des pourparlers  avec la tribu belligérante.

Et c’est donc un beau jour que le campement d’Ahmed Dayax reçût  une délégation conduite par les sages de la tribu de Guedi.

La surprise fut totale pour la grande majorité sauf bien sûr, lui et quelques autres initiés .

Alors l’on se prépara à recevoir cette délégation avec tous les honneurs

Les deux partis  parlèrent  de paix sans condition et de réparation du préjudice causé par un membre de leur clan.

La délégation remercia à l’occasion Ahmed Dayax pour ses hautes valeurs morales et son estime pour la paix.

Le conseil de sages du campement accepta la main tendue et la réconciliation fut scellée.

Peu de temps après, une forte délégation de la tribu de Guedi revint au campement et avec elle, trois têtes de bétails.

La première pour payer le sang de la femme morte, la seconde pour payer la dot de la nouvelle mariée et la troisième pour récompenser l’action honorable du sage Ahmed Dayax dont l’écho se faisait dans les autres tribus de la société. Ainsi tout est bien qui finit bien et la vie reprit dans sa quiétude…

Nabad iyo Caano 

ALI NOUR DJAMA