Amorce d’un partenariat  pour prévenir et combattre la corruption à Djibouti  

Une cérémonie de signature de Déclaration Conjointe d’intention de Partenariat  entre la Commission Nationale Indépendante pour la prévention et de lutte contre la Corruption(CNIPLC) et le système des Nations-Unies à  Djibouti s’est tenue jeudi dernier à l’hôtel Ayla.  A travers la signature de cette Déclaration Conjointe,   les deux institutions affirment  leur intention de collaborer pour prévenir et combattre la corruption à Djibouti, avec le but de contribuer à la réalisation des Objectifs de Développement Durable en 2030, en accord avec le Plan National de Développement Djibouti ICI et la Vision Djibouti 2035. Il convient de mettre en exergue que cette cérémonie de signature intervient un moment opportun ou la CNIPLC entend mettre en œuvre la stratégie Nationale de lutte contre la Corruption.

«  Il n y a pas de petite et de grande corruption. Il n’y a pas de corruption active plus virulente et une autre passive plus excusable. C’est un ensemble nocif pour les individus et pour la société toute entière. Car la corruption sape avant tout les piliers de notre État, de notre économie et par conséquent de notre nation. L’industrie de la corruption est devenue tellement sophistiquée aujourd’hui qu’elle peut aussi prendre la forme d’évasion ou d’optimisation fiscale. Il nous faut, là aussi, être vigilant.»  C’est par cette rediffusion d’un  extrait du discours du Président de la République M. Ismaïl Omar Guelleh, suivi  par celui  prononcé par le  Secrétaire général des Nations-Unies à Djibouti  M.  Antonio Guterres que la cérémonie a débuté.  Il s’en est suivi par la projection d’un reportage retraçant le cheminement et l’historique de la Commission Nationale Indépendante pour la Prévention et de lutte contre la Corruption de son acronyme CNIPLC.

Instituée par la loi 03/AN/13/7ème L du 16 juillet 2013, la CNIPLC  est l’autorité nationale de référence en matière de lutte contre la corruption, elle a pour mission de mettre  en place la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption.  Elle est l’organe qui est chargé de superviser, coordonner   et suivre  la mise en œuvre de toutes les politiques en matière de prévention et de lutte contre la corruption.  

La commission contribue à la moralisation de la vie publique en renforçant les principes de bonne gouvernance.  Elle a pour mandat de recevoir les dénonciations et les plaintes sur les institutions publiques, le secteur privé, les organisations de la société civile et la population toute entière sur les effets néfastes de la corruption.

A L’issue de cette projection, le  Coordinateur- Résident du Système des Nations-Unies s’est exprimé en premier, dans une allocution au cours de laquelle le responsable onusien  spécifie  que selon des études de UN :

« la corruption draine plus de 5% du PIB mondial. Sur les quelque 13.000 milliards de dollars de dépenses publiques mondiales de  2022, jusqu’à 25% se sont perdus à cause de la corruption. Cela se traduit par au moins 3.000 milliards de dollars de dépenses publiques. Aujourd’hui plus que jamais, il est important de noter que la lutte contre la corruption n’est pas seulement une priorité nationale, mais belle et bien mondiale. Les Nations Unies, par le biais des objectifs de développement durable, notamment l’ODD 16 pour la « Paix, justice et institutions efficaces » ont clairement indiqué que la corruption est l’un des plus grands obstacles à la réalisation d’un développement juste, équitable et durable ».   

Et d’ajouter   que «  la déclaration conjointe d’intention de partenariat que nous signons témoigne la volonté du gouvernement de Djibouti à renforcer les systèmes pour plus de justice, transparence et d’équité et de l’engagement inébranlable des Nations Unies à l’appuyer dans ces efforts ».

De son côté, la présidente de la CNIPLC Mme Badria Zakaria Cheick Ibrahim a dans une allocution très instructive,  d’abord rappelé les effets destructeurs de la corruption.

 « En 2014, Djibouti a mis en place une stratégie à long terme « la Vision Djibouti 2035 » afin de réaliser son ambition de faire de Djibouti un Pôle économique, commercial et financier, régional et international, qui assure le bien-être des Djiboutiens et Djiboutiennes dans un environnement de paix  et de sécurité. Un des cinq piliers de la Vision est la Bonne Gouvernance qui met en place une stratégie visant à renforcer les mécanismes de prévention et de lutte contre la corruption.Ainsi l’un des trois axes principaux du Plan National de Développement, Djibouti ICI 2020-2024 se concentre sur le renforcement des institutions, notamment «le pays bâtira une administration moderne, digitalisée, efficace, transparente et responsable, qui regagne la confiance de ses administrés, lutte contre la corruption et dont la gestion est basée sur les résultats pour fournir des services publics de qualité aux citoyens et au secteur privé Djiboutien» a-t-elle fait remarquer.

En poursuivant son discours, la présidente de la CNIPLC a fait savoir que «  Depuis sa création, notre institution a multiplié les initiatives. Elle a travaillé sur les activités de déclaration de patrimoine pour les hauts responsables de l’administration, formulé la stratégie nationale de prévention et de lutte contre la corruption, participé au mécanisme d’évaluation par les pairs sur l’application de l’article 69 de la Convention des Nations-Unies contre la Corruption, sensibiliser la population sur la corruption, renforcé le cadre juridique et institutionnel et établi des accords de coopérations avec d’autres organes de lutte contre la corruption. La vision à long terme de la Commission est de faire de Djibouti un pays respectueux des bonnes pratiques en matière de gouvernance afin d’éradiquer la corruption. »

Ce faisant, la présidente de la CNIPLC Mme Badria Zakaria Cheick Ibrahim et le coordinateur-résident du Système des Nations-Unies M. José Barahona ont apposé leur signature sur le document de Déclaration Conjointe d’Intention de Partenariat.

Notant au passage, que cette cérémonie de signature a vu la participation du ministre de l’Intérieur Said Nouh Hassan,  du Ministre des Affaires Musulmanes et des Biens Wagfs Moumin Hassan Barreh, des parlementaires, la représentante-résidente de la Banque Mondiale,  des responsables des institutions publiques, des représentants du corps diplomatiques.

 Sadik Ahmed