Discours du président de la république à l’occasion de la journée internationale de la femme, le  8 mars 2020.

Comme chaque année, c’est avec une grande satisfaction et une immense joie que je participe avec vous à la célébration de cette journée internationale dédiée à la Femme.

Comme je l’ai évoqué à plusieurs reprises, il ne faut pas penser que sur les 365 jours de l’année, on donne seulement une journée à la Femme. Car c’est chaque jour qu’on doit célébrer la Femme pour son apport inestimable à notre société.

C’est pourquoi cette journée doit être plutôt perçue comme un moment où on dresse le bilan des réalisations de la politique du Genre de toute l’année. Un moment où la société nationale toute entière prend conscience de l’importance de toutes les Femmes, non seulement pour sa structuration mais aussi pour son développement et dans son bien être.

Les fruits de notre conviction et de notre volonté politique

Notre société, comme beaucoup de sociétés imbibées de cultures, de traditions mais aussi de croyance et de superstitions, s’est longtemps fourvoyée dans une attitude paradoxale. D’un coté, elle louangeait sans réserve le rôle de la Femme en son sein alors qu’en même temps elle la maintenait dans une subordination injustifiable et inqualifiable. C’est pour corriger cette dissymétrie que le gouvernement a élaboré un nouveau code de la famille en 2002.

Avec ce code, nous avons réellement entamé le processus d’émancipation de la Djiboutienne en la dotant d’un statut juridique personnel qui la libère et lui donne une existence et une autonomie en dehors de la tutelle patriarcale. Cette évolution était en même temps en phase avec les aspirations de toute la société qui se projetait ainsi vers son avenir.

Et ce qui semblait difficile, voir impossible à l’époque, tombe aujourd’hui sous le coup de l’évidence. Car il est évident aujourd’hui pour tous les Djiboutiens qu’une Femme, à qualification où à compétence égale, peut postuler à une insertion professionnelle, au même titre qu’un homme. Il est évident aujourd’hui qu’une Femme, au même titre qu’un homme, peut assumer des fonctions de représentativité ou des responsabilités régaliennes.

Ces acquis et d’autres furent de formidables conquêtes sur toutes formes de tabou, de pesanteurs et autres préjugés.  Ils sont les fruits de notre conviction et de notre volonté politique. Ils reflètent l’état d’esprit d’une société qui assume sa mutation et sa marche vers son avenir.

Le leadership féminin dans le domaine politique et économique est le meilleur marqueur de la progression de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Mais pour autant, ces résultats ne doivent ni faire illusion ni faire éclipse. Oui, le chemin parcouru ne doit pas obstruer le chemin qui reste à parcourir. Certes, la Djiboutienne peut prétendre à une insertion professionnelle, certes la Djiboutienne peut prétendre à des postes à haute responsabilité. Mais en réalité combien de Femmes réussissent à s’insérer professionnellement ? Combien de Femmes fréquentent les sphères de haute décision dans notre pays ?

Nous devons nous poser ces questions. Non pas pour tenir un registre de comptabilité et de statistique, mais pour examiner, en toute lucidité et en toute sincérité, le degré de l’intégration genre dans les politiques publiques.

Car cette intégration, dans notre pays comme dans beaucoup d’autres pays, se voit souvent confronté aux principes des réalités.

Regardons par exemple la réalité des partis politiques de notre pays. Regardons aussi la réalité des entreprises de notre pays, publiques comme privées. La percée des Femmes y révèle de parcours de combattantes. Car malgré des mesures légales comme celles de quotas, il y a encore beaucoup de conservatisme qui barre l’accès des Femmes.

Notre société reconnait la polyvalence de la Djiboutienne

Nous devons imaginer des dispositifs qui facilitent aux Femmes l’accès et le partage des responsabilités politiques et économiques. Car le leadership féminin dans le domaine politique et économique est le meilleur marqueur de la progression de l’égalité entre les hommes et les femmes.

Lorsque, l’année dernière, le gouvernement a décidé d’allonger la durée du congé de maternité, c’était pour reconnaitre et considérer le rôle fondamental de la famille. Et au sein de la famille et du foyer l’apport incommensurable de la maman dans la croissance et l’épanouissement de l’enfant. Car aujourd’hui, notre société a dépassé allégrement ce stade primaire où elle réduisait et enfermait la Femme au foyer. Notre société reconnait la polyvalence de la Djiboutienne. Et c’est sur cette polyvalence qu’elle entend construire la symphonie familiale. Et c’est cette symphonie familiale qui sert de fondation au développement de notre société.