A l’occasion de la cérémonie d’inauguration de Système de Règlement Automatisé de Djibouti, le Gouverneur de la Banque Centrale M. Ahmed Osman Ali a effectué un discours dans lequel il rappelle l’importance pour notre pays de disposer d’infrastructures bancaires modernes pour offrir des services rapides et sécurisées. Nous reproduisions in-extenso l’intégralité de son discours.

« C’est un grand honneur et un réel plaisir pour moi de prendre la parole aujourd’hui devant une audience aussi éminente, à l’occasion de cette cérémonie officielle de lancement de nouvelles infrastructures de paiement mises en place dans le cadre du projet de modernisation du Système National de Paiement.

Un honneur parce qu’il m’est donné de m’exprimer sur l’aboutissement d’un grand chantier qui s’insère dans la feuille de route que le Chef de l’Etat, Son Excellence Monsieur Ismaël Omar Guelleh, nous a assignée pour transformer notre secteur financier et parvenir à notre ambition de bâtir une solide place financière à rayonnement international.

Dans cette voie, la Banque Centrale s’est engagée dans un vaste programme de réformes et de modernisation des infrastructures financières, et nous sommes fiers de célébrer avec vous aujourd’hui l’achèvement d’une étape importante avec l’opérationnalisation du nouveau Système de Transfert Automatisé que nous avons baptisé Système de Règlement Automatisé de Djibouti (SYRAD).

Mais, avant tout, permettez-moi de vous souhaiter, à tous et à toutes la bienvenue, votre présence parmi nous, malgré les contraintes liées à vos charges respectives, témoigne de l’importance que vous et vos différents organes accordent à cette mutation qui aura le mérite de rapprocher davantage notre environnement économique des standards internationaux, en ce qui concerne ses circuits de règlement des valeurs.

Le paysage financier international a été marqué ces dernières années par une évolution rapide des services financiers digitaux accompagnée par une forte émergence des Fintechs proposant des solutions à la fois innovantes et complexes.

Cette révolution numérique n’offre pas que des opportunités, elle est également porteuse de risques et de défis, nécessitant une approche d’accompagnement et de régulation appropriée de la part des Banques Centrales et des autorités de surveillances concernées.

Dans ce contexte, et en vue de soutenir la digitalisation du secteur financier national tout en maîtrisant les risques, la Banque Centrale de Djibouti a initié cet important projet soutenu par la Banque Mondiale. Les nouvelles infrastructures de paiement que nous inaugurons ce jour, au-delà de leur rôle de canal d’amélioration du climat des affaires et d’inclusion financière, constituent un moyen sûr de garantir la stabilité du système financier et de raffermir la confiance des utilisateurs dans les moyens de paiements scripturaux.

Comme vous l’aurez sans doute noté, une nouvelle ère de modernité s’ouvre pour tous les utilisateurs des services de paiement que sont le Trésor public, les institutions financières, les entreprises et les ménages dont les opérations de paiement devraient, dorénavant, être exécutées avec une plus grande rapidité quelle que soit la distance, induisant ainsi un gain inestimable en termes de temps, de moyens et d’énergie.

A ce stade, j’aimerais vous informer que la mise en production du système a démarré le jeudi 15 juillet 2021 et l’ensemble des participants ont pris toutes les dispositions nécessaires pour que le lancement demeure sans heurt dans leurs institutions respectives.

Aussi, ce lancement a concerné dans un premier temps les virements interbancaires ; et la compensation des chèques continuera à demeurer manuelle en attendant la finalisation toute proche de la standardisation des chèques.

Pour votre édification, je me permets de rappeler les paliers franchis, sous forme de préalables stratégiques, avant la phase de production. Les équipes en charge du projet ont, tour à tour, travaillé sur :

• la normalisation des instruments de paiement ;

• l’adaptation du cadre réglementaire et conventionnel;

• la mise en production de deux réseaux de télécommunications propriétaires, reliant l’ensemble des banques commerciales à la Banque Centrale en vue de permettre la transmission sécurisée des transactions de paiement et l’échange de diverses informations ;

• la construction des sites d’hébergement modernes ;

• la formation aux utilisateurs en vue de faciliter la prise en main des nouvelles solutions implémentées.

Plusieurs défis se dressent encore devant nous pour lesquels l’année 2022 sera déterminante. En effet, il s’agit, d’une part, de la mise en vigueur d’une réforme complémentaire relative à l’introduction d’un switch monétique interbancaire pour permettre l’interopérabilité des réseaux bancaires et de paiement électronique.

C’est une autre étape très importante que nous devons réaliser dans les plus brefs délais. Il s’agit de la mise en place d’une plateforme qui permet, comme son nom l’indique, de relier tous les opérateurs qui vont de la gestion des terminaux de paiement, les opérateurs de Mobiles Money, des valets et autres instruments de paiement en ligne.

Dans cette perspective, je voudrais inviter tous les acteurs, fournisseurs de services financiers, spécialement les opérateurs de la téléphonie mobile, à s’impliquer pleinement dans ce projet en vue de garantir la prise en compte des spécificités des activités de tous les acteurs agréés pour émettre et gérer la monnaie électronique en République de Djibouti.

L’autre défi majeur est relatif à la préservation de la stabilité et de la fiabilité de notre secteur financier. Pour l’heure, les indicateurs démontrent que notre système financier est solide.

Cependant et, compte tenu du contexte international et régional, la lutte contre les phénomènes de blanchiment des capitaux et de financement du terrorisme demeure un enjeu crucial pour sauvegarder la réputation et l’intégrité de notre place financière.

 A cet égard, notre pays a accepté de se soumettre à une évaluation nationale de l’ensemble des dispositifs de lutte contre le LBC/FT qui aura lieu en début d’année 2024, sous l’égide du Groupe d’Action Financière du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (GAFIMOAN).

La réussite de cette évaluation, qui concerne de nombreuses institutions publiques (tel que les services de sécurité, l’appareil judiciaire, la douane, les opérateurs financiers, et j’en passe) relève d’une importance capitale pour notre pays.

En effet, un classement défavorable aura des conséquences hautement préjudiciables pour notre système financier et mettra à mal les relations de correspondants bancaires avec l’extérieur.

Pour s’y préparer, nous avons débuté en mars dernier une évaluation nationale des risques avec l’assistance de la Banque Mondiale, que je remercie encore une fois au passage. Cet exercice vise à illustrer l’engagement de notre pays et à améliorer notre connaissance de nos faiblesses et vulnérabilités afin d’en atténuer les effets à travers l’établissement d’un plan d’action détaillé qui sera immédiatement exécuté.

La réussite de cet exercice primordial repose sur la participation active de toutes les institutions nationales concernées. Les préparatifs avancent mais prennent du retard au niveau de certaines de nos institutions qui, je pense, n’ont pas véritablement compris les réels enjeux de cette évaluation et ne collaborent pas au niveau souhaité.

Aussi, profitant de cette tribune et de la présence des plus hautes autorités du pays, j’exhorte les institutions concernées à prendre leurs responsabilités et faire les efforts nécessaires pour réussir cette épreuve.

C’est à travers ces efforts, que nous comptons asseoir, de manière certaine, le renom de Djibouti comme place financière sure et fiable.

 Pour clore mon intervention, j’aimerais saluer l’accompagnement des partenaires extérieurs, notamment la Banque Mondiale pour son engagement, aux côtés de la République de Djibouti dans les efforts de transformation des infrastructures de paiement nationales à travers le financement mis à disposition pour ce grand projet.

Je me dois également de souligner que plusieurs acteurs-clé ont concouru au succès de chaque stade du projet. C’est à ce titre que j’évoque la collaboration active du secteur bancaire, en particulier, et financier, en général, non seulement dans l’adaptation de leur environnement de travail, mais aussi dans leur participation aux travaux de mise sur pied du cadre conventionnel et réglementaire. Je ne saurai, pareillement passer sous silence l’efficace collaboration de l’ANPI, l’ANSIE et Djibouti Telecom pour faire aboutir ce chantier.

Je voudrais enfin saluer l’apport inestimable du consultant international, Monsieur Abib Gaye, sur lequel les équipes de la Banque Centrale se sont appuyées pour mener les études de faisabilité avant d’amorcer l’étape de mise en œuvre proprement dite. Aussi, je fais mention spéciale du travail quotidien louable réalisé par la famille Banque Centrale qui a porté ce projet à bon port, malgré les difficultés rencontrées.

Je vous remercie de votre aimable attention et votre présence à la cérémonie officielle de lancement de SYRAD. »