A l’occasion de la cérémonie de lancement du Fonds Souverain de Djibouti, qui a eu lieu hier à la présidence de la République ,  le chef de l’Etat, M. Ismail Omar Guelleh,   a prononcé un discours dans lequel il a dressé  la situation économique de notre pays qui a enregistré ces dernières années une croissance accélérée  et qui s’est donné comme objectif de devenir un hub commercial, logistique, portuaire et numérique incontournable en investissant dans les infrastructures. Pour  le numéro un djiboutien « Il s’agit maintenant de passer un cap qualitatif, d’impulser une nouvelle phase de notre développement. D’accélérer le rythme. De se moderniser plus encore. Pour que nous soyons toujours en phase avec les évolutions du monde qui nous entoure. Et pour répondre aux besoins légitimes des Djiboutiens. » Nous vous reproduisons ci-dessous l’intégralité de l’allocution du Président de la République

Face aux défis, notre pays a toujours su s’appuyer sur son génie national pour se montrer à la hauteur des enjeux. Depuis notre indépendance, en juin 1977, nous avons constamment agi pour garantir notre souveraineté, notre indépendance et notre sécurité. Et nous avons constamment agi pour tracer un chemin de développement durable malgré les contraintes de notre territoire.

Notre objectif essentiel a toujours été l’émergence économique, le développement, le bien-être de nos citoyens.

La pandémie de Covid-19 n’a pas démenti cette capacité à lutter. Elle a montré que la République pouvait compter sur ses propres forces pour faire face aux difficultés du présent. Tout en maintenant une politique stratégique à long terme.

Djibouti n’est pas un pays riche. Le sous-sol n’est pas gorgé de matière première, le climat est chaud, semi-désertique, l’eau est un bien précieux et rare. Mais nous avons de l’ambition.

Nous avons su nous appuyer sur notre situation géographique pour construire un projet de développement, un projet d’avenir. Au carrefour de l’Asie et de l’Afrique, sur la route du canal de Suez et de l’Europe, gardien du détroit de Bab-el-Mandeb, Djibouti est idéalement positionné sur l’une des routes commerciales les plus actives et les plus stratégiques du monde.

Nos traditions sont celles de l’échange et de l’ouverture. Nous sommes un peuple de la terre et de la mer.

Fidèle à cette lignée, nous avons défini notre cap, notre stratégie : devenir un hub commercial, logistique, portuaire et numérique incontournable. Investir dans les infrastructures pour répondre à cette exigence. Développer l’amont et l’aval par un secteur privé dynamique. Moderniser nos entreprises, et en particulier celle du secteur public, pour répondre aux défis du futur.

Depuis deux décennies, nous avons collectivement, ensemble, travaillé dur pour obtenir des résultats tangibles : un cadre légal et financier reconnu, une monnaie stable et convertible, des structures portuaires et de transport de classe mondiale, des liens mutuellement profitables avec nos grands partenaires régionaux et internationaux.

Le taux de croissance (8 % en 2018 et 7 % en 2019) place notre pays parmi les économies les plus dynamiques du continent. Notre richesse nationale s’accroît, soulignée par notre progression dans les classements internationaux. Elle a plus que quintuple en vingt ans, pour atteindre un PIB de près de 3 milliards de dollars (courants). La croissance, l’amélioration constante du cadre légal et juridique soutient l’attractivité de notre pays. Avec un résultat tangible : depuis près d’une décennie, les investissements privés étrangers décollent.

Il s’agit maintenant de passer un cap qualitatif, d’impulser une nouvelle phase de notre développement. D’accélérer le rythme. De se moderniser plus encore. Pour que nous soyons toujours en phase avec les évolutions du monde qui nous entoure. Et pour répondre aux besoins légitimes des Djiboutiens.

Il nous faut agir pour une meilleure répartition de notre effort sur le territoire national. Agir pour privilégier l’éducation, la formation et l’emploi de nos jeunes. Il nous faut pouvoir investir et de co-investir de manière souveraine sur des grands projets structurants. Il nous faut favoriser plus encore l’émergence d’un secteur privé diversifié et compétitif. Il nous faut accentuer notre intégration avec la région, avec nos pays frères et voisins, avec, en particulier l’Éthiopie, dont nous sommes l’une des portes sur le monde.

Tous ces objectifs de modernisation, d’adaptation, de croissance sont inscrits dans « la vision 2035 », la stratégie qui guide notre action à long terme. Cette stratégie va pouvoir bénéficier d’un instrument nouveau d’action, mobilisateur de moyens. Et qui se démarque des approches traditionnelles du développement.

Cet outil de croissance et de transformation économique accélérée, c’est le Fonds Souverain de Djibouti (FSD).

Le Fonds a été créé par la loi du 29 mars 2020. Ces structures se mettent progressivement en place. L’équipe s’organise. Il sera très rapidement opérationnel. Le fonds vise à mobiliser les ressources de Djibouti, à les centraliser d’une certaine manière, afin de créer du « poids », du « leverage » comme disent nos amis anglo saxons, pour mieux maîtriser nos projets, pour accentuer fortement notre marge de manœuvre et de négociation, pour privilégier nos intérêts nationaux et stratégiques.

Pour être le partenaire nécessaire, solide et engagé que recherchent les investisseurs djiboutiens ou internationaux. Il s’agit d’optimiser nos moyens pour investir dans l’économie réelle, les entreprises, la compétitivité, le secteur privé, le développement d’un « made in Djibouti ». Le Fonds aura aussi la responsabilité de soutenir la gestion et la stratégie des entreprises publiques du secteur concurrentiel. Il devra représenter l’État actionnaire et en accroître la compétitivité.

Le Fonds incarne notre volonté de progresser dans la chaîne de valeurs, d’intégrer « le haut de la courbe », en termes de capacités de décision, de capacités d’action, de retour sur investissements, de savoir-faire. Cette compétence, cette « capacité à agir », est un élément central de notre projet.

Le FSD : vecteur de croissance

C’est important et je le souligne. LeFonds va créer de la croissance, favoriser les investissements. Mais c’est avant tout un instrument efficace de développement, au service des Djiboutiennes et des Djiboutiens.

Par son activité, le Fonds participera activement à la création d’emplois, à l’élévation générale du niveau de vie. Le seul actionnaire du Fonds est et demeurera l’État de Djibouti. C’est inscrit dans la loi.Son efficacité se mesurera par la réalisation des projets, par sa rentabilité mais aussi et surtout par sa capacité à générer des réserves pour les générations à venir. À la création d’une nouvelle classe d’entrepreneurs.

Un aspect est particulièrement essentiel à la réussite de ce projet, à sa légitimité vis-à-vis des citoyens de Djibouti, et vis-à-vis de ses partenaires nationaux et internationaux, c’est celui de la gouvernance et de la transparence.

Dans ce domaine, nous sommes déterminés à mettre en œuvre les meilleures pratiques en matière de responsabilité et d’indépendance de ses organes de gestion, de gouvernance de transparence et de performance, en conformité avec la loi djiboutienne et les principes internationaux admis en la matière.

Une direction a été mise en place, les organes de gouvernance et d’audit également. Des femmes et des hommes, des cadres djiboutiens seront appelés à participer à cette ambition. Des talents africains, internationaux également.

Il nous faut réussir.

Ce que nous cherchions à faire advenir, c’est une économie moderne, socialement inclusive, capable de créer environnement propice à l’épanouissement et au développement de l’initiative privée. Nous devons permettre aux talents djiboutiens d’entreprendre, de participer à l’industrialisation de notre nation, de positionner notre pays comme un centre d’excellence, de compétitivité et d’innovation. Dans cet élan, nous devons également renforcer la gestion et la gouvernance de notre patrimoine public.

Le fonds est un outil clé de notre ambition.

Mais au-delà de la mise en place de cet instrument financier, nous sommes tous concernés par cette exigence de modernisation. Nos ministres, nos responsables politiques, nos entrepreneurs, nos directeurs du secteur public, nos cadres, nos jeunes, les acteurs de la société civile, tous les Djiboutiens, doivent s’inscrire dans cette démarche essentielle pour notre avenir commun.