La république de Djibouti a célébré hier, mercredi 24 novembre 2021, la journée mondiale dédiée aux enfants. Placée sous le haut patronage du premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed, l’édition 2021, comme celles des années précédentes est organisée par le ministère de la femme et de la famille  en collaboration avec l’UNFD, l’UNICEF, le ministère du travail et celui de la santé. L’occasion a été pour nos bambins, à l’instar de leurs congénères des pays du monde, de faire entendre leurs voix, pour revendiquer leurs droits les plus fondamentaux.

La cérémonie de célébration de la journée mondiale de l’enfance, s’est tenue à Djibouti, hier mercredi 24 novembre 2021. Présidée par le premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed, elle a réuni dans la salle de spectacle du palais du peuple, le plusieurs membres du gouvernement dont la ministre de la femme et de la famille, Mouna Osman Aden principale organisatrice de cet événement annuel, la vice-présidente de l’Union Nationale des Femme Djiboutiennes, Hasna Houmed Bilil, des représentants des organisations partenaires dont l’UE, ceux des pays arabes, des représentants du système des nations Unies, y compris, la cheffe du bureau local de l’UNICEF, Melva Johnson coorganisatrice de cette belle cérémonie, ainsi qu’une pléthore d’enfants issus des différents établissements scolaires de la capitale.

L’objectif étant pour les pays signataires de la convention internationale relative aux droits des enfants, dont le nôtre qui a également ratifié la charte africaine dédiée aux enfants, de sensibiliser le pouvoir public et l’ensemble de la communauté djiboutienne à promouvoir les droits fondamentaux des enfants dont notamment ceux axés dans le domaine de la santé, de prohiber l’enrôlement des mineurs dans le milieu du travail, mais de les protéger également contre tous les genres de violences.

L’édition 2021 de cette journée est placée sous le thème de : « Un avenir meilleur pour chaque enfant ». Il s’agit de permettre à chaque enfant de jouir pleinement de ses droits et de bénéficier d’un environnement propice à son développement psychomoteur. Les enfants participants ont d’ailleurs à travers un panel de discussions organisé à cette occasion posé des questions les unes plus pertinentes que les autres, au premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed et les autres membres du gouvernement participant à la cérémonie à savoir le ministre du travail, chargé de la formalisation et de la protection sociale, Osman Ibrahim Robleh, le ministre de l’éducation nationale et de la formation professionnelle, Moustapha Mohamed Mahamoud, le ministre de la santé, Dr. Ahmed Robleh Abdilleh.

«Excellence Monsieur le Premier ministre est-il possible de mettre en place un fonds pour les enfants ?», Excellence Monsieur le ministre du travail chargé de la formalisation et de la protection sociale, selon l’organisation internationale du travail, 152 millions d’enfants travaillent dans le monde. Etant donné que ce fléau existe dans notre pays, qu’avez-vous prévu pour lutter contre le travail illicite des enfants ? Où encore au ministre de la santé, assurez-vous la gratuité des soins pour tous les enfants sans discrimination (enfants vulnérables, enfants à besoins spéciaux, enfants de rue, refugiés…. ? et au MENFOP,, Pouvez-vous nous décrire la place des enfants à besoins spéciaux dans le système scolaire ?» figurent parmi les questions que les enfants ont posé aux membres du gouvernement. Les réponses positives de ces derniers en dit long sur la politique du pays dans le domaine de la promotion des droits des enfants. Il est à souligner que Djibouti a outre les droits mondiaux, mis en place au niveau local des lois et des institutions spécialisés visant à renforcer celles-ci.

Après les discussions, place aux discours

Et en premier, la représentante résidente de l’UNICEF à Djibouti. Melva Johnson a salué les efforts déployés par la République de Djibouti pour faire des droits de l’enfant une réalité. Elle a en outre retracé les avancées réalisées dans ce domaine « Le taux de mortalité infantile a considérablement diminué et est estimé 58 pour mille naissances vivantes (papfam 2012). Les taux de malnutrition sont en baisse, ainsi la malnutrition aigüe sévère est passée de 5.7% en 2013 à 2.6% en 2019 et la malnutrition aigüe globale de 17.8 en 2013 à 10.3 en 2019 (SMART 2019). Le taux de vaccination des enfants pour le BCG se maintient à un niveau supérieure à 97% et pour la poliomyélite il est de plus de 95%.  (Enquête de couverture vaccinale 2020). L’accès à l’eau est quasiment acquis au niveau national avec plus de 90.2% des ménages qui y ont accès avec d’importantes disparités entre les milieux urbain et rural. (EDAM 4 2017). Le taux brut de scolarisation au primaire atteint les 96% de scolarisation. (EDAM 4 2017).

La prévalence des MGF est en baisse passant de 78.4 en 2012 à 70.7 en 2019, soit une baisse de 10%. (Enquête MGF 2019) ; Et plusieurs mécanismes pour renforcer la protection des enfants ont été mis en place telle que : l’élaboration du code de protection juridique des mineurs, la stratégie nationale pour l’abandon des MGF, la politique nationale de l’enfance, la mise en place d’une plateforme de protection de l’enfant par le Ministère de la Femme et de la Famille pour une prise en charge holistique des enfants victimes de violences» a déclaré la responsable onusienne.

Dans son allocution la ministre de la femme et de la famille, Mouna Osman Aden a indiqué que l’importance des consultations prénatales et du travail illicite des enfants ainsi que les violences, étaient autant d’occasions de renouveler l’intérêt permanent accordé par l’Etat djiboutien à la promotion de l’enfance. Concernant la politique du président de la république, la ministre de la femme et de la famille a rappelé que « les enfants constituent la priorité de notre développement  et les efforts inlassables de la Premier Dame et présidente de L’UNFD pour la promotion des droits, l’accompagnement et la garde des enfants abandonnées au sein de l’orphelinat». «Cet intérêt porté aux enfants au plus haut sommet de l’Etat est d’autant plus justifié que la question de l’enfance est complexe nécessitant un appui ferme de la part de plusieurs parties dont je citerais le Gouvernement, la société civile, les entreprises sociales et économiques et les communautés» a souligné la ministre Mouna Osman Aden.

Pour sa part le Premier Ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed a rappelé que «cette journée est un moment propice pour nous interroger sur le chemin parcouru et les perspectives d’avenir et vision de notre engagement pour l’enfant djiboutien». Il s’agit pour lui que c’est le moment propice pour faire le pont sur les réalisations de son gouvernement dans ce domaine et de prédire les perspectives de l’avenir en ce qui concerne l’amélioration de la situation des enfants sous nos cieux.

A l’issue de la cérémonie de cette journée, le chef de la primature Abdoulkader Kamil Mohamed, la ministre de la femme et de la famille, Mouna Osman Aden, ses collègues participant avec elle à cet événement la vice-présidente de l’UNFD, Hasna Houmed Bilil et la représentante de l’UNICEF, Melva Johnson ont distribué des bicyclettes et des tablettes, aux enfants qui ont participé à la réalisation du programme de cette journée.

Rachid Bayleh

Ils ont dit…

Abdoulkader Kamil Mohamed

Premier ministre

Des progrès ont été enregistrés au niveau de plusieurs indicateurs relatifs aux Objectifs du Développement Durable (ODD)

En ratifiant la Convention relative aux Droits des Enfants en 1991, le Gouvernement djiboutien s’est engagé à promouvoir et à protéger leurs droits en partant du postulat qu’investir dans tous les enfants permet de renforcer l’équité, la cohésion sociale et de promouvoir une société inclusive, offrant de réelles opportunités à tous pour participer effectivement au développement économique et social du pays. Dans cet esprit, notre pays a entrepris de nombreuses réformes et réalisations sur les droits des enfants qui ne se résument pas qu’aux arsenaux juridiques. Ces réformes entreprises ont engendré des investissements massifs dans tous les domaines, afin d’instaurer un environnement propice au développement et à l’épanouissement de l’enfant. Nous avons très tôt compris qu’investir dans l’enfant et lutter contre toutes les formes de privation infantile, c’est investir dans l’avenir et lutter contre la pauvreté chronique transmissible de génération en génération. La volonté politique sans cesse renouvelée du Président de la République, Son Excellence Monsieur Ismail Omar Guelleh, de maintenir l’enfant au cœur des politiques publiques guide certes nos actions.  Djibouti a fait des réalisations substantielles touchant à la situation de l’enfance et des progrès ont été enregistrés au niveau de plusieurs indicateurs relatifs aux Objectifs du Développement Durable (ODD) tels que celui de la réduction de l’extrême pauvreté, de la réalisation de l’éducation primaire universelle et de l’égalité des sexes. Nous nous réjouissons de garantir notamment l’accès à l’éducation des Enfants à Besoins Spéciaux. Nous tirons également fierté  dans cette approche inclusive de notre politique de non-discrimination et d’égalité devant l’éducation d’avoir inclus les enfants réfugiés, pour qu’aucun enfant vivant en République de DJIBOUTI ne soit en marge de la société. En matière de santé, la gratuité des soins des enfants de moins de 5 ans et l’adoption de l’assurance maladie universelle ont amélioré sensiblement la santé des enfants grâce à des investissements assurant une meilleure disponibilité des soins.  Pour qu’aucun enfant ne soit en marge, nul doute que le gouvernement avec ses partenaires internationaux et avec le concours substantiel de l’UNFD sera toujours mobilisé pour que chaque enfant puisse vivre en toute dignité et jouissance de ses droits.

Cependant, malgré les réalisations probantes soulignées par Madame la Ministre, de nombreux défis subsistent dans la prise en charge des enfants tant en terme de disparité entre les régions, les zones rurales et urbaines qu’en terme de niveau de revenus et de richesse ainsi que par rapport à l’accès et à la qualité des services. Les nouvelles politiques devraient réunir les conditions nécessaires aux différents groupes de la population, en particulier tous les enfants, filles et garçons, afin qu’ils puissent développer leurs potentiels, améliorer leurs compétences et accumuler sur le moyen et le long terme un capital humain compétitif, leur permettant de s’engager dans des activités productives à forte valeur ajoutée dans le secteur formel  La pauvreté dans ses différentes dimensions réduit significativement les chances de survie et de développement de tous les enfants et altère leurs capacités de saisir les opportunités économiques, sociales et professionnelles qui s’offriraient à eux à l’âge adulte. Le cercle vicieux de la pauvreté commence souvent par la pauvreté infantile qui nourrit la pauvreté dans son sens le plus large et qui est responsable en grande partie de la transmission intergénérationnelle de la pauvreté du fait d’un certain déterminisme social. Pour cela, investir efficacement dans les générations futures constitue une condition essentielle afin de mettre Djibouti sur une voie favorisant le développement inclusif, équitable et dépassant une vision restrictive basée essentiellement sur la croissance économique.

Le point avec …Mouna Osman Aden

Ministre de la femme et de la famille

« Bien des défis nous attendent, nous sommes appelés à construire un avenir meilleur aux générations montantes »

Les réalisations de Djibouti en faveur de ses enfants sont importantes en termes de protection juridique, de santé, d’éducation, de protection sociale et de parité du genre. Le Code de la famille adopté le 31 janvier 2002 a comblé un vide juridique inacceptable dans une société moderne. Il a procédé à l’unification des valeurs culturelles, des droits en vigueur dans le pays (droit musulman, droit coutumier et droit moderne) et du droit international régissant les différents aspects de la famille. La loi d’orientation du système éducatif garantit le droit à l’éducation à tous les enfants sans aucune discrimination et une éducation obligatoire et gratuite jusqu’à l’âge de 16 ans. Les finalités et les objectifs du système éducatif répondent aux soucis d’épanouissement et de bien-être de l’enfant. En outre, depuis une dizaine d’années, l’État a développé un système de préscolaire destiné en premier lieu aux enfants des familles défavorisées. 30 garderies communautaires ont été créées et réparties dans les localités reculées à l’intérieur du pays  La loi sur l’institutionnalisation des crèches et garderies de 2018 a complété la loi d’orientation du système éducatif djiboutien en ce sens qu’elle a pour objet  de réglementer l’ouverture et l’exploitation des structures de développement de la petite enfance et de permettre à ce que chaque enfant puisse être inscrit dans une crèche ou garderie qu’elle soit communautaire ou privée en respectant des règles strictes pour l’intérêt de nos enfants. Notons, dans ce contexte que la création de ces structures a permis, en occupant les enfants, de dégager du temps pour les mères et de permettre à celles en situation de précarité de pouvoir se former et exercer des Activités Génératrices de Revenus (AGR). La mise en place de l’Assurance Maladie Universelle (AMU) a institué un système d’assurance maladie fondé sur les principes de la solidarité nationale et du droit d’accès à la santé pour tous. Le Programme d’Assistance Sociale de Santé (PASS), orienté vers les ménages vulnérables et leurs enfants permet désormais à l’ensemble de la population, et en premier lieu les enfants, de bénéficier d’une couverture médicale de base. Toujours en matière de santé, l’enquête nationale sur les violences faites aux femmes (EVFF) de 2019 avec un focus sur les MGF constitue la première enquête spécifique qui couvre tous les aspects des violences faites aux femmes. Les résultats des analyses approfondies montrent un important recul de la pratique des MGF comparé aux années précédentes avec de moins en moins de jeunes filles et d’adolescentes ayant subi les MGF par rapport aux générations plus âgées. En outre, pour promouvoir la situation des enfants à besoins spéciaux, ils à été réalisé une école pour les enfants sourds et muets et une école pour les enfants non-voyants, créée à l’initiative du Président de la République, par le MENFOP pour éviter leur stigmatisation et leur permettre de suivre les mêmes programmes scolaires dispensés dans les écoles ordinaires. L’octroi des frais médicaux, la remise de chaises roulantes et l’aide aux familles pour l’achat de vêtements et le paiement des frais de scolarisation font partie de la panoplie des actions et programmes destinés à faciliter l’inclusion des enfants à besoins spécifiques. Ce souci d’inclusion a conduit à la réalisation d’une étude sur la situation des enfants de la rue qui a prermis de faire un diagnostic quantitatif et qualitatif sur la situation de ces enfants et d’émettre des recommandations pour mettre en œuvre un plan d’action visant à améliorer leur bien-être et la qualité de leur vie. Sur un plan pratique, le Gouvernement a d’ores et déjà octroyé au Ministère de la Femme et de la Famille un terrain pour construire un abri pour les enfants cibles des menaces de la vie dans la rue.

Permettez-moi de relever ici, avec satisfaction, que les résultats obtenus l’ont été grâce à une combinaison entre l’action de l’Etat et celle de la société civile où l’UNFD a joué un rôle de premier plan. Cependant, il ne s’agit point de se draper d’autosuffisance. Bien des défis nous attendent, en effet, et nous sommes appelés à les relever pour construire un avenir meilleur aux générations montantes. Nous sommes même déterminés, à travers la participation des enfants à la vie publique, et le Parlement des Enfants en est un témoin, à les associer à la conception de la société de demain qui leur appartiendra en priorité. En outre, les crises sanitaires, dont la dernière et la plus dévastatrice est la Covid 19, les chocs climatiques avec leurs conséquences nuisibles en terme de sécheresse sont de nature à nous inciter à travailler plus pour consolider la résilience de notre société et protéger les enfants et les jeunes.

Ces chocs et ces crises sont à l’origine de la précarisation des familles qui, dépassées par la pauvreté, seraient acculées à desserrer la protection de leurs enfants et à assumer de moins en moins leurs responsabilités. C’est ainsi que croissent l’échec et l’abandon scolaires, l’emploi dans le secteur informel et l’absence de toute protection et sécurité. Le travail que nous effectuons au Ministère de la Femme et de la Famille avec l’appui de plusieurs Départements, de la société civile et des partenaires techniques et financiers vise justement à préserver les acquis et à développer des approches innovantes qui demeureront en ligne avec nos valeurs culturelles positives.Dans ce sens, si nous avons d’ores et déjà rénové notre politique nationale de l’enfance et établi un plan de travail sur le moyen terme, nous comptons également intensifier avec tous nos partenaires les campagnes de sensibilisation pour l’encadrement sanitaire des femmes enceintes et allaitantes, la lutte contre l’abandon et le décrochage scolaires, le travail des enfants, les violences qui leur sont faites telles que les MGF, leur exploitation sexuelle et dans les circuits du travail illicite. Les efforts que nous mènerons dans ce cadre s’adresseront, conformément aux engagements de notre pays, tant aux enfants nationaux qu’aux enfants migrants et réfugiés. Il reste évidemment à reconnaître que notre action s’intégrera dans l’effort national de lutte contre les précarités et notamment la stratégie de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion socio-économique, car la marginalisation de la famille est à l’origine des comportements déviants des enfants et de leurs attitudes a sociales.

Melva Johson

Représentante de l’UNICEF à Djibouti

« Pour l’UNICEF la journée mondiale de l’enfance est une journée dédiée à l’action internationale pour les enfants, par les enfants »

« A Djibouti donc, des avancées notables sont à souligner en matière de promotion des droits de l’enfant, que cela soit autour de la santé, de l’éducation, de la protection et de la participation. Le constat est là, la situation des enfants est en progression continue, grâce à un engagement ferme à tous les niveaux.Ces avancées sont certes importantes, mais l’engagement doit se poursuivre et surtout s’accélérer pour ne laisser aucun enfant pour compte et en vue d’atteindre les objectifs de développement durable d’ici 2030.La Convention des droits de l’enfant, a incité aux gouvernements la volonté d’inclure ses principes au sein des lois et des politiques des pays et de renforcer les engagements et les investissements. Pour l’UNICEF la journée mondiale de l’enfance est une journée dédiée à l’action internationale pour les enfants, par les enfants. C’est également un moment où nous invitons, les partenaires, les acteurs du secteur économique, la société civile et les enfants et adolescents eux même à réimaginer et à réinventer l’avenir et un monde meilleur pour chaque enfant. A ce stade de mon propos, je voudrais réitérer mes sincères remerciements à tous les partenaires techniques et financiers, ainsi que les organisations de la société civile pour leurs engagements afin d’accompagner les efforts visant à faire de la promotion des droits de l’enfant à Djibouti une réalité.»