L’hôtel Kempinski a abrité hier la cérémonie d’inauguration du système de règlement automatisé de Djibouti « SYRAD ». Ce nouveau système de paiement national permet désormais d’effectuer des paiements rapides et sécurisées entre les différentes institutions financières de la place d’affaires de notre pays.
Le Premier ministre Abdoulkader Kamil Mohamed a présidé hier le lancement officiel du système de paiement national connu sous le sigle «Syrad» ou système de règlement automatisé de Djibouti. La cérémonie d’inauguration a vu la participation du ministre de l’économie et des finances Ilyas Moussa Dawaleh, du gouverneur de la Banque Centrale de Djibouti Ahmed Osman, du représentant de la Banque Mondiale, Boubacar Sid-Barry.
Plusieurs membres du gouvernement, des parlementaires, des représentants des organisations des nations unies, et les directeurs et responsables de plusieurs institutions bancaires de la place d’affaires de Djibouti ont pris part à cette journée hautement symbolique pour le monde des finances de notre pays.
Le SYRAD est un système combinant à la fois un système de règlement brut en temps réel et d’un système de télé compensation automatisé géré par la Banque Centrale de Djibouti.
Ce système, mis en service 15 juillet 2021, constitue une infrastructure de paiement qui permet d’effectuer des paiements rapides et sécurisés entre les institutions financières participantes.
Les objectifs visés par la mise en place de ce système sont de pouvoir doter le système bancaire national d’un outil efficace de prévention contre les risques systémiques, de crédit et de règlement, d’assurer la célérité des paiements et le dénouement des virements en temps réel.
Par ailleurs, ce système de paiement national permettra à notre pays de s’aligner sur les normes et standards internationaux en matière de système de paiement d’importance systémique ; notamment celles édictées par la Banque des Règlements internationaux, mais également d’assurer la compensation et le règlement efficaces et économiques de tous les paiements interbancaires, avec la capacité de gérer une croissance future du volume des paiements. Ce nouveau système posera les bases d’un écosystème de paiement national stable pour consolider la place financière de Djibouti en une place financière régionale conformément à l’ambition du gouvernement. Il contribuera également à promouvoir l’inclusion financière, renforcer le secteur des services financiers et rehausser les normes de conformité de l’industrie aux standards internationaux.
Faire de notre pays un hub financier régional. Après la lecture d’un verset du Saint Coran, la chef de service du système de paiement et directrice du projet de modernisation du système national de paiement, Fathia Mohamed Farah a effectué une présentation du SYRAD, des résultats attendus mais aussi de ceux enregistrés depuis le démarrage de ce système. Selon les explications fournies par Mme Fathia, ce système permet d’accélérer la transition vers les instruments de paiement électronique et de réduire l’utilisation systémique des chèques. Dans la série des discours officiels, le représentant de la Banque Mondial, Boubacar Sid-Barry qui s’est exprimé en premier lieu a déclaré que la réalisation du système national de paiement est transformatrice pour le système financier djiboutien étant donné qu’il s’agit du premier lancement de la technologie du Syrad avec une capacité de transfert de fonds instantanée 24h/7j/365j, et avec une mise en production sur un environnement Cloud. « L’architecture intégrée combinant des infrastructures de données hébergeant le SYRAD à la fois au niveau d’un opérateur de télécommunication et au siège social de la Banque Centrale de Djibouti, quoique dans sa phase expérimentale constitue une première dans la Corne de l’Afrique. Pour réussir ce grand chantier, nous encourageons le gouvernement à se servir des résultats du système de paiement national comme socle pour de futures activités de simplification et de digitalisation des processus dans le cadre du programme des reformes de développement du secteur financier » a-t-il déclaré.
Pour sa part, le ministre de l’économie et des finances Ilyas Moussa Dawaleh, a mis en avant l’ambition de notre pays de devenir un hub financier régional. Il a par ailleurs expliqué que ce programme s’inscrivait dans la politique globale du Président de la République, dans sa vision de faire de notre pays une place d’affaires incontournable. « Ce nouveau système permettra de dématérialiser les chèques, et offrira plus d’attractivités financières.» a-t-il ajouté
La journée s’est clôturée par la coupure du ruban symbolique par le Premier ministre et les officiels présents à cette cérémonie .
N.Kadassiya
La Parole au Premier Ministre
M. Abdoulkader Kamil Mohamed
« Pour cette DJIBOUTI de demain sur laquelle nous parions, nous avons investi et portons une attention particulière au développement harmonieux d’infrastructures modernes soutenues par la digitalisation et l’innovation technologique afin que nous soyons dans une position avantageuse en termes de compétitivité »
« Ma présence à cet événement de haute importance de lancement officiel du Système National de Paiement est très significative. Elle affirme l’importance que notre gouvernement accorde à la modernisation des infrastructures et de l’architecture financière nationale. Une importance également affirmée par la récente création d’un département ministériel chargé de l’économie numérique et de l’innovation. En nous lançant dans un vaste et ambitieux programme de modernisation économique de notre pays, le Président de la République a voulu transformer Djibouti en un hub commercial, logistique et financier capable de rivaliser avec beaucoup de pays réputés dans ces domaines. C’était le pari de gagner notre place dans cet âpre monde de compétitivité acharnée. Pour cette DJIBOUTI de demain sur laquelle nous parions, nous avons investi et portons une attention particulière au développement harmonieux d’infrastructures modernes soutenues par la digitalisation et l’innovation technologique afin que nous soyons dans une position avantageuse en termes de compétitivité.
Cependant, cette position dont nous sommes fiers ne peut s’épanouir sans la mise en place d’outils financiers performants et sécurisés offrant des garanties à tous les operateurs. Ainsi par la mise en œuvre d’un nouveau système automatisé de transfert dont il est question aujourd’hui, vous comprendrez aisément qu’il s’agit d’une avancée notable qui inscrit l’activité bancaire dans le modernisme en phase avec l’environnement mondial de l’économie numérique où les échanges et les instruments de paiement se dématérialisent obstinément. Les retombées de la mise en place de l’ATS sont bien explicitées par le Gouverneur de la Banque Centrale et je ne vais pas revenir sur ces détails mais quelques points méritent d’être soulignés. Il y a lieu de noter conformément à la vision du Président de la République, qui œuvre sans cesse à l’entente et à l’intégration économique régionale, que cette modernisation nous projette sur le chemin de l’intégration bancaire nationale mais surtout sous-régionale. Ce système ATS va énormément contribuer à promouvoir l’interconnexion aux systèmes de paiement régionaux, celui du COMESA et celui de la Zone de Libre Echange Continentale Africaine appelée ZLECAF. C’est une belle opportunité de mutualiser les paiements et de soutenir le développement des relations économiques avec l’ensemble de la région mais aussi c’est une inestimable ouverture sur le continent. L’intégration régionale stimule la croissance économique. Ces deux facteurs unis créent un environnement favorable à la stabilité et la consolidation d’une paix durable.
Au passage notre pays se sent honoré de sa réélection au Conseil de paix et de sécurité de l’Union Africaine. C’est un signe fort mérité par notre leadership et notre persévérance d’œuvrer pour la paix dans notre région tourmentée. Nous ne cesserons d’avoir foi en la paix durable et nous ne sommes pas prêts à nous départir de notre optimisme. Pour les institutions bancaires de la place, c’est la confiance du grand public qui sera renforcée dans le système économique et financier grâce aux transactions financières et commerciales fiables dans un environnement technique et juridique totalement sécurisé. Par le biais de cette confiance, l’utilisation et la circulation de la monnaie fiduciaire seront certes réduites mais sera surement favorisée l’inclusion financière de toutes les couches de la population djiboutienne. En somme après avoir engagé des reformes en profondeur qui ont permis d’ouvrir et de bâtir un secteur financier diversifié, dynamique et performant avec la présence d’une multitude d’operateurs aussi bien dans la finance conventionnelle qu’islamique, c’est une étape de grande envergure que la Banque Centrale vient de franchir dans sa stratégie de modernisation des infrastructures et de l’architecture financière nationale pour inscrire la République de Djibouti dans l’ère du temps. Le Gouvernement et le Chef de l’Etat sont volontiers pour accompagner la Banque Centrale dans sa stratégie de modernisation. »
Propos recueillis par N.Kadassiya
Il a dit …
Boubacar Sid-Barry, représentant résidant
de la Banque Mondiale à Djibouti
« Pour réussir ce grand chantier, nous encourageons le gouvernement à se servir des résultats du système de paiement national comme socle pour de futures activités de simplification et de digitalisation des processus dans le cadre du programme des reformes de développement du secteur financier »
« La préparation de ce projet a débuté en 2015 dans un contexte totalement diffèrent de celui d’aujourd’hui et il est très important pour nous tous de voir sa réalisation, et encore plus, apprécier sa nécessité et le bon choix effectué par le gouvernement il y a quelques années. Permettez –moi pour cela de féliciter le gouvernement djiboutien et l’ensemble des équipes de la Banque Centrale de Djibouti de l’Agence Nationale de Promotion des Investissements, l’ANSIE et Djibouti Télécom qui ont joué un rôle déterminant dans la réussite du projet. Pour réussir ce grand chantier, nous encourageons le gouvernement à se servir des résultats du système de paiement national comme socle pour de futures activités de simplification et de digitalisation des processus dans le cadre du programme des reformes de développement du secteur financier. Ceci nécessitera une mobilisation de ressources en vue d’élaborer de stratégies viables de digitalisation, de révision des processus internes de travail et des textes, de mise en œuvre des technologies appropriées , et de communication sur les réformes en cours. En outre , j’invite le secteur prive et les institution bancaires de Djibouti à s’inscrire dans cette nouvelle dynamique en soutenant le développement des nouvelles technologies avec les paiements digitaux , en stimulant les nouveau marches de fintech pour permettre au pays de bénéficier pleinement de son potentiel économique , et en adhérant à la dynamique de l’interopérabilité des différentes plateformes monétaires naissants à Djibouti. En conclusion, permettez-moi de vous réitérer la disponibilité de la Banque mondiale à soutenir aussi bien le secteur public que le secteur prive pour le développement d’un secteur financier solide, stable et durable à Djibouti. »