Le Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, a parrainé jeudi dernier un atelier de présentation sur les résultats de l’étude portant sur le diagnostic opérationnel, l’évaluation de performance et les perspectives d’évolution du secteur bancaire et financier à Djibouti. Organisé par le MEFI en collaboration avec l’AFD, l’événement a réuni plusieurs membres du gouvernement et des cadres des différentes administrations publiques ainsi que les partenaires techniques et financiers.

Dans le cadre de sa politique de modernisation et d’amélioration des performances du secteur bancaire et financier, le gouvernement a lancé une étude sur le secteur avec l’appui financier de l’agence française de développement.  L’étude a été réalisée par l’équipe FSI advisory du cabinet Ernst & Young Tunisie.

…Amélioration de la régulation et la supervision. Jeudi dernier, le Premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, qui a parrainé l’atelier de restitution des résultats de l’étude, a donné le ton en lançant en ouverture que le « gouvernement est fortement motivé de connaitre comment l’amélioration des points faibles peut se faire. » Il n’a pas manqué de pointer du doigt « la faible contribution des opérateurs bancaires dans le financement de la croissance qui reste un frein à notre développement ». L’occasion pour lui de souligner l’intérêt de cette étude qui permettra au gouvernement et à la Banque centrale de tirer les enseignements qui s’imposent pour améliorer «  la régulation et la supervision des secteurs bancaire et financier, qui entrent pleinement dans la stratégie gouvernementale. » 

Le ministre de l’économie et des finances, chargé de l’industrie, Ilyas Moussa Dawaleh, a souligné que cette étude s’inscrit dans le cadre de la Vision Djibouti 2035 et sa stratégie SCAPE devant doter notre pays d’une économie émergente à l’horizon 2035. De quoi attirer l’attention sur l’importance des « secteurs bancaires et financiers qui doivent permettre à l’économie et au commerce de se connecter avec le monde de la finance». Néanmoins, le ministre n’a pu s’empêcher de reconnaître les difficultés réelles qui empêchent notre secteur bancaire et financier de jouer pleinement leur rôle. C’est l’objet de cette étude qui permettra de «  dégager une feuille de route et un plan d’action après avoir bien cerné les points forts et les points faibles du secteur».

…L’épargne nationale doit irriguer l’économie. Le ministre de l’économie et des finances a réitéré son appel à une « syndication du financement de l’importation des produits pétroliers » lancé lors d’une rencontre entre les dirigeants des banques et les pouvoirs publics qu’il a dirigé. Il a par ailleurs, appelé à ce que ces opérations se multiplient afin que « l’épargne nationale puisse irriguer l’économie nationale au lieu de financer l’extérieur ». Il a vivement recommandé au secteur privé national ainsi que le parapublic de présenter des projets économiquement viables afin que leurs ressources puissent leur servir pour gravir un échelon plus élevé. Il a conclu son propos en soulignant l’intérêt de cette étude qui a servir à identifier clairement «  les obstacles techniques, institutionnels et politiques afin de doter le pays d’un secteur bancaire efficace, moderne et orienté vers l’économie nationale ».

…Vers un plan d’action et une feuille de route idoine. Cette étude propose une feuille de route ainsi qu’un plan d’action des réformes sectorielles à moyen terme sur 5 ans. La stratégie d’accompagnement du secteur bancaire djiboutien et de la banque centrale dans les aspects de contrôle et de supervision permettra de réaliser l’ambition d’un pays moderne avec un système bancaire réactif intégré et un système financier solide au service de la croissance inclusive et durable. Il faut noter qu’à ce jour, seulement 25 % de la population Djiboutienne qui ont accès à des services financiers, une meilleure exploitation du potentiel du secteur bancaire et financier pourra apporter une contribution majeure au développement économique et social ; avec un impact significatif sur la croissance et la création d’emploi, notamment grâce à la promotion de l’entrepreneuriat et du secteur privé djiboutien.

Le gouverneur de la Banque centrale de Djibouti, Ahmed Osman Ali, a dans une longue adresse mis en lumière les performances et l’évolution du secteur bancaire qui a connue une progression fulgurante depuis les dernières réformes de 2005. Il a cependant reconnu que «la contribution du secteur financier à la croissance économique demeure encore en deçà de son potentiel (…) le niveau des crédits demeure encore faible pour soutenir la croissance (…) et les produits financiers bancaires ne sont pas encore suffisamment diversifiés, notamment les produits d’épargne et de crédits. » Le gouverneur de la Banque centrale a souligné que son institution est pleinement consciente des principaux enjeux et des défis restant à surmonter  et qu’elle s’emploie à «  développer une politique monétaire plus active qu’auparavant à travers, d’une part la création de mécanismes incitatifs en faveur des emplois locaux (introduction des réserves obligatoires, limitations des placements à l’étranger, développement l’interbancaire, refinancement des banques en besoin de liquidités, etc). Tout naturellement, le gouverneur de la BCD a rejoint le MEFI pour affirmer que le temps est à l’action, à la mobilisation des ressources et de l’assistance technique nécessaire pour corriger les faiblesses et parvenir à hisser notre secteur financier à un stade de développement avancé. Concluons avec le ministre de l’économie et des finances qui a annoncé « un plan d’action détaillé » qui sera mis en place et « traduit en différentes réformes pour que le secteur bancaire et financier se modernise ».

MAS