Le palais du peuple a abrité mercredi dernier la cérémonie de lancement du Projet « Appui à l’Autonomisation de la Femme et à la Protection des droits des Femmes et des jeunes filles ». Ce projet initié grâce au soutien de l’Union européenne sera conjointement mis en œuvre  par le PNUD, l’UNICEF et l’UNFPA sous la coordination du ministère de la femme et de la famille. Le gouvernement de Djibouti  a érigé au rang de priorité l’autonomisation des  femmes et des filles vulnérables, la protection des droits des  jeunes filles, l’autonomie et la prise de décision des femmes et l’amélioration de l’accès aux services sociaux de base tel que la planification familiale.

Il a été prouvé à maintes reprises que l’autonomisation des femmes et des filles avait un effet multiplicateur et contribuait à stimuler la croissance et le développement économique dans tous les domaines.

L’investissement dans l’autonomisation économique des femmes est la voie la plus sûre vers l’égalité des sexes, l’éradication de la pauvreté et une croissance économique inclusive.

Les femmes apportent une contribution énorme à l’économie, que ce soit au sein des entreprises, dans les exploitations agricoles, comme entrepreneuses ou employées, ou par leur travail non rémunéré à la maison, où elles s’occupent de leurs familles.

Pourtant, elles restent aussi touchées de manière disproportionnée par la pauvreté, la discrimination et l’exploitation. La discrimination basée sur le genre condamne souvent les femmes à des emplois précaires et mal rémunérés et ne permet qu’à une faible minorité d’entre elles d’atteindre des postes élevés. Elle restreint également l’accès des femmes aux actifs économiques tels que les terres et les emprunts. Elle limite leur participation à l’élaboration des politiques économiques et sociales.

Et enfin, du fait que les femmes se chargent de l’essentiel des tâches ménagères, il ne leur reste souvent que peu de temps pour exploiter de nouvelles perspectives économiques.

A Djibouti, le Ministère de la Femme et de la Famille œuvre à l’autonomisation  des filles et des femmes et à leur intégration dans la sphère socio-économique. Une multitude destratégies ont été mise en place afin de doper la capacité des  femmes à créer des activités génératrices de revenus et accumuler des actifs.  Le projet que nous avons susmentionnés  vise à leur assurer à long terme des ressources suffisantes, un meilleur accès aux services de base et une amélioration de leur condition de vie sur tous les plans.

Ce projet, financé par l’Union Européenne, et mis en œuvre par le PNUD, UNICEF et  l UNFPA, a pour objectif global la réduction de la disparité de genre à travers le soutien à la mise en œuvre du programme national du Ministère de la Femme et de la Famille (MFF) en matière d’intégration du genre. Il vise à améliorer  la protection des femmes et des filles et à consolider l’autonomisation des femmes et des filles djiboutiennes et à renforcer leur résilience grâce à une approche globale qui atténuera les effets du chômage.

 Les bénéficiaires sont les femmes et les filles djiboutiennes issues de ménages précaires, en particulier celles vivant dans les 5 régions de l’intérieur du pays  (Ali Sabieh, Arta, Dikhil, Obock et Tadjourah) où le degré d’inégalité et de vulnérabilité est particulièrement élevé.

Le projet consiste en trois produits clés pour atteindre le résultat. Il s’agit d’abord  d’un programme national d’alphabétisation, des formations et un appui visant l’autonomisation économique des femmes.

Seront réhabilités, équipés et dotés de pépinières; des services de planification familiale de qualité seront disponibles et utilisés par les bénéficiaires.

Dans une allocution prononcée à l’occasion du lancement de ce projet, la ministre de la Femme et de la Famille, Mme Moumina Houmed Hassan a  rappelé que ce projet prêtera une main forte aux  programmes d’autonomisation des femmes et des filles que son département conduit ces dernières années dans la capitale et dans les régions de l’intérieur.

Il permettra à plus de femmes et des filles, souvent exclues du système financier classique, de créer des activités génératrices de revenues pour améliorer leurs quotidiens et celui  de leurs familles.

Il contribuera aussi à renforcer  les capacités des  coopératives solidaires des femmes en finançant des projets de développement locaux, comme ceux que vous venez de visionner.

De son côté l’ambassadeur de l’Union europènne à Djibouti M. Aidan O’Hara a indiqué que le développement et l’autonomisation de la femme est une préoccupation permanente de l’Union européenne. « Lors des prochaines années, nous mettrons en œuvre de nombreuses actions transversales, ciblées sur une amélioration de leurs conditions à Djibouti. Ces actions seront directement inspirées par le 3ème Plan d’action « Genre » de l’Union européenne qui couvre la période 2021- 2025. Ce plan sera la référence de l’ensemble des actions européennes pour l’atteinte de l’ODD n°5 à l’horizon 2030 à savoir Parvenir à l’égalité des sexes et autonomiser toutes les femmes et les filles. » Selon l’ambassadeur cette égalité est une valeur centrale pour l’Union européenne ainsi qu’un droit humain universellement reconnu. L’égalité des genres est aussi un facteur incontournable qui mène au progrès, à plus de bien-être, de croissance économique, de prospérité partagée, de bonne gouvernance, de paix et de sécurité. Toutes et tous, dans leurs diversités, doivent pouvoir être libres de choisir leur  vie, prospérer socialement et économiquement, participer et prendre le leadership sans discrimination.

Quant à la représentante résidente du PNUD à Djibouti, Mme Fatima Elsheikh, elle  a rappelé que ce projet s’inscrit dans les priorités nationales et dans le prolongement de partenariats antérieurs fructueux avec le ministère de la femme et de la famille. Pour la représentante résidente du PNUD, la question de l’égalité des genres est la condition nécessaire pour atteindre un développement durable

L’autonomisation des femmes est un droit humain, un devoir moral et éthique pour nous, mais pas seulement. Je crois fermement au capital des femmes dans ce pays. Ce n’est pas une coïncidence si 24% des députés sont des femmes et si la Maire de cette ville est également une femme. 

Nous sommes particulièrement heureux de joindre nos efforts à ceux du ministère de la femme et de la famille, de nos agences sœurs des Nations Unies et à l’Union européenne pour donner à cette partie fondamentale de la population les moyens d’agir, j’en suis convaincu ce pays vers une nouvelle phase de stabilité, de tolérance et de prospérité », a-t-elle conclu.

Pour la représentante adjointe de l’unicef ,  Mme Alexandra Illmer la particularité de ce projet est l’implication des adolescents et des jeunes dans le changement de comportements à travers des approches innovantes , ainsi que le renforcement du mouvement social contre les MGF avec la collaboration des acteurs sociaux influents  et ceci avec le thème de l’année 2020 lors de la journée de tolérance zero aux MGF  qui était : «investir dans les jeunes, une décennie pour accélerer les efforts vers zero MGF d’ici 2030 ».

Mme Aicha Ibrahim représentante du FNUAP a Djibouti a , de son côté rappelé les acquis en matière de promotion et de protection des droits des femmes en République de Djibouti  qui se basent sur le travail important entrepris au niveau stratégique et législatif  comme l’élaboration d’une stratégie de planification familiale, de lois sur les violences  envers les femmes  et en particulier les MGFs, d’une stratégie de développement communautaire, d’un décret instituant la création des mutuelles de développement etc..

Parmi les actions prioritaires de ce projet, il faut signaler :accompagner le MFF dans son plaidoyer auprès du Parlement pour inclure une ligne budgétaire dédié à la mise en œuvre du plan d’action national d’abandon total des MGF/E dans le budget du gouvernement,  renforcer les capacités du personnel des partenaires clés du Programme Conjoint (Ministère de la Santé, Ministère de la Justice, Ministère de l’Education l’Union Nationale des femmes djiboutiennes, l’université etc.). Il s’agit aussi d’élaborer et intégrer un module des MGF dans la matière « Science de la Vie et de la Terre», dans l’enseignement primaire, secondaire et universitaire et réaliser une Etude sur les Normes sociales et élaboration de la première stratégie de comportement sur les normes sociales visant un changement endogène.

KENEDID IBRAHIM