
La Cour des comptes de Djibouti a tenu, jeudi dernier dans ses locaux, son audience solennelle de rentrée pour l’année 2025, marquant une avancée significative dans le renforcement de son rôle juridictionnel et affirmant son rayonnement à l’échelle internationale.

La cérémonie, présidée par Mme Ismahan Mahamoud Ibrahim, première présidente de la Cour des comptes, a réuni des figures clés telles que Mme Madiba Ismaël Aouled, procureure générale auprès de la Cour des comptes, et plusieurs hauts magistrats.
Conformément à l’article 15 de la loi n°140/AN/16, la Cour des comptes se réunit en audience solennelle chaque année, au premier trimestre, pour l’ouverture de son programme annuel de contrôle, le bilan des activités de l’année passée, et les orientations stratégiques de l’année à venir. Lors de l’ouverture de la séance, Mme Ismahan Mahamoud Ibrahim a rappelé que l’année 2024 avait marqué un tournant pour la Cour des comptes, avec une accélération notable dans le traitement des dossiers et un engagement renouvelé pour la transparence et la bonne gouvernance. Grâce à l’intégration de vingt nouveaux magistrats, la Cour a pu traiter plus de 60 % des dossiers de contrôle des comptables publics en attente de jugement.
Ce succès repose sur un programme d’intégration ambitieux, combinant formation, mentorat et mise en pratique du contrôle juridictionnel.
La mobilisation des magistrats mentors et des rapporteurs principaux a été déterminante pour assurer l’opérationnalité de cette nouvelle génération de magistrats, aujourd’hui pleinement engagés dans le contrôle juridictionnel des comptes publics.

Mme Ismahan Mahamoud a également souligné le rôle clé du décret n°2020-247/PR/M, qui a permis la régularisation massive des agents comptables, facilitant ainsi la reprise des contrôles juridictionnels. Les objectifs de performance de la Cour ont été atteints grâce au soutien précieux de la Cour des comptes de France et de celle du Sénégal, qui ont partagé leur expertise et accompagné la Cour de Djibouti dans le perfectionnement du contrôle juridictionnel. Ce domaine, qui ne figure pas dans les manuels scolaires, s’apprend avant tout par la pratique et l’expérience, a-t-elle précisé.
À cette occasion, la Cour a exprimé sa gratitude à ses homologues français et sénégalais pour leur appui indispensable dans ce domaine technique et exigeant.
Un acteur clé dans la modernisation des finances publiques
En parallèle, la Cour poursuit ses efforts pour renforcer le dialogue avec les comptables publics, atteignant un taux record de dépôt des comptes de 100 % en 2024 pour les exercices de 2023.
Pour 2025, la Cour prévoit un contrôle approfondi des comptes des comptables publics couvrant les exercices 2021 à 2023, garantissant une gestion plus rigoureuse et conforme aux principes des finances publiques.
Dans le cadre de ses missions, la Cour des comptes finalise également la publication du Rapport Général Public 2022-2023, qui sera remis au Président de la République avant sa publication officielle. De plus, le Rapport sur l’exécution de la loi de finances (RELF) de 2023, déjà soumis au Parlement, évalue la conformité juridique et comptable des opérations budgétaires de l’État.
Sur la scène internationale, la Cour des comptes de Djibouti renforce son influence avec son élection à la présidence du CREFIAF, son intégration à la commission des vérificateurs externes du COMESA, et son entrée au conseil d’administration de JURISAI. Ces engagements illustrent son rôle actif dans la modernisation du contrôle des finances publiques en Afrique et dans le monde.
Dans une démarche de transformation institutionnelle, la Cour élabore actuellement son Plan stratégique 2025-2029, fruit d’une concertation avec plus d’une centaine d’acteurs stratégiques. Ce plan repose sur quatre axes principaux :
– Renforcement du contrôle juridictionnel,
– Refonte des procédures internes,
– Digitalisation,
– Réforme des normes de travail adaptées aux standards internationaux, en prélude à une réforme de la gestion des finances publiques.
Cette feuille de route ambitieuse vise à moderniser l’institution pour l’adapter aux défis d’une gouvernance publique transparente et performante.
Enfin, la Cour des comptes salue l’engagement et la compétence des femmes magistrates, qui forment la majorité des nouveaux recrutés.
À travers ces progrès, la Cour des comptes de Djibouti s’affirme comme un acteur clé dans la modernisation des finances publiques, avec une exigence accrue de transparence et de performance, au service des citoyens et des institutions.
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