Sous la présidence du chef du parlement, Mohamed Ali Houmed, la dernière séance publique de la session extraordinaire de l’assemblée nationale s’est tenue hier en présence du premier ministre, Abdoulkader Kamil Mohamed, des membres du gouvernement et de l’ensemble des parlementaires.

7 projets de lois étaient à l’ordre du jour de la séance pleinière dont le plus important est le projet de finances rectificatif de l’Etat pour l’exercice 2020. Les autres projets se rapportent notamment à un accord de fiancement portant sur la centrale électrique de Damerjog, le développement de la statistique à Djibouti, un accord portant sur le financement pour une réponse urgente contre les criquets pèlerins, les modifications en matière de procédure civile et la ratification de la charte africaine de l’éducation.

La parole à…Abdoulkarim Aden Cher

Ministre du Budget 

(( En ce jour solennel  ou je m’apprête à soumettre à votre approbation la loi des finances rectificatives 2020, permettez –moi de vous en rappeler quelques étapes sur sa conception. En effet vous n’êtes pas sans savoir que le choix du Président de la République Son Excellence Ismail Omar Guelleh a été déterminant dans la lutte contre la pandemie du Covid-19. Enfin le Président avait décidé de fermer les frontières terrestres et aériennes pour sauver des vies humaines au détriment des activités économiques. Ensuite le Chef de l’Etat a lancé un appel à la solidarité nationale. Je tiens d’ailleurs à remercier au nom du Président de la République, tous les contributeurs de la société civile, du secteur privé et de l’administration centrale pour leurs concours face à cette crise sanitaire. Je tiens egalement à saluer le courage et l’engagement des personnels de santé qui, jusqu’à aujourd’hui se trouvent au front de cette lutte. Qu’ils en soient remerciés.

C’est en effet 1,4 Milliard FD (un milliards et quatre cent millions de nos francs) qui ont été mobilisé grâce à l’action et à la solidarité de nos concitoyens et il convient toujours de le garder en mémoire cet aspect et de le souligner. Néanmoins, il convient de garder à l’esprit que les conséquences économique et financières de cette crise ont fortement impactés la planète et toucherons également l’Afrique, donc DJIBOUTI.

Après avoir répondu de manière proactive à l’urgence sanitaire, nous avons pris les dispositions nécessaires pour accompagner nos concitoyens qui ont été impactés par les mesures de confinement prises par les autorités sanitaires dans le but de juguler cette pandémie. Je tiens à ce propos à souligner l’efficacité du Ministère des Affaires Sociales et l’UNFD qui ont joué un rôle fondamental dans cette opération et qui ont su à travers un ciblage  de la population répondre de manière optimale aux personnes les plus vulnérables.

Nous avons également renforcé le partenariat public privé et nous ne pouvons que féliciter  les opérateurs privés qui ont accompagné nos actions et qui ont conservé leurs salariés en dépit d’une activité économique fortement contraignante compte tenu du contexte.

Le FMI a souligné la gravité de la crise économique et financière liés à la pandémie du COVID 19 et nous ne serons pas épargnés. Pour répondre à la crise de nombreux pays ont mis en place des plans de soutien à leurs économies sans commune mesure. Il s’agit de milliers de milliards de dollars EU qui seront injectés dans les circuits économiques afin de sauver des pans entiers de l’Economie des pays développés. Les partenaires techniques et financiers ont lancé une initiative G20 pour appuyer les économies des PMA et des Pays à revenu intermédiaire. S’il convient de saluer cette initiative, je ne puis que constater qu’elle s’avère très en deca des enjeux inhérents a cette pandémie. Là ou de nombreux pays se sont affranchis des règles monétaires et budgétaires, l’initiative du G20 plaide pour un moratoire sur la dette d’une année. Ce moratoire est d’autant plus étonnant qu’il ne concerne que les partenaires bilatéraux et non pas les partenaires multilatéraux. Les discussions sont toujours en cours pour la mise en œuvre de cette initiative

Les appuis extérieurs n’ont pas été déterminants pour nous aider à surmonter cette crise comme je l’ai mentionné ci-dessus. Je continue à penser que les efforts de la communauté internationale ne sont pas à la hauteur des enjeux de l’Afrique.

 En dépit de l’impact du COVID 189 et des manques a gagner fiscaux, l’Etat à continué a assumer ses engagements intérieurs mais aussi les engagements extérieurs à travers la dette que nous continuons à honorer auprès des partenaires  multilatéraux.

La pandémie du COVID 19 a mis en exergue la nécessité de renforcer les reformes de l ‘Etat pour plusieurs  domaines notamment la gouvernance, la politique de fiscalité, le dialogue public/privé, la rationalisation des dépenses de l’Etat, pour ne citer que celles-là. Ceci dit nous comptons également moderniser la conception du Budget de l’Etat de manière à répondre efficacement aux objectifs de développement de notre pays notamment dans le long terme.

A la différence de la budgétisation basée sur les moyens qui était appliquée depuis toujours, l’année 2020 consacrera le basculement en mode budget programme. Une nouvelle approche qui privilégie un cadre programmatique pluriannuel associé à des objectifs, en vue d’atteindre des résultats mesurables par des indicateurs de performances annuels qui incluent la responsabilisation des acteurs et le renforcement du contrôle.

Nous comptons également procédé à la modernisation et au renforcement des compétences dans l’administration des impôts et de la Douane, notamment dans la dématérialisation des procédures. L’objectif étant d’élargir l’assiette fiscale.

Autant de reformes que nous comptons engager dans les deux années à venir, et qui je n’en doute pas, auront un impact positif sur le budget national, mais aussi sur les administrés et les contribuables.

Ce projet de loi met l’accent sur les efforts entrepris par le Gouvernement  afin de répondre à la pandémie mais aussi sur les perspectives de relance de notre économie Nous avons certes une diminution de nos projections des recettes fiscales et nous avons du réduire le train de dépenses de l’Etat. Il s’agit d’une réduction de 10 milliards de francs Djibouti – dont un milliards  francs Djibouti en dépenses de fonctionnement, de 4 milliards de francs Djibouti d’investissement reportés et de 5 milliards de francs Djibouti pour le service de la dette qui sera reportés sur les prochaines années.

Nous avons ainsi décidé de réduire les dépenses de fonctionnement de tous les ministères. Au moment ou nous avons décidé de mettre à contribution tous nos concitoyens, il était nécessaire que les ministères sectoriels participent à l’effort collectif. Ce sont des mesures difficiles, à la hauteur des problématiques qui sont les nôtres et a laquelle nous avons du répondre.))