Ce n’est plus une simple étape de rapprochement diplomatique. La visite officielle du président Abdel Fattah Al-Sissi à Djibouti marque l’avènement d’une dynamique nouvelle, portée par une vision commune : celle d’un partenariat équilibré, bâti sur des intérêts convergents, une même quête de stabilité régionale, et une ambition partagée d’autonomie stratégique face aux influences extérieures.  

Certains observateurs peinent à le comprendre, mais cette relation ne doit rien au hasard ou aux circonstances. Elle s’ancre dans une logique de long terme. Djibouti et l’Égypte partagent une même manière de voir le monde : celle d’un Sud global qui refuse désormais de rester spectateur des équilibres internationaux, mais entend bien en être un acteur clé.  

Djibouti représente pour l’Égypte une porte d’entrée stratégique vers l’Afrique orientale, un corridor logistique sécurisé, une plateforme solide de dialogue interrégional. En retour, l’Égypte apporte son influence diplomatique, sa capacité de projection, et l’expérience d’un État centralisé, capable d’offrir des garanties dans un environnement souvent imprévisible.  

Le soutien égyptien ne se résume pas à des déclarations d’intention. Formation religieuse, assistance médicale, renforcement des institutions bancaires… Ce sont des engagements concrets, qui transforment le quotidien des djiboutiens . À la différence d’autres puissances qui privilégient les effets d’annonce, Le Caire agit avec méthode, sous le regard attentif des autorités djiboutiennes, déterminées à préserver leur modèle et leur souveraineté.  

À travers des projets comme la centrale solaire d’Omar Jagah ou l’extension du port de Doraleh, c’est une véritable diplomatie du co-développement qui prend forme. Ici, point de domination. Une synergie. Point de dépendance. Une complémentarité.  

Dans une région secouée par les contrecoups du conflit soudanais, les résurgences terroristes en Somalie, et les ambitions à peine voilées de certains acteurs étrangers, Djibouti et l’Égypte émergent comme des piliers de stabilité. Non par posture, mais par responsabilité.  

La Corne de l’Afrique a trop longtemps été le terrain de jeu des ingérences étrangères. Aujourd’hui, deux États prennent les choses en main. Ils se concertent, défendent ensemble les intérêts régionaux, et agissent, y compris au sein du Conseil des États riverains de la mer Rouge, pour une gouvernance collective des voies maritimes.  

Politiquement, leur réaffirmation de soutien au peuple palestinien n’est pas une simple formule protocolaire : c’est un geste politique fort. Elle démontre que les voix de Djibouti et de l’Égypte résonnent, ensemble, dans les instances arabes comme africaines. Face aux bouleversements géopolitiques du Moyen-Orient, ce message d’unité est stratégique. Il trace une ligne claire dans un monde en mutation.  

Or, ce partenariat n’est pas un pari. C’est une construction solide. Il repose sur des fondations durables : des intérêts convergents, des moyens complémentaires, et une volonté politique affirmée. Loin des alliances de convenance, cette relation s’ancre dans le réel, se vérifie dans les actes, et s’inscrit dans la durée.  

Par ailleurs, cette orientation diplomatique, Djibouti la doit au leadership éclairé et constant du président Ismaïl Omar Guelleh. Fidèle à sa vision d’une souveraineté assumée et de partenariats équilibrés, le chef de l’État a tracé une voie claire : être au cœur des dynamiques régionales sans s’y perdre, nouer des alliances sans renoncer à son autonomie, accueillir les puissances sans jamais tomber dans la dépendance. Sous son impulsion, Djibouti ne subit plus la géopolitique ; il la façonne avec intelligence, prudence et fermeté. L’accord stratégique avec l’Égypte, loin d’être une rupture, s’inscrit dans cette continuité maîtrisée.  

Enfin, fidèle à sa tradition d’ouverture, Djibouti poursuit sa stratégie : rester au centre, jamais en marge ; s’allier, jamais se soumettre ; construire, mais toujours selon ses propres termes. Ce partenariat avec l’Égypte n’y déroge pas. Bien au contraire, il en est la plus éclatante illustration.

Moustapha Djama