Alors que des maladies infectieuses que l’on croyait contrôlées, telles que la tuberculose, la rougeole, le choléra, la coqueluche reviennent au premier plan des préoccupations de santé publique dans le monde et particulièrement à Djibouti. On assiste parallèlement à l’émergence d’agents pathogènes nouveaux, responsables d’épidémies parfois meurtrières : virus de la dengue, Chikungunya, virus Ebola, Escherichia coli entérohémorragique, etc.
Il est vrai qu’à Djibouti, nous ne connaissons que certains virus mineurs du point de vue de la virulence. Mais d’autres virus plus dangereux que la dingue ou le chikungunya frappent à nos portes. Le virus Ebola a déjà été identifié chez un voyageur chinois dans un aéroport de Nairobi. De nombreux chercheurs prédisent que les virus restent « les derniers prédateurs des humains » sur la terre et qu’ils auront raison de nos technologies et de nos savoirs puisqu’ils s’adaptent à nous. Ils s’adaptent à nos médecines et à nos environnements.
Les bouleversements de l’environnement, naturels ou provoqués, les changements démographiques et sociaux, la dégradation des milieux de vie et d’hygiène des populations et le recours inadapté à l’antibiothérapie concourent à l’émergence de ces maladies.
Nous assistons ces derniers mois à une épidémie de fièvre inexpliquée qui a terrassé toutes les couches sociales des populations djiboutiennes. S’agit-il d’une grippe quelconque, d’une fièvre Dingue, d’une fièvre Chigungunya ???
Face à cette situation épidémiologique fluctuante, il est fondamental de disposer des moyens de détection, de surveillance, d’évaluation et de lutte nécessaires à une estimation fiable des probabilités de survenue d’une maladie de nature épidémique et à une gestion cohérente et adaptée du risque infectieux. Ce travail est dévolu à l’Institut National de santé Publique (INSPD) et son bras armé, la cellule de veille sanitaire.
Il est plus primordial d’identifier, de cartographier et de réaliser l’épidémiologie de toutes ces fièvres récurrentes qui sévissent pendant les périodes de fraicheurs à Djibouti.
La fièvre dingue
La fièvre dingue est une maladie virale transmise à l’homme par un moustique femelle infecté de l’espèce Aedes aegypti ou Aedes albopictus. Ce moustique, qui sévit souvent la journée, transmet aussi d’autres maladies encore plus redoutables comme le Chikungunya, la fièvre jaune ou le virus Zika responsable de malformation fœtale chez les femmes enceintes.
Après une incubation d’une semaine, le moustique peut transmettre le virus tout le reste de sa vie. L’être humain infecté quant à lui, malade ou sain, permet la prolifération du virus car il sert de source de contamination pour les moustiques qui ne sont pas infectés. Les sujets infectés par le virus de la dingue peuvent transmettre l’infection pendant 4 à 12 jours.
La fièvre dingue est suspectée devant une forte fièvre de 40c accompagnée de maux de têtes intenses, de douleurs rétro-orbitaires (dans les yeux), de douleurs articulaires et de douleurs musculaires intenses qui donnent parfois l’impression d’une impotence fonctionnelle (difficulté de se mouvoir et de se mettre débout), des nausées, vomissements.
La dingue est une maladie qui est parfois mortelle surtout pour les enfants en bas âge et pour les personnes âgées. Les signes d’alerte sont :
– Des vomissements incoercibles associés à une déshydratation
– Une hyperventilation
– Des saignements des muqueuses
– Une agitation
Face à la fièvre dingue, la prise en charge doit être effectuée par un professionnel de santé expérimenté. La prise en charge touche la fièvre, la douleur, la réhydratation et la gestion d’éventuelles complications. Pour la fièvre et la douleur, on va utiliser du paracétamol sous forme orale, suppositoire ou injectable selon l’état du patient et l’âge du patient.
L’ibuprofène est utilisé chez les enfants de plus de 6 mois. Il peut être accompagné d’un enveloppement froid.
Il est formellement interdit de donner le bain à une personne fébrile, surtout un enfant.
La réhydratation par voie orale ou intraveineuse sera faite pour maintenir les volumes liquidiens surtout dans le cas d’une fièvre dingue sévère.
Devant les signes d’alerte, l’hospitalisation dans un milieu adéquat est souvent privilégiée.
La prévention contre la fièvre dingue existe. Elle passe par la vaccination des personnes âgées (vaccin de Sanofi Pasteur). Pour le reste, la seule méthode pour prévenir ou combattre la transmission du virus consiste à lutter contre les moustiques.
La lutte contre les vecteurs de cette maladie destructrice passe par l’amélioration de l’hygiène collective, de la promotion d’un environnement sain.
Il s’agit de :
– Eviter que les moustiques n’aient accès aux gites larvaires par un assainissement de l’environnement
– Eliminer correctement les déchets solides
– Couvrir, vider et nettoyer les conteneurs pour la conservation de l’eau domestique
– Utiliser des moustiquaires imprégnées d’insecticides
– Améliorer la mobilisation des communautés pour la lutte vectorielle, c’est-à-dire la lutte des moustiques. C’est à la population de s’organiser et de se prendre en charge d’abord puis l’aide viendra. Pas l’inverse !!!
– Mobiliser constamment la cellule de veille sanitaire de l’INSPD.