J’aborde dans cette livraison du jeudi un thème qui ne concerne pas la pédiatrie mais qui m’interpelle au quotidien. Il n’est pas rare de voir ces derniers temps un membre de la famille ou un ami ou une connaissance se faire hospitaliser ou au pire décéder d’un mal mystérieux. Ce mal mystérieux touchait auparavant les personnes âgées. Il concerne actuellement les jeunes (en général la quarantaine) actifs, cadres et surtout stressés. Ce mal mystérieux se dénomme parfois hypertension artérielle, parfois accident vasculaire cérébrale, parfois infarctus du myocarde. Il décime nos jeunes, les forces vives de la nation. Il a pour cause ceux qu’on appelle pudiquement « facteurs de risques vasculaires ».
Un facteur de risque est un élément clinique ou biologique dont la présence ou l’augmentation majorent statistiquement la morbidité (survenue d’une maladie) et la mortalité cardiovasculaire (survenue d’un décès). C’est une des causes de la pathologie cardiovasculaire.
La prévention cardiovasculaire consiste à supprimer ou à baisser le plus possible tous les facteurs de risque pour diminuer le risque de survenue d’une maladie cardiovasculaire.
Cette prévention cardiovasculaire doit s’appliquer à chacun (prévention individuelle) mais aussi à l’ensemble de la population (prévention collective).
Ces facteurs de risques sont des marqueurs de la « vie citadine ». Ils sont souvent présents chez les personnes vivantes en ville et sont rares en campagne.
Il y a deux types de facteurs de risques. Les facteurs de risques cardiovasculaires modifiables et les facteurs de risques non modifiables. Ces facteurs ont été identifiés et reconnus à la suite des nombreuses études scientifiques de part le monde. A Djibouti, aucune étude n’a été menée à terme. Des ébauches existent dans les cartons.
Les facteurs de risques non modifiables
L’âge : ce risque est élevé pour les personnes de plus de 50 ans. Apparemment à Djibouti, les gens sont touchés plus précocement.
L’hérédité : les personnes concernées ont des antécédents familiaux des maladies cardiovasculaires.
Les facteurs de risques modifiables
Le tabagisme et accessoirement le khat : ils accroissent les lésions des vaisseaux. Le risque est calculé en paquets années.
Les maladies : certaines maladies font bondir le risque d’avoir une maladie cardiovasculaire. Il s’agit de l’hypertension artérielle, les troubles lipidiques, le diabète, etc.
La sédentarité : c’est un facteur de risque important car il peut aggraver d’autres facteurs de risques comme l’HTA et le diabète. Ici, à Djibouti nous sommes les champions de la sédentarité avec les séances de khat.
Une alimentation non équilibrée riche en sel, en glucides et en graisses animales.
Le stress : il est très important à Djibouti. Il peut aussi aggraver d’autres facteurs comme l’HTA et le diabète.
A Djibouti, une personne peut cumuler en une seule journée tous ces facteurs de risques et ceci sur une période plus ou moins longue. Sur son lieu de travail (stress) et à son alimentation déséquilibrée en passant par les séances de khat tabac ou chicha, un sédentaire cadre de l’Administration a pulvérisé le record de collection des facteurs de risques cardiovasculaires.
La prévention est d’abord individuelle. Elle doit supprimer ou limiter les facteurs de risque modifiables. Ceci passe par la suppression du tabac, du khat, du respect des mesures hygiéno-diététiques et la pratique régulière du sport.