Après la fièvre Chikungunya, voilà que notre pays est confronté en l’espace de 3 mois à une autre épidémie. Elle est aussi redoutable que la dernière et elle demande la même rigueur et la même détermination pour la combattre. Il s’agit du paludisme.

Cette pathologie infectieuse parasitaire est due à un parasite protozoaire et hématozoaire appelé Plasmodium. Le parasite en cause est sub-divisé en plusieurs souches (Plasmodium falciparum, plasmodium vivax, Plasmodium ovale etc..). Tous ces Plasmodium sont présents à Djibouti et ils sont tous dangereux.

ALLÔ-DOCTEUR

Notre pays a toujours connu le paludisme, mais par de petits épisodes sporadiques de quelques mois dans l’année. Il y a même eu des années ou l’infection est passée inaperçue.

Mais voilà, le changement climatique est bien là. Djibouti a connu cette année une pluviométrie assez exceptionnelle. Ceci a pour conséquence directe l’apparition d’une nouvelle infection, le Chikungunya et l’installation de façon durable dans le paysage sanitaire du paludisme.

Les pays de l’Afrique de l’ouest et de l’Afrique centrale connaissent bien cette maladie. Ils ont appris à le connaitre, à l’étudier, à se méfier, à l’apprivoiser, à le prévenir et à le combattre. A nous Djiboutiens, de faire la même démarche.

Comme je l’ai mentionné dans cette rubrique il y a quelques semaines, le paludisme engendre les mêmes symptômes quelque soit les types de plasmodium. Il est suspecté devant une fièvre assez élevée, persistante et souvent en plateau, des frissons. Ici, il y a lieu de souligner un fait qui attire l’attention des médecins et qui permette d’orienter le diagnostic. Le patient présente une alternance de périodes de frissons (le patient a froid) et de fièvre (le patient a chaud).

On note également des céphalées, des courbatures généralisées, des nausées, des vomissements, une anorexie etc.. Les enfants présentent souvent des convulsions fébriles voire une somnolence ou une altération de la conscience.

Les formes de plasmodium falciparum donnent volontiers des formes graves ou des complications comme le neuropaludisme. Les médecins le redoute énormément. C’est la forme la plus sévère et la plus létale du paludisme. C’est la conséquence directe d’un retard de diagnostic. C’est pourquoi que je suis partisan d’un traitement offensif voire préventif du paludisme surtout chez les enfants, les femmes enceintes et allaitantes et les personnes âgées. Il faut mieux traiter par excès un patient que par défaut.

Les formes de plasmodium vivax et ovale donnent eux des formes qui reviennent souvent. On parle d’accès de reviviscence. Ici, il y a lieu d’ajouter au traitement habituel du paludisme, la Primaquine.

Le traitement est gratuit à Djibouti. Il est disponible dans tous les centres de santé. La prévention est essentielle dans l’arsenal thérapeutique du paludisme. Dans le cadre de la prévention individuelle et à coté des moustiquaires imprégnés, il faudra désormais mettre sur la table la chimioprophylaxie des populations cibles (enfants et femmes enceintes).

Concernant la prévention collective, nous n’allons jamais exterminer les moustiques par des pulvérisations spatiales. Il faut plutôt lutter contre l’éclosion et  la pullulation des moustiques.

Le paludisme est un problème de santé publique. Le problème est qu’il n’est pas une maladie comme une autre. Des nouvelles stratégies de prévention et de traitement doivent être mis en place.