Nous avons vu dans la première partie de ce thème que la malnutrition peut annihiler la croissance physique et cérébrale du nourrisson et du jeune enfant.

Comment reconnaître la malnutrition ?

Sur le plan clinique, on distingue une malnutrition aiguée et une malnutrition chronique. La malnutrition aiguée est encore divisée en une malnutrition aiguée modérée et une malnutrition aiguée sévère. Idem pour la malnutrition chronique.

Les médecins se concentrent plus sur la malnutrition aiguée parce qu’elle entraine immédiatement le décès. On pense volontiers qu’en absence de traitement adéquat, le nourrisson, malnutri sévèrement, a plus de 50% de chance de décéder. Ceux qui survivent, malgré l’absence de traitement, rentrent plus tard dans la case de la malnutrition chronique.

Les enfants qui ont une malnutrition chronique sont grosso modo de petite taille, maigre et tombent souvent malade par rapport à la moyenne. Mais, le nœud du problème est au niveau cérébral puisque ces enfants auront un QI très faible.

Les enfants qui souffrent d’une malnutrition aiguée ont un rapport poids sur taille très faible. Les médecins utilisent des courbes « Z score » pour les classer en fonction de leur gravité. Certains auront une perlèche, une langue dépapillée, des cheveux décolorés, parfois un œdème des membres inférieurs, une très faible circonférence du milieu du bras (périmètre brachial).

Le souci est que l’enfant n’a pas seulement une malnutrition. La malnutrition fait le lieu des principales maladies de l’enfant. Egalement, le retard ou l’absence de traitement d’un enfant malade peut entrainer une malnutrition.

Les causes de la malnutrition

Il est important de comprendre les causes de la malnutrition pour apprécier l’ampleur et la profondeur du problème.

Causes immédiates. C’est essentiellement l’inadéquation entre l’apport alimentaire et l’état sanitaire de la personne. Leur interaction tend à créer un cercle vicieux : l’enfant malnutri résiste moins bien à la maladie, il tombe malade et, de ce fait, la malnutrition empire.

Causes sous-jacentes. Il s’agit souvent de la faiblesse de la quantité et/ou la qualité de la ration alimentaire, de l’insécurité des ménages et surtout de l’insuffisance des services de santé et de l’assainissement, de la mauvaise qualité des soins apportés aux enfants et aux femmes enceintes.

Causes fondamentales. On regroupe ici toutes les causes qui relèvent de la communauté. Il s’agit des facteurs politiques (les politiques publiques de santé ou sociales), juridiques, culturels voire coutumiers. A Djibouti, nous avons beaucoup de barrières socio-culturelles qui entravent régulièrement la croissance des enfants en bas âge. Beaucoup de préjugés existent concernant l’alimentation du nourrisson et du jeune enfant. Enormément des jeunes mères se font mal conseillées. Je donne seulement deux exemples. L’utilisation d’un lait non adapté en fonction de l’âge d’un nourrisson. On déconseille souvent aux jeunes mères de donner du jus d’orange pressé à un nourrisson au motif qu’il donnerait la diarrhée.

Le traitement et la prévention de la malnutrition

Tout enfant malnutri doit être suivi par un médecin spécialiste. La malnutrition sévère avec des complications relève de l’hospitalisation. La prise en charge de toutes les autres formes de malnutrition se fait dans les centres de santé.

La prévention de la malnutrition est vitale. Elle concerne les causes de la malnutrition.

Toutefois, il est nécessaire de suivre la courbe de croissance des enfants sains, de correctement vacciner les nourrissons, d’encourager l’allaitement maternel et la diversification alimentaire, de ne jamais retarder la consultation d’un enfant malade.