Dans une déclaration télévisée faite vendredi dernier, le procureur général, Djama Souleiman Ali, s’est exprimé sur l’affaire Fouad Youssouf Ali, ex-lieutenant de l’armée de l’air djiboutienne, « incarcéré depuis le 22 avril 2020 à la prison centrale de Gabode ».

Lors de son point de presse, le procureur général a d’abord fait un rappel des faits et de la procédure avant d’évoquer les conditions réelles de sa détention qui, rappelons-le, font l’objet d’un tapage grossier sur les réseaux sociaux ces derniers temps.

M. Djama Souleiman Ali a d’emblée précisé que « M. Fouad Youssouf Ali, né le 29 octobre 1983 à Djibouti, militaire et lieutenant de l’armée de l’air, a décidé le 15 mars 2020 de soustraire frauduleusement un avion de l’armée de l’air pour se rendre en Erythrée ». « L’ex-lieutenant Fouad Youssouf Ali, pilote, n’a pas pu faire décoller l’avion », a indiqué le procureur général avant d’ajouter qu’« après plusieurs manœuvres, l’avion a percuté un autre aéronef de l’armée de l’air et s’est écrasé contre un mur ».

Selon M. Djama Souleiman, l’ex-lieutenant a pris la fuite avant de réapparaitre sur les réseaux sociaux en tenue militaire et proférant des menaces contre sa hiérarchie.

Suite à une plainte déposée par le chef de corps de l’armée de l’air contre l’ex-officier, la procureure de la République, par réquisitoire introductif en date du 9 avril 2020, a décidé l’ouverture d’une information judiciaire pour « tentative de vol d’un aéronef militaire, destruction, relation avec une puissance étrangère hostile, en l’occurrence l’Erythrée ».

Parmi les autres chefs d’accusation retenus à son encontre, figurent également la « publication et la profération de paroles portant atteinte à la défense nationale ».

En exécution de la commission rogatoire internationale et du mandat d’arrêt international, « les autorités judiciaires éthiopiennes ont arrêté M. Fouad Youssouf Ali et l’on extradé vers Djibouti le 20 avril 2020 ».

Présenté le 22 avril 2020 devant le juge d’instruction, M. Fouad Youssouf a été « inculpé et placé en détention provisoire le jour même à la prison centrale de Gabode ».

Rappelant que Fouad Youssouf Ali est assisté depuis le premier jour de son arrestation par maitre Zakaria, le procureur général a mis l’accent sur « l’extrême gravité des charges qui pèsent sur l’ex-officier ». « Parmi les différentes infractions reprochées à l’inculpé, je veux souligner le crime de trahison qui est défini par l’article 132 du code pénal par le fait d’être commis par un Djiboutien ou un militaire au service de la République », a-t-il précisé. Le procureur général a ajouté à cet effet que « l’article 133 du code pénal définit la trahison comme un crime et souligne que le fait de collaborer avec une puissance étrangère est passible d’une peine de réclusion criminelle à perpétuité ».

Evoquant les conditions de détention de l’ex-lieutenant, le procureur Djama Souleiman Ali a souligné que ce dernier est « détenu dans une prison civile ». Et de renchérir qu’« il n’y a ni juridiction d’exception ni juridiction militaire à Djibouti ».

Continuant sur sa lancée, le procureur général a estimé que les conditions de détention de M. Fouad Youssouf sont celles de la prison de Djibouti.

« Je comprends que la vidéo diffusée dans les réseaux sociaux ait pu susciter certaines réactions même si M. Fouad, a regretté le procureur général, n’a pas filmé entièrement la cellule mais juste les latrines ».

M. Djama Souleiman Ali a rappelé à cet effet que « les cellules dites « 12 » sont des cellules individuelles avec une cour et qu’il passe le plus clair de son temps dans sa cour individuelle, à l’écart des autres cellules où il y a plusieurs détenus ».

Le procureur général a également rappelé que « le détenu Fouad reçoit tous les jours trois repas de l’extérieur, de sa famille, et qu’il lui est permis de circuler librement au sein de la prison ».

Le procureur Djama Souleiman a par ailleurs déclaré que le « ministre de la Justice a diligenté une enquête administrative sur les conditions où cette vidéo a été enregistrée et sur les conditions de détention de M. Fouad et des autres détenus ».

« Le ministre de la Justice a aussi suspendu le directeur de la prison en attendant les résultats de l’enquête », a-t-il dit.

Le procureur général a expliqué que la « république de Djibouti respecte la dignité de la personne humaine ». Et d’annoncer la « construction d’une nouvelle prison pour remplacer la prison de Gabode qui a été construite à l’époque coloniale ».

« Depuis l’année dernière, un terrain a été attribué à cet effet au Pk 53 et le chef de l’Etat a ordonné la construction de la nouvelle prison sur financement du budget national », a-t-il enfin indiqué.

Source : ADI