Figure emblématique de la culture et notamment de la littérature d’expression ”Somal”, Mohamed Abdillahi Rirach, écrivain, poète, présentateur et producteur de plusieurs émissions culturelles à la RTD, s’est éteint dans la nuit du 1er au 2 décembre 2024 à Hargeysa, laissant derrière lui un héritage culturel inestimable. Sa dépouille a été enterrée le lundi matin, à Gabiley, dans sa région natale. Hommage à un homme qui a consacré sa vie aux recherches et à la promotion de la culture de la communauté somalienne d’Afrique de l’Est.  

Mohamed Abdillahi Rirach est né en 1945 à Gabiley, dans l’ancien protectorat britannique du Somaliland. Très tôt, il se distingue par sa soif de savoir. Après avoir appris le Coran dans son village natal, il poursuit ses études en arabe et en anglais à Hargeisa avant de rejoindre Mogadiscio pour des études universitaires. Il parachève sa formation en Angleterre, un parcours académique qui lui confère une vision universelle et une maîtrise approfondie de l’histoire et de la littérature somaliennes.

Mais Rirach ne se limite pas à la théorie. En 1972, il répond à l’appel du service national de l’ex République Démocratique de Somalie et enseigne dans une école primaire à Burao. Une période au cours de laquelle, il rejoint un mouvement littéraire contestataire, formé par les célèbres grands auteurs, poètes et compositeurs Mohamed Ibrahim Warsama alias Hadrawi, Mohamed Hachi Damah ‘‘Gaariye’’, Abdi Aden ‘‘Qays’’, Hassan Elmi…etc, et prend part à la célèbre chaîne poétique ‘‘Siinley’’. Ce premier engagement marque le début d’une vie dédiée à la culture et notamment au verbe ‘‘Somal’’.

En 1982, Mohamed Abdillahi Rirach s’installe à Djibouti où il intègre la RTD (Radio-Télévision de Djibouti). Producteur et présentateur, il devient rapidement célèbre dans la région de la Corne d’Afrique, grâce à ses émissions culturelles “SIRTA EREYGA” et “TIXMAAL”. Deux programmes qui explorent les trésors de la littérature somalienne et qui étaient très suivis à l’époque. Historien et chercheur, spécialiste de la poésie orale traditionnelle, il publie plusieurs articles dans des revues scientifiques internationales. En 1988, il se penche sur l’élevage du chameau et notamment sa place dans les chants et la poésie de la communauté somalienne et publie les travaux de sa recherche, dans le journal du Centre d’études africaines de l’Université de l’État du Michigan des Etats Unis d’Amériques. Dans la même année, il s’intéresse à l’histoire de la Corne de l’Afrique et signe un article intitulé “Les effets des bouleversements du XVIe siècle”.

Treize années plus tard, en 2001, il publie dans la revue « Actes du Congrès international d’études somaliennes de l’EASS/SSIA : Variations sur le thème de la ‘‘Somalitude’’ une analyse intitulée « La genèse de la crise somalienne telle qu’elle se reflète dans la poésie orale somalienne des années 1960 et 1970 », où il décortique les poésies diffusées par Radio Hargeisa et Radio Mogadiscio dans les années 1960 et 1970, dégageant les discours politiques qu’elles véhiculent.

Au-delà de sa passion pour la culture et son amour du verbe, le défunt était un homme très respecté pour sa modestie. Écrivain, mais également poète et journaliste, Mohamed Abdillahi Rirach a laissé une empreinte indélébile dans le paysage culturel de la communauté somalienne, devenant une référence incontournable pour les passionnés du domaine.

Décédé dans la nuit du 1er au 2 décembre 2024 à Hargeisa, il a été enterré le lundi dernier, à Gabiley, dans sa ville natale.

Sa disparition laisse un vide immense dans le secteur de la culture, mais son héritage pour les générations futures, continuera de vivre à travers ses écrits et ses émissions.

Mohamed Abdillahi Rirach restera dans les cœurs de tous ceux qui l’ont connu, comme un pilier de la culture ‘‘Somal’’.

RACHID BAYLEH