Les 48 assises de la presse francophone se sont déroulées  du 18 au 22 novembre 2019 à Yaoundé. Elles ont eu pour thème : ” Journalisme d’information, journalisme d’émotion ?” Les participants  regroupés en atelier  ont planché  sur plusieurs  questions  comme : ” l’émotion  dans les médias, frein ou atout  pour l’information.” Ou par exemple le numérique  favorise t-il l’emojournalisme ? Comment  séparer les faits du commentaire ? Quelles sont les conséquences  quand  la recherche  de l’émotion  transforme les faits ? A cette  occasion  nous vous dressons les portraits  de deux participants atypiques. Il s’agit de Roger Juillerat, journaliste suisse à la retraite qui participe à ces assises  depuis 1988, et d’un jeune  étudiant en journalisme à Yaoundé qui est  non-voyant mais qui a surmonté son handicap. Portraits croisés de ces deux  participants atypiques.

Roger Juillerat, qui  a fêté ses 70 ans le 17 novembre  dernier, a  travaillé  au Journal  suisse  “L’Impartial”, à La Chaux-de-fonds, au Journal d’ Yverdon, dans le canton de Vaud, à 24 Heures puis Le Matin, du groupe Edipresse, à Lausanne et enfin à La Région, canton de Vaud aussi.  Il participe aux Assises de L’UPF depuis 1988.  Selon lui ces dernières ont toujours des thèmes intéressants et des débats constructifs tel que celui de cette année à Yaoundé, au Cameroun, Journalisme d’émotion, journalisme d’information? Ces assises sont aussi enrichissantes car elles permettent de retrouver les confrères de plusieurs pays, dont l’Afrique  qu’il aime beaucoup.

Avec sa camera en bandoulière, Roger Juillerat  ne passe pas inaperçu à chaque assises de l’UPF. ” J’essaie  d’immortaliser cet événement car je fais plusieurs  centaines  de photos  durant chaque assise”. Son souhait  est de visiter  notre pays un jour et pourquoi  pas à l’occasion de ces mêmes rencontres  qui pourraient  se tenir sur notre sol. Bonne chance  l’ami.

Il est camerounais. Il  est né le 29 mai 1993 à  Mband Jock  dans le département de la  haute sanaga,  région du Centre  Cameroun . Il  s’appelle  Lind Jeck  Lilid Jeck. Il est actuellement étudiant non-voyant  en journalisme 3eme année   à l’ESSTIC (école supérieure des sciences et techniques de l’information et de la communication) à Yaoundé. Ses parents sont voyants c’est à dire valides et n’ont pas de problème visuel. Lui même à sa naissance était voyant.il a perdu la vue  durant  sa tendre enfance exactement à l’âge de 4 ans période pendant laquelle  il commence à avoir des problèmes visuels très atroces et sa visibilité se dégrade au fur et à mesure jusqu’à la perte de sa vue alors qu’il avait 7 ans. Son père, qui travaillait à  la société  sucrière  du Cameroun, est informé que les enfants non-voyants peuvent aller à l’école et fréquenter  mais pas dans une école ordinaire d’où son parcours primaire spécial. Il partira de son MBANDJOCK natal pour se faire inscrire dans une école nommée «Promhandicam »  (Promotion des handicapés du Cameroun) .

Le but de cette école est de le former en braille qui a duré 1  an. et le rééduquer. Il débute l’école primaire en 2001, et cinq ans après toujours dans la même  école  il obtient le CEP (Certificat d’études primaires). En suite il sera  inscrit en  2006  au collège de la retraite à Yaoundé, un établissement ordinaire. Mais il sera frappé par un drame notamment la mort de sa mère. Malgré ce malheur, il a décroché son BEPC en 2010 et le baccalauréat en 2014. Après le baccalauréat, il choisit de faire Lettres Modernes Françaises à l’Université de Yaoundé  à  la faculté des Arts lettres et sciences humaines. Ensuite il entame une formation en journalisme. Toujours  Passionné du journalisme, il se présente au concours de l’ESSTIC  et sera admis en 2017 et est en formation en journalisme jusqu’à nos jours. Il travaille essentiellement avec une machine et une tablette pour braille.

Il fait partie des étudiants de l’ESSTIC qui ont participé aux assises de l’UPF et ont profité de l’expérience de leurs aînés.

Malgré son handicap il est déterminé à faire une grande carrière de journaliste. Nous lui souhaitons bon vent.

Kenedid Ibrahim Houssein