“Que de distance parcourue depuis le 27 juin 1977 ! Que de réalisations accomplies depuis ce 1er jour où nous avons pris en main notre destinée !”

C’est en ces termes que s’est exprimé le chef de l’Etat, M. Ismaïl Omar Guelleh, qui a fait un important discours ce lundi à l’occasion de la commémoration du 45e anniversaire de l’accession de notre pays à son indépendance. Le président de la République a rappelé dans la foulée “que certains nous prédisaient une mort par asphyxie dès notre naissance.” L’ADI reproduit ci-après in extenso le discours du président Ismaïl Omar Guelleh.

Louange à Dieu que la paix et la bénédiction soient sur le Prophète, sa Famille et ses Compagnons,

Mes chers compatriotes de la capitale, des régions de l’intérieur et de la diaspora,

Nous célébrons aujourd’hui le 45ème anniversaire de l’accession de notre pays à la souveraineté nationale.

En cette heureuse et glorieuse circonstance, je voudrais commencer par le commencement et exprimer d’abord la reconnaissance éternelle de la Nation à nos martyrs.

A ces Djiboutiennes et à ces Djiboutiens, connus ou anonymes, qui n’ont pas hésité à échanger leur vie contre notre liberté.

A ces Djiboutiennes et à ces Djiboutiens qui ont préféré la dignité, fut-elle mortelle, à l’indignité et au déshonneur de l’asservissement.

Je prie le Très Haut pour qu’Il les accueille dans son paradis. Amin.

Nous sommes tous, chaque Djiboutienne et chaque Djiboutien, les héritiers de ces valeurs de liberté, de dignité et de souveraineté.

Ces valeurs, nous les faisons vivre, nous les prolongeons et nous les exhibons avec fierté dans toutes nos actions quotidiennes.

En premier lieu, nos forces de l’ordre et de la sécurité nationale, qui, à l’extérieur comme à l’intérieur mais aussi à nos frontières, préservent avec courage et sacrifice notre souveraineté.

Mes chers compatriotes,

Que de distance parcourue depuis le 27 juin 1977!

Que de réalisations accomplies depuis ce 1er jour où nous avons pris en main notre destinée !

Alors que certains nous prédisaient une mort par asphyxie dès notre naissance, notre Nation a su émerger et tracer les chemins de sa croissance.

En parfaite intelligence et en toute neutralité, notre nation a fait prévaloir les raisons de sa souveraineté sur toutes les autres considérations.

Mais si notre Nation a déjoué tous ces pronostics mortifères, elle le doit avant tout à ses enfants.

Oui! Elle le doit à tous les Djiboutiennes et Djiboutiens qui, après la conquête de la souveraineté, ont compris que le reste n’était qu’une affaire de patience, de volonté et de labeur !

Aujourd’hui 45 ans après, on peut exprimer notre satisfaction commune en dressant l’inventaire des acquis.

Ce pays qu’on disait désertique à tel point que «même le chacal faisait son testament avant de le traverser ».

Ce pays dépourvu de toutes ressources des matières premières à tel point que les spécialistes de l’époque glosaient sur sa viabilité économique.

Ce pays aujourd’hui se tient debout. Il tient son rang avec dignité dans le concert des Nations !

Pour en arriver là, et nous le savons tous, mes chers compatriotes, ça n’a pas toujours été aisé, car le début de notre souveraineté, c’était aussi le point de départ de notre développement économique.

C’était aussi le balbutiement de notre jeune république.

C’était aussi la construction de notre unité et de notre identité nationale.

Mais ces défis, nous les avons tous surmonté. Des fois simultanément, dès fois chronologiquement et progressivement, mais toujours avec la même ferveur et la même effervescence qui sont les caractéristiques de l’appropriation et de l’adhésion populaire !

Mes chers compatriotes,

Je n’oublie pas les énormes sacrifices que vous avez consenti à des périodes où l’intégrité de notre Nation était menacée de fracturation, sur fond des convulsions régionales et des crises conjoncturelles. C’est tout à votre honneur et l’Avenir vous a donné raison.

Aujourd’hui, notre système d’enseignement, grâce à l’école pour tous, est débarrassé du cancer de l’élitisme qui réservait le savoir à une infime minorité !

Aujourd’hui, notre système de santé, grâce à l’assurance maladie, est débarrassé de l’inégalité d’accès aux soins qui enfermaient les plus démunis dans leurs propres souffrances !

Aujourd’hui, notre société, grâce aux réformes sociales et politiques entreprises, a libéré les énergies des femmes que la conception patriarcale étouffait!

Mes chers compatriotes,

Même si notre satisfaction est immense, au vu des progrès accomplis, nous n’avons pas la prétention d’avoir tout réussi et d’avoir achevé notre mission.

Que Dieu nous préserve de ce péché d’orgueil !

Car, voyez-vous, la souveraineté d’un pays ne se conjugue pas seulement au passé. Elle ne se limite pas aux acquis. La souveraineté d’une Nation se décline, aussi et surtout, dans le futur !

Elle tire sa force et sa substance dans le relais générationnel, dans la permanence de ce mémoire collectif qui forge la conscience de chaque citoyen.

C’est pourquoi, nous devons toujours être à la hauteur des défis actuels et des défis à venir. Dans un monde en perpétuelle transformation et en perpétuelle évolution, notre Nation ne peut pas rester figée, en inertie ou en stagnation.

La pandémie du covid-19 en a été la parfaite illustration, dans un monde connecté et ouvert à tous les vents de la mondialisation, l’imprévisible n’est jamais très loin.

Il arrive souvent que les interactions et les interpénétrations des intérêts des uns et des autres viennent percuter la souveraineté des peuples et des Nations.

Malgré notre capacité de résilience, l’économie de notre nation, comme du reste de celles des autres Nations, peut subir les impacts négatifs de telle ou telle crise, proche ou lointaine.

Et comme l’actualité nous le prouve, cela peut se traduire en termes d’inflation, en termes de pénurie ou de rareté sur certains aliments de base, c’est parce que la souveraineté d’une Nation est pluridimensionnelle, nous devons, dans la lignée de ce que nous avions déjà entrepris dans certains pays voisins avec la location des fermes nous donner les moyens d’affermir aussi notre souveraineté alimentaire.

Avec des mesures additionnelles, avec des mécanismes sociaux pour amortir le choc de l’inflation, mais aussi avec des sanctions dissuasives contre certains commerçants qui ont fait de la spéculation un sport national.

Mes chers compatriotes,

En toutes circonstances, dans les pires moments, comme dans les meilleurs moments, nous ne devons pas perdre de vue l’essentiel.

Ce qui nous unit, au-delà de nos clivages, de nos différences ou de nos appartenances partisanes, oui ! Mes chers compatriotes, nous ne devons pas perdre de vue l’essentiel qui sublime nos différences et nos clivages en richesses et en variétés.

C’est l’alchimie de notre Djiboutiannété, c’est ce désir que nous avons tous de vivre- ensemble, fier de notre unité et de notre identité.

C’est ce constat que nous avons la volonté de vivre éternellement en paix et en sécurité.

Car tels sont les socles de notre souveraineté nationale qui ont rendu possible notre stabilité politique et notre développement économique.

Je vous remercie de votre attention.

Vive l’indépendance nationale !

Vive la république de Djibouti !