La générosité de l’Afrique envers ceux qui cherchent un refuge contre la guerre et la persécution est inégalée, a déclaré dimanche le Secrétaire général des Nations Unies lors de son discours au 32ème Sommet de l’Union africaine, qui s’est tenu à Addis-Abeba en Éthiopie.

« Malgré leurs propres défis économiques sécuritaires et sociaux, les gouvernements et la population de l’Afrique ont maintenu leurs frontières, leurs portes et leurs cœurs ouverts à des millions de personnes dans le besoin », a dit António Guterres.

Rappelant que les travaux du Sommet de l’Union africaine sont placés sous le thème « Vers des solutions durables au déplacement forcé en Afrique »,  il a affirmé que la vision, la compassion et le leadership africain avaient été sources constantes d’inspiration dans la quête de solutions durables aux déplacements forcés, tant pour le monde que pour lui.

Malheureusement, la générosité n’est pas proportionnelle à la richesse et cet exemple n’a pas été suivi partout, a regretté le secrétaire général de l’ONU, soulignant que le continent accueille près d’un tiers des réfugiés et personnes déplacées de la planète. Selon lui, l’Afrique a établi la « norme de référence » en matière de solidarité.

Il s’est ainsi félicité des conventions adoptées par le continent au cours des 5 dernières décennies, allant de la Convention pour les réfugiés de 1969 et la Convention de Kampala pour les personnes déplacées en 2009, la Déclaration d’Abidjan pour éradiquer l’apatridie jusqu’au leadership africain qui a contribué à l’adoption de deux pactes mondiaux essentiels sur les réfugiés et sur les migrations sûres, ordonnées et régulières, l’année dernière.

António Guterres a souligné qu’il avait lui-même constaté que ces conventions se traduisent dans les faits à travers la « Compassion africaine », lorsqu’il ‘s’était joint à des convois rapatriant des sud soudanais ou des sierra léonais, ou encore en voyant des fermiers libériens partager leurs riz et semences pour nourrir des réfugiés ivoiriens.

ONU-UA, une coopération étroite qui permet de mieux affronter les défis communs. Le chef de l’ONU s’est félicité du pas de géant qu’a fait la coopération stratégique entre les deux organisations, citant en exemple le Cadre conjoint sur la paix et la sécurité et le développement et les nombreuses missions menées de façon conjointes sur le continent. Selon lui, les efforts conjugués de l’ONU et l’UA ont apporté de bons résultats et leur permettent d’être mieux placées pour relever leurs défis communs.

Des vents d’espoir soufflent en Afrique. Des vents forts d’espoir soufflent à travers le continent africain, a affirmé M Guterres. Il a ainsi loué les initiatives du Premier ministre éthiopien, qui a proclamé la paix entre l’Ethiopie et l’Erythrée, et  l’accord de paix historique conclu sous l’égide de l’UA avec l’appui de l’ONU, en République Centrafricaine, avant d’indiquer que les deux organisations suivraient ensemble face à la crise libyenne.

En matière de prévention, il s’est félicité des récentes transitions démocratiques pacifiques menées a Madagascar, au Mali et en République Démocratique du Congo.

Pour le secrétaire général de l’ONU ces « progrès remarquables » témoignent de la détermination des deux organisations. Il a remercié les africains de leur contribution aux opérations de paix, soulignant que près de la moitié des Casques bleus sont africains, et que deux tiers des femmes dans les opérations de paix sont des africaines.

« Leur service et leurs sacrifices sont toujours au centre de nos préoccupations » a assuré M. Guterres, avant d’exprimer sa solidarité et ses profondes condoléances pour les familles des trois Casques bleus éthiopiens qu ont perdu la vie samedi lorsque leur hélicoptère s’est écrasé a Abyei.

M. Guterres a signalé que les opérations de paix des Nations Unies « sont de plus en plus appelées dans des zones où il n’y a pas de paix à maintenir », expliquant que c’est pourquoi il a exprimé à plusieurs reprises son soutien aux opérations d’imposition de la paix et de lutte contre le terrorisme, et a lancé « Action pour la paix ». Une initiative de maintien de la paix (A4P) en 2018, qui vise à fournir aux missions de l’ONU les moyens d’être plus efficaces, mieux équipées, plus sûres et plus robustes. Il a ensuite insisté sur le rôle «critique» que doivent jouer «l’égalité, la participation significative et le leadership» des femmes pour assurer une paix durable, citant les contributions inestimables de FewWise – le Réseau des femmes africaines pour la médiation – et du Réseau des femmes dirigeantes africaines, deux initiatives importantes pour une collaboration conjointe ONU-UA.

S’attaquer aux causes profondes des conflits. Le secrétaire général de l’ONU a appelé à s’attaquer aux causes profondes des conflits. Il a estimé que la communauté mondiale est à la traîne pour ce qui est de résoudre deux problèmes majeurs : atteindre les objectifs de développement durable et lutter contre les changements climatiques.

« Nous savons tous qu’il ne saurait y avoir de paix durable sans développement durable », a ajouté António Guterres. « Le monde ne va pas suffisamment loin, ou suffisamment vite, pour faire de la promesse des objectifs de développement durable une réalité » a-t-il souligné.

Concernant le changement climatique, le chef de l’ONU, a appelé à redoubler d’effort en matière d’adaptation, de financement, de mitigation et d’innovation. « Le changement climatique avance beaucoup plus vite que nos efforts pour le ralentir » a martelé avec insistance M. Guterres.

Source : ADI