
C’est à l’hôtel Sheraton que s’est tenu, hier matin, le lancement officiel du projet régional MECMEA, une initiative dédiée à la gestion des impacts du changement environnemental et des conflits sur la mobilité humaine en Afrique de l’Est. L’événement, présidé par le directeur exécutif de l’Association Djibouti Nature, Houssein Rayaleh, a réuni des représentants des départements techniques du gouvernement, des diplomates, des chercheurs et des acteurs de la société civile. Financé par l’Union européenne et mis en œuvre par le Centre international pour le développement des politiques migratoires (ICMPD), ce projet marque une étape importante dans la coopération régionale autour des questions environnementales et migratoires.

Coordonné par le Centre et Réseau régional pour l’environnement de la Corne de l’Afrique (HoA-REC&N) à l’Université d’Addis-Abeba, MECMEA réunit un consortium d’organisations issues de plusieurs pays de la région. Parmi elles, l’Association Djibouti Nature, le Mixed Migration Centre du Kenya, le Conseil danois pour les réfugiés, PanAfricare et la South Sudan Nature Conservation Organization. Ensemble, ces partenaires s’engagent à renforcer la compréhension et la réponse aux dynamiques complexes liant climat, conflit et mobilité humaine.
Le projet MECMEA s’étend sur une période de dix-huit mois et vise à créer un dialogue politique inclusif fondé sur des données scientifiques. Il s’attache à mieux comprendre les liens entre changement climatique, catastrophes environnementales et conflits, souvent à l’origine de migrations forcées dans la région. L’objectif est d’aider les gouvernements et les organisations locales à élaborer des politiques publiques cohérentes, capables d’anticiper et de gérer ces mobilités induites par la dégradation de l’environnement.
Pour y parvenir, le projet privilégie la collaboration entre chercheurs, décideurs politiques et organisations de la société civile. Il met l’accent sur la formation, le renforcement des capacités institutionnelles et l’échange d’expériences à l’échelle régionale. À travers cette approche, MECMEA espère consolider les cadres de gouvernance environnementale et encourager la résilience des communautés face aux effets du changement climatique.
Dans son allocution, le directeur exécutif de Djibouti Nature, Houssein Rayaleh, a souligné la portée stratégique de cette initiative. « Nous sommes fiers d’accueillir à Djibouti le lancement de ce projet régional, dans la continuité de ceux organisés à Addis-Abeba et à Nairobi. Ce programme illustre notre engagement commun à protéger les écosystèmes et les populations face aux bouleversements environnementaux et aux tensions sociales qu’ils entraînent », a-t-il déclaré.
Créée en 1999, Djibouti Nature est l’une des principales ONG environnementales de la région. Apolitique et à but non lucratif, elle œuvre depuis plus de vingt ans à la protection de la biodiversité, à la préservation des habitats des oiseaux migrateurs et à la promotion du développement durable. Membre fondateur du HoA-REC&N à l’Université d’Addis-Abeba, elle joue un rôle actif dans la coopération environnementale régionale.
Une initiative inscrite dans une dynamique régionale
Le projet MECMEA s’inscrit dans la continuité du Processus de Khartoum, cadre de coopération lancé en 2014 à Rome et actuellement présidé par la France. Initialement axé sur la lutte contre la traite des êtres humains et le trafic de migrants, ce processus a progressivement intégré les enjeux liés au déplacement induit par le changement climatique. Il réunit aujourd’hui les pays situés le long de la route migratoire reliant la Corne de l’Afrique à l’Europe, dans une logique de confiance mutuelle et de concertation.
En participant à cette initiative, Djibouti et ses partenaires régionaux réaffirment leur volonté commune d’agir sur les causes profondes des migrations et d’adopter des politiques fondées sur la prévention, la solidarité et la connaissance scientifique. Le projet MECMEA, par son approche intégrée et sa vision à long terme, ouvre ainsi la voie à une coopération renouvelée au service de la résilience des peuples et de la préservation des écosystèmes dans la Corne de l’Afrique.
Zouhour Abdillahi











































