La République de Djibouti a officiellement lancé hier matin les travaux du Projet d’Extension et de Réhabilitation des Réseaux d’Assainissement de Djibouti (PERRAD), et a inauguré la seconde phase de la station d’épuration de Douda. Il s’agit là des initiatives, axées dans le domaine de l’assainissement et du bien être de la population, du Président de la République Son excellence M. Ismail Omar Guelleh, qui commencent à prendre forme. 

Le premier Ministre par intérim, le ministre de la justice et des affaires pénitentiaires, chargé des droits de l’homme M. Ali Hassan Bahdon a parrainé hier matin, une série de cérémonies d’une importance capitale pour la République de Djibouti qui célébrera dans un peu plus d’une dizaine de jours le 48ème anniversaire de son indépendance. Organisé par l’office national de l’eau et de l’assainissement de Djibouti (ONEAD), en collaboration avec l’Agence Française de Développement (AFD) et la délégation de l’Union Européenne, l’événement a réuni des nombreux membres du gouvernement, les responsables et diplomates représentants les bailleurs de fonds ainsi que des hauts responsables du département organisateur.

A la cité du Stade d’abord …

Des nombreuses personnalités dont le Premier Ministre par intérim, Ali Hassan Bahdon entouré du ministre de l’agriculture de l’élevage de la pêche, de l’eau et des ressources halieutiques, Mohamed Ahmed Awaleh, du ministre de l’économie et des finances, chargé de l’industrie, Ilyas Moussa Dawaleh, de la  ministre de la ville, de l’urbanisme et de l’habitat, Amina Abdi Aden, de l’Ambassadrice de France auprès de la République de Djibouti, Dana Purcarescu de l’ambassadeure de l’Union Européenne à Djibouti Dr Denisa-Elena IONETE, du président de la commune de Boulaos, Abdoulkader Iman Aden, du secrétaire général du ministre de l’agriculture de l’élevage de la pêche, de l’eau et des ressources halieutiques, Ibrahim Elmi Mohamed et du directeur général de l’ONEAD, Mohamed Fouad Abdo s’est retroussé les manches hier matin pour lancer officiellement les travaux du Projet d’Extension et de Réhabilitation des Réseaux d’Assainissement de Djibouti (PERRAD). L’événement est intervenu au cours d’une rencontre hier matin sur le site où se déroule ce programme.  

Porté par le gouvernement djiboutien et appuyé par des bailleurs de fonds engagés, le projet vise à répondre à une urgence : celle de la gestion durable des eaux usées dans un pays confronté à la rareté de l’eau et aux défis croissants du changement climatique.

Depuis 2019, la première phase du projet PERRAD a permis de doubler la capacité de traitement de la station d’épuration de Douda. Grâce à une enveloppe de 20,2 millions d’euros cofinancée par l’AFD et l’Union européenne, cette infrastructure joue un rôle clé dans la gestion des eaux usées de la ville. Aujourd’hui, la seconde phase monte en puissance : elle prévoit la réhabilitation et la construction d’un réseau d’assainissement collectifs dédié aux quartiers 7, 7-bis et la Cité du Stade, situés dans la commune de Boulaos.

Les eaux usées collectées seront ensuite transférées vers la nouvelle station de Douda pour y être traitées selon des standards modernes. À terme, ce sont près de 30 000 habitants qui bénéficieront d’un accès sécurisé à un système d’assainissement collectif. Une avancée majeure, notamment pour les femmes, souvent premières victimes des carences sanitaires en zone urbaine. De plus, l’usage généralisé des fosses septiques, les branchements illicites sur les canalisations et la remontée des eaux de la mer exposent les populations à des maladies telles que le paludisme ou la typhoïde. Ce projet vient donc répondre à un double enjeu : réduire la vulnérabilité sanitaire et renforcer la résilience face aux effets du changement climatique.

À Djibouti, la question de l’eau est vitale. Situé en zone désertique, le pays a réussi ces dernières années à améliorer l’accès à l’eau potable, notamment grâce à la mise en service de l’usine de dessalement de Doraleh, financée par l’Union européenne.

PERRAD n’est que le début. Le Directeur Général de l’ONEAD assure que des négociations sont en cours pour une extension du projet à d’autres quartiers prioritaires. Objectif : couvrir l’ensemble de la capitale, et pourquoi pas, à moyen terme, les grandes agglomérations secondaires du pays. Actuellement, si le projet vise trois quartiers — Cité Stade, Quartiers 7 et 7 bis, une deuxième phase, prévue pour juin 2026, englobera les quartiers 5 et 6, avec de nouveaux équipements à construire, notamment deux postes de relevage à l’avenue 26 et au quartier 6. Le renforcement des stations S2 ‘‘Abattoir et Haramous’’ permettra également d’acheminer les eaux vers la station de Douda.

Au-delà des chiffres et des chantiers, le projet PERRAD porte une ambition claire : offrir aux habitants de Djibouti un environnement plus sain, plus sûr et plus digne, connectant des milliers de foyers à un réseau d’assainissement moderne.

Il est à noter que derrière ces avancées techniques, une collaboration exemplaire se dessine. La République de Djibouti, représentée par le Ministère des Finances, est la principale bénéficiaire des fonds mobilisés. L’Office National de l’Eau et de l’Assainissement de Djibouti (ONEAD), en tant que propriétaire et exploitant, sera chargé de la gestion et de l’entretien de ces nouvelles infrastructures.

Et à Douda par la suite…

Sous un soleil de plomb, les abords de la station d’épuration de Douda sis à une dizaine de kilomètre de la capitale, bruissent d’activités. Engins de chantier, techniciens en tenue de sécurité et responsables institutionnels s’activent autour des nouvelles infrastructures fraîchement achevées. Ce lundi 16 juin, le Premier Ministre par intérim M. Ali Hassan Bahdon accompagné de nombreux membres de son gouvernement a assisté à l’inauguration de la deuxième phase de la station de Douda. Une double avancée stratégique pour un pays en quête de solutions durables face aux défis croissants de l’urbanisation et du changement climatique. « Ce projet marque un tournant stratégique pour l’assainissement à Djibouti », pour le directeur général de l’ONEAD Mohamed Fouad Abdo, visiblement ému par l’aboutissement d’années de travail de planification et de coordination. L’homme revient sur les ambitions initiales de ce chantier : « répondre aux besoins urgents des quartiers populaires les plus densément peuplés de Djibouti, comme l’a souhaité le Président de la République. » L’objectif : réconcilier développement urbain, justice sociale et durabilité environnementale. À l’origine du projet, un schéma directeur d’assainissement financé par l’Union européenne et l’Agence Française de Développement (AFD), véritable feuille de route technique pour structurer un réseau d’assainissement cohérent à l’échelle de la capitale. Une station à la pointe de la technologie. La station de Douda, programme phare de l’ONEAD vise à renforcer le réseau de sa capacité. 80 000 équivalents habitants pourront désormais y être traités. Grâce à une technologie de boues activées en aération prolongée, la station assure un traitement biologique complet, suivi de la décantation et d’une désinfection rigoureuse. « Nous avons intégré un système de télégestion pour un pilotage précis en temps réel », détaille un ingénieur de l’ONEAD que nous avons rencontré sur les lieux. Cerise sur le gâteau environnemental : le traitement performant des boues permet la production de compost stabilisé, précieux pour l’agriculture locale. Une autre station, à Balbala cette fois, inaugurée en juillet 2024, vient compléter ce maillage, avec une capacité de 30 000 équivalents habitants au bénéfice direct des quartiers Hodan, Cité Luxembourg et Cheikh Osman.

Avant la pose du moindre tuyau, des ateliers de sensibilisation ont été menés auprès des populations concernées. « Il fallait expliquer les enjeux sanitaires et environnementaux, convaincre et dialoguer », raconte une responsable de projet. En parallèle, des sondages techniques ont été réalisés pour adapter les tracés à la réalité du sous-sol djiboutien, souvent capricieux.

Ces travaux minutieux devraient bénéficier à près de 30 000 habitants dès cette première phase, réduisant drastiquement les maladies hydriques et offrant une nouvelle salubrité urbaine aux familles.

Au-delà de la santé publique, c’est tout un pan de l’environnement urbain qui est en jeu. Les nouvelles stations éliminent les rejets directs d’eaux usées dans la mer, limitent les déversements sauvages dans les rues et préservent les routes autant que les écosystèmes marins. Plus encore, les eaux traitées sont désormais réutilisées pour irriguer les zones agricoles périphériques. Une double victoire : économiser la précieuse ressource en eau potable et soutenir une agriculture périurbaine qui peine à survivre.

Intervenu à l’issu de la cérémonie, le Premier ministre par intérim M. Ali Hassan Bahdon a mis l’accent sur l’importance de ces projets d’envergures, notamment dans une ville où les conditions naturelles – telles que la remontée des eaux de la mer – rendent la gestion des eaux usées particulièrement difficile. Il a salué le lancement de la nouvelle station d’épuration de Douda comme un projet « très attendu » par la population, en insistant sur l’urgence de connecter rapidement cette infrastructure au réseau de collecte pour obtenir des résultats concrets. Il a, par la suite, évoqué les défis techniques auxquels fait face l’ONEAD.

Dans un message clair à la population, le Premier ministre par intérim M. Ali Hassan Bahdon a appelé au civisme et à la responsabilité collective. Il a exhorté les habitants à ne pas obstruer les collecteurs avec des déchets et à ne pas confondre eaux usées et ordures ménagères, en rappelant que l’encombrement des voies publiques aggrave les problèmes d’hygiène, surtout dans les quartiers densément peuplés. Il a également appelé la municipalité, la police et les autorités locales à renforcer leur implication, à collaborer davantage avec les citoyens, et à prendre des mesures fermes contre les comportements nuisibles à la salubrité publique.

RACHID BAYLEH