Le mois de décembre est le symbole de la lutte contre le VIH/SIDA. Durant tout ce mois, le petit ruban rouge, synonyme de ce combat mais aussi du soutien envers les malades, refait surface. Pourtant, des décennies après son apparition, cette maladie, longtemps appelée la maladie mortelle ou maladie du siècle, n’est plus aussi mortelle que certains pensent à le croire. De nos jours, on peut vivre longtemps, très longtemps avec ce virus et même avoir des enfants en bonne santé.

Attardons-nous aujourd’hui sur le VIH/SIDA. Dans notre pays, comme partout dans le monde, les malades sont souvent jugés, stigmatisés, mis au ban des personnes à éviter. Pourtant , longtemps après son apparition , la recherche a bien évolué et désormais, l’on peut avoir une espérance de vie normale , comme tout un chacun. Et pour prendre un exemple concret, le cas d’Andréa a largement été partagé un peu partout sur les réseaux sociaux. L’on vous résume. La jeune Andréa, âgée de 22 ans, rencontre un jeune homme de son âge, et ils décident tous les deux de se faire dépister. Le jeune garçon, lui, est en bonne santé, tandis qu’elle apprend, elle, qu’elle est déjà au stade sida. Elle tombe des nues, car elle ne souffrait en apparence d’aucun symptôme. Face à la réalité de la maladie, et tout juste âgée de la vingtaine, elle fait une dépression et pense que sa vie n’a plus aucun sens. Peur du regard des gens et sous le poids du secret, malgré le soutien de ses proches, elle tente de mettre fin à sa vie. Grace à ses médecins, elle est aussitôt prise en charge et devient indétectable, car la charge virale est supprimée, mais le virus en étant toujours dans son corps est endormi.

À un million de copies de virus, elle passe sous la barre de 20 copies et le virus ne peut plus se transmettre. Un miracle, me direz-vous. Mais l’histoire ne s’arrête pas là, de séropositive, elle est aujourd’hui séronégative. Elle est aujourd’hui mariée et mère de 3 enfants en parfaite santé. Loin des clichés des années 80, son témoignage prouve que la vie continue malgré la maladie et que si l’on poursuit correctement son traitement , on peut avoir la même espérance de vie qu’une personne bien portante. L’histoire d’Andréa démontre que le VIH/SIDA n’est plus une fatalité. Malgré la présence de nombreux comprimés auxquels on doit s’astreindre quotidiennement, on peut donner la vie, malgré la maladie.

Avoir des enfants, oui mais comment ?

Pendant longtemps, le diagnostic de l’infection à VIH était synonyme de drames personnels, y compris l’abandon du désir d’enfant. Aujourd’hui, la réalité est radicalement différente. Les traitements antirétroviraux (ARV) ont transformé la vie avec le VIH. Le concept clé à retenir est : Indétectable = Intransmissible (I=I). Lorsqu’une personne séropositive suit son traitement de manière rigoureuse et maintient une charge virale indétectable, elle ne peut plus transmettre le virus par voie sexuelle. Ce principe est fondamental pour tous les projets familiaux. Le désir d’enfant peut être réalisé de plusieurs manières, que ce soit au sein d’un couple sérodifférent (un partenaire est séropositif et l’autre séronégatif) ou dans un couple où les deux partenaires sont séropositifs. Si le partenaire séropositif est sous traitement ARV efficace et que sa charge virale est indétectable depuis au moins six mois, le risque de transmission par voie sexuelle est considéré comme nul (I=I).

Si la femme est séropositive et l’homme séronégatif, le couple peut avoir des rapports sexuels non protégés sans risque de transmission à l’homme. La prise en charge de la grossesse est essentielle. Si l’homme est séropositif et la femme séronégative, de même, le couple peut concevoir naturellement sans risque de transmission à la femme si la charge virale de l’homme est indétectable. Pour une sécurité optimale, la femme peut également prendre un traitement préventif, la PrEP (Prophylaxie Pré-Exposition), pendant la période de conception.

L’approche de la conception naturelle sécurisée doit toujours être validée par une équipe médicale spécialisée qui s’assurera du contrôle virologique parfait du partenaire séropositif.

Lorsque la femme est séropositive ou tombe enceinte d’un partenaire séropositif, l’objectif principal est de garantir que le bébé naisse séronégatif.

Vivre normalement, désormais possible…

Si pendant des années, les personnes séropositives étaient mal jugées, pointées du doigt, ces images sont désormais aux oubliettes. Les traitements sont là et si le malade les prend correctement, de manière quotidienne, il peut vivre, travailler et avoir des enfants sans souci. Le cliché de la personne squelettique sur son lit de mort est révolu. De nos jours, si une personne est indétectable, elle peut aspirer à vivre normalement. D’où l’importance du suivi médical et du dépistage. Pourtant, cette maladie fait peur et fait encore parler d’elle, au négatif. Les stéréotypes longtemps diffusés sont encore dans toutes les mémoires, mais il est désormais temps d’envisager la vie autrement, avec la maladie, car malgré sa présence dans le corps, on ne la propage plus, on peut donner naissance à des enfants sains et quoi de plus beau que de donner la vie ?

Toutefois, dans notre pays, malgré l’existence de structures sanitaires adaptées, beaucoup de personnes ne veulent pas encore se faire dépister. Pourtant, le dépistage reste encore la meilleure arme pour lutter contre cette maladie. Durant ce mois dédié à la lutte contre le VIH/SIDA, il est important de mettre l’accent sur la nécessité du dépistage, précoce,  pour lutter contre cette pandémie. Loin d’être une malédiction, on peut désormais vivre sereinement avec , et le mot à retenir, reste « vivre », car le cas d’Andréa est loin d’être anodin, elle a su faire preuve de résilience et prouver au monde entier , que le VIH/SIDA ne devait aucunement être un frein pour vivre sa vie de mère paisiblement. D’où l’intérêt du dépistage, du suivi et de la prise en charge qui existent dans notre pays. Il serait peut-être temps de nous retrousser les manches et de faire en sorte que nous acceptions cette maladie, pas comme une fatalité, mais comme une simple maladie, qui ne devrait pas nous empêcher de vivre, et d’avoir des enfants.

N. Kadassiya