S’il est un cauchemar que toutes les femmes, au foyer ou pas, redoutent, c’est de se retrouver sans une femme de ménage. Nous, pauvres djiboutiennes modernes, sommes devenues accros à ses petites mains qui nous sont d’un grand soutien dans notre quotidien. Mais comment faire pour trouver la perle rare ? Une solution infaillible : les « Dilals ». Alors qui sont-ils réellement ?

Toutes les femmes djiboutiennes, même les plus aguerries, ont toutes un problème en commun, les femmes de ménage. Elles papillonnent d’une maison à l’autre, vous lâchent un bon matin prétextant la mort d’un proche, pourtant bel et bien en vie, la maladie, imaginaire bien sûr, tout ça pour partir. Et nous, pauvres femmes dépendantes, le ciel s’abat sur nous, on doit revoir toute la logistique de la maison. Planifier les repas, faire appel à une cousine pour garder les plus petits, sortir plus tôt pour acheter les petits déjeuners, bref tout est à revoir au niveau familial. Pour autant, il existe désormais une solution imparable : faire appel à un dilal. Tirer du mot arabe « dallal », qui veut dire « intermédiaire ». Ces hommes ou ces femmes sont désormais à la mode. Chaque femme a désormais deux, voire trois, dilals de confiance vers qui elle se tourne à chaque fois qu’une femme de ménage la lâche.

De très bons négociateurs

Un matin, vous vous réveillez et vous constatez que la nounou et la femme de ménage ont pris la poudre d’escampette pendant la nuit. Misère! Catastrophe! Car vous devez aller au travail et vous n’avez personne pour vous aider. Alors que faire ? Pas de souci, vous appelez directement vos dilals, ces hommes ou ces femmes qui sont réputés pour vous trouver des femmes de ménage en clin d’œil. En réalité, les dilals gagnent leur salaire en vous livrant des femmes de ménage. Moyennant 1000 fr pour chacune d’entre elles, vous les appelez en leur donnant les spécificités demandées, la cuisine, le linge, le repassage, les enfants. Bref, tout a un prix, et en bon réseau fermé, ils contactent illico presto une femme qui répond à vos critères. Vous avez aussi le choix entre une jeune, une vieille, une qui dort chez vous ou qui rentre le soir après sa journée de travail. Tout se joue en amont. Avant qu’elles ne viennent chez vous, vous expliquez le travail à faire et en fonction de votre demande, l’heureuse élue vient frapper à votre porte. Que demander de plus ? Vous êtes sauvées et rassurées car vous savez que le ou la dilal a déjà transmis vos doléances et que la femme de ménage qui vient, coche toutes les cases.

À chaque quartier son dilal

De plus en plus répandue, chaque quartier, chaque coin de la ville a désormais son intermédiaire. Pour chaque secteur, vous avez des dilals, et il  faut le dire, il vous facilite la vie. Plus besoin de chercher pendant des heures, ils sont là, à n’importe quelle heure de la journée, toujours prêts à vous dépanner. Et une chose à retenir, ils sont tous joignables par téléphone, car le téléphone reste leur principal outil de travail. Ils sont à l’affût du moindre appel. À la première sonnerie, ils décrochent  et vous demandent vos critères. Ils prennent note de chaque mot que vous dites, et font en sorte de répondre à vos besoins. Sur toutes les messageries, les femmes s’envoient des contacts de dilals, en fonction de leurs réactivités et surtout en fonction des femmes de ménage. Et c’est un pari gagnant, pour la mère de famille comme pour l’employée de maison. Car cette dernière sait qu’elle ne se jette pas dans le vide, et que le dilal pourra intervenir en cas de souci, car, disons-le, nous sommes très exigeantes, qu’il s’agisse de la cuisine, de l’entretien de la maison ou des enfants.

Un délai à respecter !

Une chose est sûre, toutes les femmes djiboutiennes ont toutes un point en commun, elles exigent que les aides-ménagères respectent les règles préétablies avec les dilals. Une femme de ménage un peu lente, pas très propre et les voilà en train d’appeler les intermédiaires. Elles réclament que ces dames répondent à leurs critères. En cas de non-respect des règles, les dilals doivent à tout prix les remplacer. Et en cas de conflit ? Pas de souci, un délai de départ doit impérativement être fixé. Elles doivent en premier lieu contacter leurs intermédiaires et prévenir également la mère de famille. Et pour tout dire, ces hommes et ces femmes sont devenus un phénomène de mode, leurs numéros de téléphone s’échangent très vite et dans toutes les plateformes de discussion de femmes, vous verrez chaque jour des jeunes mères de famille désemparées à la recherche de femmes de ménage. Il s’agit, d’une réalité que l’on ne peut nier. Nous sommes dépendantes de nos aides ménagères, et les dilals surfent sur ce créneau. Ils sont là pour répondre à nos besoins et nous aider dans notre quotidien de Djiboutiennes, dépassées par nos charges mentales.

Ces hommes et ces femmes sont devenus, au fur et à mesure, des amis, des personnes de confiance à contacter en cas de besoin. On leur laisse le soin de choisir pour nous, quelqu’un qui gardera nos enfants, qui fera la cuisine et qui s’occupera pendant notre absence de nos maisons. Ils sont à notre disposition et au fur et à mesure des années, ils savent de quoi, nous avons besoin. Les dilals sont devenus, avec le temps, essentiels pour chacune d’entre nous, surtout pour celles qui n’ont pas de famille proche. Ils nous dépannent en une journée, et nous savons vers qui nous tourner en cas de pépin avec les femmes de ménage. En réalité, ces hommes et ces femmes, savent qu’ils ont encore de beaux jours devant eux, car les djiboutiennes ont toutes, un jour ou l’autre, un souci avec leurs ménagères, et en coup de fil, ils sont là, comme par magie, pour nous dépanner, alors que demander de plus ? Mesdames, désormais, vous savez vers qui vous tourner, en cas de souci, et un détail qui a toute son importance : soyez précises dans vos critères et peut-être trouverez-vous la perle rare, grâce à votre dilal.

 N. Kadassiya