Pour la nouvelle génération, cette combinaison d’amour et de vache va surement en faire rire plus qu’un, mais pour les autres, les quadragénaires et  les autres, l’amour vache, c’est cet amour un peu rugueux sur les bords, ce mélange de tendresse et de brutalité. Si, auparavant, les femmes appréciaient ce comportement, qu’on pense celles de maintenant ?  

Ah les hommes djiboutiens et l’amour! Une sempiternelle question sans réponse. Une question à laquelle les femmes djiboutiennes auraient aimé trouver des réponses. Certaines d’entre elles aimeraient tellement savoir ce que leurs hommes pensent tout bas et ne disent jamais tout haut. Mais voila, face à ce constat, elles ont fini par accepter de vivre avec des «machos ». Ces messieurs, qui, sont très peu friands des gestes d’attention et de câlins n’ont pas le cœur à s’attendrir devant les les battements de cils de leurs belles. Ce qu’il veulent, c’est des repas chauds et des vêtements bien repassés, même si pour certains, la qualité vestimentaire importe très peu. Ce qu’il faut dire, c’est que l’amour, dans toutes ses formes reste l’amour avec un petit « a », bien sûr. Car pour nos hommes, l’amour vache est la forme la plus « complète » selon eux, de prouver à leurs femmes, ce qu’ils ressentent.

Quand la tendresse se cache derrière les piquants

Pour les néophytes, l’expression “amour vache” est ce mélange de mots durs, de disputes, l’idée que la jalousie et les disputes sans fin font bon ménage avec l’amour. Loin de l’image idéalisée de l’amour romantique, elle décrit une forme d’affection particulière, où la tendresse se manifeste parfois de manière rugueuse, voire un peu brutal. Mais qu’est-ce que l’amour vache exactement, et comment le reconnaître ?

L’amour vache, à la sauce djiboutienne, c’est ne jamais appeler sa femme pour voir si elle va bien ou si elle a besoin de quelque chose. C’est ne jamais la complimenter, ne pas lui démontrer son amour en public. Car s’il y a bien quelque chose que les hommes djiboutiens savent si bien faire, c’est de ne jamais montrer à leurs épouses qu’ils l’aiment, surtout pas devant sa famille à lui. Dire des mots tendres à sa femme devant sa famille, reste pour eux, un sacrilège, un outrage sans nom. Mais où est donc le souci ? L’intimité à la djiboutienne ne se manifeste que dans la chambre maritale, nullement ailleurs. Pas un bisou le matin avant d’aller au travail, de sortir de la maison, un « Assalam Aleikoum » assez distant fait l’affaire, et encore. Pour certains, ils sortent sans même prêter attention à leurs femmes. Pas de complicité, de yeux doux, de gestes tendres. Gare à celui qui outrepasse ces lois d’un autre temps. Pourquoi d’ailleurs ? Une question que toutes les femmes modernes aimeraient connaitre la réponse. Pourtant, ne dit-on pas qu’un homme heureux en mariage est celui qui a une femme douce et aimante ? Pour dire vrai, c’est plutôt l’inverse, le bonheur du foyer réside à travers un homme présent au coté de sa femme, qui l’aide dans les tâches familiales, qui s’occupent des enfants, et prends soin de son épouse, bref, l’homme idéal dont rêvent toutes les femmes !

L’homme djiboutien, le mâle « Alpha » dans toute sa splendeur

Dans notre pays, disons le nous, les djiboutiens  sont tous des mâles alphas, des hommes qui doivent faire preuve d’une virilité à toute épreuve, sans le moindre flanchement. Ils sont dures, rugueux et veulent dominer leurs épouses. Mêmes ceux qui prétendent aimer leurs conjointes, ne l’avouent jamais en public, car, parler d’amour reste chez eux, un sujet tabou.

Cachés au fond de leurs mabrazes, ils parlent politique, refont le monde, ajoutent du sucre à la mer, sans parler, ne serait ce qu’une fois de leurs épouses. On chasse du mabraze, celui dont la femme appelle toutes les 10 mn, on les traite de « HB », comprenez par là « Homme Battu ». Celui qui va passer un peu de temps avec sa femme est qualifié de « programmé ». La société veut que l’homme soit celui qui fait preuve d’un charisme sans faille sur son épouse, il doit être l’Homme avec un grand H. Celui qui a droit à des courbettes, à des « Ok mon chéri » sans lever la tête, celui, qui même parfois, peut gronder son épouse devant tout le monde. Et le pire, c’est que certaine femme aime ça. Elles vous le diront avec un grand sourire, elles aiment que leurs hommes les grondent, les infantilisent, car, il s’agit, selon elles, du summum de l’amour.

Quel amour me direz-vous ? De l’amour vache, dans sa stricte définition. L’amour qui veut que la femme soit celle qui accepte les remontrances sans avoir un mot à dire. Cet amour, d’un autre siècle, que nos mères affectionnaient tant. Pourtant, il n’est pas rare de trouver encore la même résonnance dans les propos de certaines jeunes femmes d’aujourd’hui. Elles y trouvent une certaine assurance, des preuves d’amour. Elles sont rassurées, quand elles voient leurs maris hausser le ton, car pour elles, dans la mesure où ils font des reproches, ceci expliquent qu’ils leurs portent encore de l’intérêt. Elles décrivent ce comportement comme de l’amour, car elles partent du principe, que le  jour où ils ne leur parleront plus, elles sauront qu’ils ne les aiment plus, qu’elles ne sont plus importantes à leurs yeux.

A penser qu’elles ont trouvé un certain bonheur dans ce comportement, qui reste douteux à maint égard. Un équilibre tellement fragile qu’il suffirait de peu pour qu’il ne se brise.

Pourtant, elles sont heureuses de vivre avec ces mâles dominants, sans cœur, et sans pitié.

Mais, la vie est ainsi faite. Chacune sait comment concilier sa vie de couple et le comportement hideux de leurs époux. L’amour vache à la djiboutienne, a de beaux jours devant lui. Il serait peut être temps d’inculquer à nos enfants, à nos garçons, que les mots doux et les gestes d’affection ne réduisent en rien la virilité. Bien au contraire, un homme tendre et affectueux reste l’homme idéal, le gendre parfait. Utopie quand tu nous tiens, mais le rêve reste toujours permis , jusqu’à preuve du contraire …

N. Kadassiya