Dans nos traditions millénaires, les femmes doivent souvent se marier jeunes, ou dans la fleur de l’âge. Mais avec l’évolution de notre société, choisir d’être célibataire reste encore tabou.

Et si je ne veux pas me marier ? Quel péché ai-je commis ? Voici la réponse toute trouvée de nombreuses femmes qui choisissent d’être célibataires. Mais choisir cette voie reste encore tabou dans notre culture. On est vite marginalisée, traitée de folle ou de femme difficile à vivre. Pourtant, beaucoup de jeunes femmes choisissent le célibat, au détriment de leurs parents, qui aimeraient les voir avec une ribambelle de rejetons bien morveux.

Laissez-moi vivre ma vie…

Pourquoi faut-il être forcément être en couple pour être heureux, et ceci peut aller dans les deux sens, homme ou femme. Le regard de la société, qui veut que chaque femme soit mariée pour être respectée, en est peut-être la cause. Et si ces femmes faisaient un choix différent, celui de rester seules ? Ne dit-on pas qu’il vaut mieux rester seule plutôt que mal accompagné ? N’a-t-on pas le choix d’aller à contre-courant et de choisir le célibat ?

Oh que non ! Impossible dans notre pays, passé le cap des 25 ans, voici que les parents sont à l’affût pour trouver un potentiel prétendant à leur fille. Pour peu qu’il ait un travail décent, qu’il soit pieux, voici le gendre idéal. Ah, il faut aussi préciser que la question du khat est également importante. Chaque parent fuit cette plante, quand il est question de mariage, pourtant, aucune festivité ne se fait sans. Bref, la question de rester célibataire n’a nullement sa place dans les familles conventionnelles djiboutiennes. Il faut à tout prix avoir la corde à son cou et faire des enfants. Ainsi va la vie. Il s’agit par là de perpétuer le nom de la famille, et de respecter la tradition. Pour celles qui estiment qu’un mari n’est pas essentiel à leurs vies, elles sont souvent targuées de tous les noms d’oiseaux. Impossible donc pour elles de vivre leurs vies seules, sans maris et enfants.

Une vie de célibataire, après des échecs amoureux.

Pour certaines, rester célibataire devient une évidence après plusieurs déboires amoureux. Elles préfèrent vivre leurs vies, sans un boulet que représente un homme et profiter de leur célibat fraichement retrouvé. Après moult échecs amoureux, elles estiment qu’un homme n’a plus sa place dans leur quotidien et évitent toute nouvelle rencontre. Mais qu’en est-il réellement ? Il y a quelques jours, une jeune femme âgée de la trentaine, avec deux enfants, confessait à une voisine qu’elle s’estimait plus heureuse maintenant qu’elle était seule avec ses garçons. Pour elle, qui a connu un divorce très tôt, elle regrettait son mariage, avec cet homme qu’elle qualifiait d’irresponsable et de jaloux. Cet échec l’a dissuadée de se voir, un jour, remariée, et elle préfère, en toute connaissance de cause, rester célibataire. Et elle n’est pas la seule. Beaucoup de jeunes femmes djiboutiennes, très souvent cadres avec de très bons revenus, préfèrent ne plus faire les mêmes erreurs et fuient comme la peste toute nouvelle aventure sentimentale. Elles refusent d’être malmenées par des hommes, qui, selon elles, n’apportent rien à leurs vies. Et elles choisissent une vie faite de liberté, très loin des standards familiaux classiques. Elles sont fières de leur indépendance, surtout financière, et ne sont plus prêtes à s’investir dans une autre relation, qui serait vouée à l’échec. Pour autant, les hommes djiboutiens n’ont pas du tout le même état d’esprit. Quelques mois après un divorce ou le décès de leurs femmes, les voici, en quête d’une autre épouse. Et la justification toute trouvée serait, selon eux, qu’ils cherchent une autre femme qui pourra élever leurs enfants. Plutôt une autre souffre-douleur qui vendrait son âme au diable.

En quête d’un romantisme fictif

Adoptons plutôt un autre point de vue : c’est que ces femmes qui choisissent le célibat sont souvent à la recherche du partenaire parfait, d’un « gentleman ». Des hommes qui les aideraient dans les tâches ménagères, qui resteraient le soir à regarder des films romantiques, qui les emmèneraient au restaurant, une fois par semaine. Bref, l’homme idéal, mais cet énergumène existe-t-il réellement ? Ne nous voilons pas la face, ce genre d’homme n’existe que dans les films de Bollywood ou de Nollywood. Dans la vraie vie, c’est plutôt des crapauds qui font office de maris, et chacune de nos femmes est heureuse avec la carte qu’elle a piochée. Aucun homme n’est parfait, mais la vie est faite de concessions, et pour certaines, elles refusent l’idée même de passer le restant de leurs jours avec un homme qui ne cocherait pas les cases qu’elles demandent. C’est ainsi qu’elles glissent volontairement, ou pas, vers le célibat.

Une chose reste sûre, les femmes à Djibouti, même si elles ne sont pas heureuses dans leurs foyers, supportent la charge mentale qu’est le mariage. Elles ne veulent pas devenir la risée du quartier et devenir de vieilles filles. Et elles s’entichent du premier venu qui leur promet monts et merveilles pour finir plus tard femmes au foyer aigries et méchantes. Pourtant au départ, tout laissait croire à un incroyable conte de fées, mais la réalité finit toujours par nous rattraper. Quoi qu’il en soit, il est essentiel de comprendre que la vie de couple n’est jamais simple, alors pourquoi vouloir l’imposer à tout prix ? Ne serait-il pas temps de laisser tranquille ces femmes célibataires ou divorcées, qui choisissent de vivre en dehors des carcans de la société, sans leur jeter l’opprobre ? Une femme peut être heureuse, seule, si elle fait ce choix en toute connaissance de cause. Elle ne veut pas d’un homme dans sa vie, et alors ? Son avenir doit-il forcément dépendre d’un compagnon, qui peut-être ne lui apportera rien de plus que ce qu’elle n’a déjà. Il est peut-être temps que les hommes djiboutiens respectent ce genre de femmes, qui, à mon avis, sont beaucoup plus fortes et plus résilientes que les autres, car elles assument un style de vie différent, qui en ferait frémir plus d’un. À bon entendeur…

Kadassiya