
« Gaari » la traduction exacte de ce mot somali serait peut être une femme complète, qui gère son foyer d’une main de maitre et qui coche toutes les cases d’une femme complète ou de bonne épouse. Un peu partout en Europe, mais surtout aux Etats-Unis, le terme de « Tradwifes » traditionnal wifes (épouses traditionnelles) fait fureur. Il s’agit d’un mode de vie très en vogue sur les réseaux sociaux où des femmes mettent en scène le bonheur (parfois juste pour le buzz) d’être des femmes au foyer. Pourtant, ce terme très utilisé, par nos mères, qui ne transigeaient pas pour être des épouses parfaites, est-il toujours d’actualité ? Les femmes djiboutiennes de nos jours, peuvent elles se comparer à celles d’antan, et sont-elles, elles aussi, des « gaari » 2. 0. Une question qui reste largement en suspens.

Nous sommes en 2025, et s’il existe des termes qui n’ont plus vraiment leur place, se serait peut être le terme de « Gaari ». Quoique certaines femmes le soient vraiment, ce terme n’est il pas sexiste ? Pourquoi ce terme ne qualifierait-il pas aussi un homme qui prendrait soin de sa famille ?
Dans le tourbillon de la vie moderne, le concept de “bonne épouse” peut parfois sembler désuet ou chargé de stéréotypes. Pourtant, au-delà des clichés, il existe des qualités intemporelles et des comportements constructifs qui, lorsqu’ils sont cultivés, contribuent de manière significative à la solidité, à la joie et à la durabilité d’un mariage.

Être une “bonne épouse” n’est pas synonyme de soumission ou de perfection, mais plutôt d’un engagement conscient envers la croissance mutuelle, le respect et l’amour. La « gaari » serait la femme qui répond à toutes les doléances de son mari, mais pas que, à ceux de la belle-mère aussi. Et de surcroit, il faut qu’elle devine, qu’elle anticipe, qu’elle connaisse tous les caprices de son mari et qu’elle y réponde sans hausser la tête, ni le ton d’ailleurs. Mœurs d’un autre temps me direz-vous, mais à priori, pour les mamans, seules les « gaari » savent garder leurs foyers.
Pour elles, les jeunes femmes d’aujourd’hui qui réclament un partage des tâches équitables, un travail à plein temps, ne valent en rien les épouses modèles de l’ancien temps.
Car oui, disons le nous franchement, les femmes qui acquiescent sans transiger n’existent plus. Les femmes d’aujourd’hui, discutent, tiennent tête, trouvent un compromis et parfois même refusent.
Et elles ont bien raison. Dieu, dans son Infini Sagesse n’a jamais demandé aux hommes de faire de leurs femmes, leurs esclaves, bien au contraire, il est recommandé de les traiter avec bonté, amour et douceur.
Retour des « Tradwifes », l’équivalent des «Gaari » en somali
En français, le terme “tradwife” est un anglicisme qui est de plus en plus utilisé. Il s’agit d’une abréviation de “traditional wife” ou épouse traditionnelle).
Le mouvement “tradwife” promeut un retour à un rôle traditionnel de la femme au foyer, dédié au mariage, à la famille et aux enfants.
Les “tradwives” se consacrent généralement aux tâches domestiques, à l’éducation des enfants et à l’entretien de la maison, suivant un modèle souvent assimilé à celui de la femme au foyer des années 1950.
Elles valorisent un mode de vie considéré comme plus simple et centré sur le foyer, avec des activités privilégiées comme la cuisine, les travaux ménagers, l’art de recevoir et la couture. Certaines “tradwives” partagent ce mode de vie sur les réseaux sociaux, proposant des conseils en matière de cuisine, d’entretien de la maison, de beauté ou de relations de couple.
Ce mouvement est parfois perçu comme anti-féministe par ses détracteurs, car il va à l’encontre des principes d’émancipation et d’égalité des sexes défendus par le féminisme. Cependant, certaines “tradwives” estiment que ce choix de vie est une forme d’épanouissement personnel et un choix libre pour les femmes.
Même si, aujourd’hui, ce terme est de plus en plus utilisé par la nouvelle génération de femmes actives Djiboutiennes, chez nous, l’on pourrait qualifier les « gaari » de tradwifes.
Siham, 42 ans
Ma belle-mère vit avec nous depuis mon mariage, et je suis mariée depuis 12 ans. Tous les jours, elle me reproche mes moindres faits et gestes. Pour elle, même ma façon de respirer l’énerve. Je suis tout, sauf une bonne épouse. Elle n’aime pas ma cuisine, elle trouve que c’est soit trop salé, pas assez sucré, trop d’huile, bref, ce n’est jamais bon. Ma maison est toujours sale, son fils pas assez nourri….
Bref, je ne saurais vous dire toutes les reproches qu’elle me fait tous les jours. Je crois que je ne suis pas assez à son gout. Je l’entends souvent me comparer à ma voisine, qui selon, elle, remplit tous les critères de la « Gaari ». Et pourtant, elle est beaucoup plus vieille que moi. Je me dis que, dans la mesure où mon mari m’aime et qu’il apprécie ma cuisine, elle n’a qu’à m’insulter, ce n’est pas pour autant que j’abandonnerai mon foyer. Et ainsi va la vie, si elle ne m’aime pas , elle n’a qu’à partir, ce qui m’étonnerai , car , je reste son souffre-douleur et sans moi elle s’ennuierai très vite de la vie.
Aicha-Houda, 25 ans
Quelques jours avant mon mariage, j’ai été conviée à un déjeuner par ma belle-famille. J’ai longtemps discuté avec ma belle-mère et c’est là que j’ai découvert ce terme. Au début, je n’ai pas très bien compris là où ma belle-mère voulait en venir, mais au fur et à mesure de la conversation, j’ai réalisé qu’elle voulait que je sois une épouse modèle pour son fils. Mais, je n’ai pas été élevée pour être la bonne à tout faire d’un homme. J’ai un doctorat, et j’ai voyagé un peu partout en Europe. Cette mentalité qui veut que je sois une « bonne épouse », qui attend impatiemment le retour de son mari du travail, très peu pour moi. Je n’adhère pas à cette mentalité qui demande aux femmes d’être confinées dans la cuisine, ou de s’occuper à plein temps des enfants et du mari.
Mes parents m’ont éduqué pour que je participe pleinement au développement de mon pays, certes mon foyer doit
rester ma priorité. Mais une femme épanouit dans son couple apportera plus à sa famille, que celle qui n’a pas vraiment le choix. C’est ma façon de penser et j’espère que je ne suis pas seule à voir les choses comme ça.
N. Kadassiya