
À Djibouti, un tournant majeur dans le développement rural vient d’être amorcé. Le ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage et des Ressources Halieutiques (MAEPE-RH) a conclu une convention de partenariat stratégique avec les Caisses Populaires d’Épargne et de Crédit (CPEC) de Djibouti, du Nord et du Sud. Cet accord s’inscrit dans le cadre du projet BREFONS, financé par le gouvernement djiboutien et la Banque Africaine de Développement (BAD).
Son objectif : offrir un meilleur accès au financement pour les populations rurales vulnérables, en particulier les femmes, les jeunes, les agro-pasteurs et les petits pêcheurs. Une initiative structurante, qui ambitionne de transformer en profondeur le paysage agricole et halieutique du pays.

Hier, dans la salle de réunion du ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de la Pêche, de l’Élevage et des Ressources Halieutiques (MAEPE-RH), s’est tenue une cérémonie d’une importance capitale pour l’avenir socio-économique de Djibouti. Le ministère a officialisé la signature d’une convention de partenariat avec les Caisses Populaires d’Épargne et de Crédit (CPEC) des régions de Djibouti ville, du Nord et du Sud, dans le cadre du projet BREFONS. Ce dernier, cofinancé par l’État djiboutien et la Banque Africaine de Développement (BAD), a pour ambition de renforcer la résilience des communautés rurales face à l’insécurité alimentaire, aux effets du changement climatique et à la précarité économique.
La rencontre a réuni plusieurs personnalités de premier plan, dont M. Ibrahim Elmi Mohamed, secrétaire général du MAEPE-RH, M. Omar Ibrahim Omar, directeur général des CPEC de Djibouti ville et du Nord, ainsi que Mme Amina Idriss Ismail, présidente du conseil d’administration de la CPEC du Sud.

Dans leurs interventions respectives, les représentants des deux institutions ont mis en lumière l’importance de cette collaboration inédite. Pour M. Omar Ibrahim Omar, « ce projet ambitieux et structurant témoigne de notre engagement commun à renforcer la résilience économique et sociale des populations rurales les plus vulnérables de notre pays ».
Il a précisé que le projet cible environ 20 000 ménages, soit près de 120 000 personnes, dont 50 % seront des femmes. Le projet vise des acteurs clés des filières agricoles, pastorales et halieutiques, notamment les petits éleveurs, pêcheurs artisanaux et agro-pasteurs.
Au cœur du dispositif : un guichet de financement dédié aux activités rurales. Celui-ci permettra aux bénéficiaires d’accéder à des microcrédits allant de 500 000 à 1 000 000 FDJ pour les individus, et de 1 500 000 à 2 000 000 FDJ pour les groupements. Le financement sera basé sur un schéma de cofinancement équilibré : 40 % pris en charge par le projet BREFONS, 50 % octroyé sous forme de crédit par les CPEC, et 10 % d’apport personnel. De plus, tous les intérêts et frais de dossier seront couverts par le projet, facilitant ainsi un accès sans barrière au crédit.
Le modèle adopté s’inscrit dans une dynamique d’inclusion sociale. Il vise notamment à favoriser la participation des femmes – reconnues comme piliers du développement local – à travers une allocation spécifique de 35 % du budget des sous-projets en leur faveur. En parallèle, les jeunes entrepreneurs des zones rurales seront également ciblés pour bénéficier de cette opportunité de financement. Le secrétaire général du MAEPE-RH, M. Ibrahim Elmi Mohamed, a souligné quant à lui la portée stratégique du programme BREFONS. Il a rappelé que ce projet, conçu avec l’appui de la BAD, s’inscrit dans une démarche globale d’adaptation au changement climatique, avec un accent particulier sur les zones côtières exposées aux aléas environnementaux.
« À travers ses différentes composantes, BREFONS vise à soutenir les producteurs, agro-pasteurs et pêcheurs en leur offrant des mécanismes d’accès aux services productifs, à l’accompagnement technique et surtout au financement », a-t-il déclaré.
Le programme repose sur quatre composantes majeures à savoir le renforcement de la résilience des systèmes agro-sylvo-pastoraux face au changement climatique, l’appui au développement de l’agro-business local, le renforcement des capacités adaptatives des communautés, la coordination et la gestion efficiente du programme.
Un impact mesurable sur le terrain
Le projet BREFONS, à travers la convention signée, vise à impulser une dynamique durable de transformation économique dans les cinq régions de Djibouti, y compris la zone d’Ambouli à Djibouti ville. Le montant total alloué s’élève à 104 millions de Francs Djibouti, répartis à raison de 52 millions FDJ par CPEC sur 24 mois. Ces fonds seront spécifiquement orientés vers le financement de projets agricoles, halieutiques et d’élevage à petite échelle.
Les retombées attendues sont significatives la création de 300 à 500 emplois directs en faveur des jeunes et des femmes, la mise en place de plans d’affaires viables, financés via des mécanismes sensibles au genre, l’accompagnement des bénéficiaires dans la structuration, la formation à l’entrepreneuriat, la commercialisation et la gestion durable de leurs activités.
Un aspect fondamental du programme repose sur la mobilisation des parties prenantes locales. En effet, les activités de sensibilisation seront assurées par les animatrices de la CPEC, tandis que le suivi technique sera supervisé par les sous-directeurs du MAEPE-RH, le cabinet d’assistance technique et les équipes des CPEC. Une collaboration étroite avec les préfectures et les conseils régionaux est également prévue pour faciliter l’identification des projets les plus prometteurs.
Il est à noter que ce mécanisme cible en priorité les AGR (activités génératrices de revenus) existantes, afin d’optimiser leur impact sur le tissu économique local.
Ce partenariat s’inscrit pleinement dans la vision stratégique du président de la République, M. Ismaïl Omar Guelleh, qui place la lutte contre l’insécurité alimentaire et le renforcement de la résilience des populations rurales au cœur de son agenda. Il répond également aux Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment ceux liés à l’élimination de la pauvreté, à la sécurité alimentaire, à l’égalité des sexes et à l’action climatique. La mise en œuvre du projet BREFONS marque donc une avancée concrète vers un modèle de développement rural inclusif, participatif et résilient, en harmonie avec les stratégies nationales d’adaptation aux changements climatiques, et les efforts régionaux pour la stabilité et la paix dans la Corne de l’Afrique. Depuis leur création en 2010, les CPEC se sont imposées comme des acteurs financiers de proximité au service des populations djiboutiennes. Ce partenariat vient renforcer leur mission première : l’inclusion financière des couches les plus vulnérables de la société. En facilitant l’accès au crédit à des milliers de producteurs, pêcheurs et éleveurs, les CPEC joueront un rôle de catalyseur dans la transformation économique des territoires ruraux.
Le ministère, quant à lui, se montre confiant dans la capacité des CPEC à gérer efficacement les fonds et à accompagner les bénéficiaires dans le respect des indicateurs du programme. L’objectif ultime étant d’accroître les revenus des ménages, de renforcer la sécurité alimentaire et de stimuler l’économie locale par l’innovation, la formation et l’investissement productif.
La signature de cette convention entre le MAEPE-RH et les CPEC constitue une étape décisive dans la mise en œuvre d’une politique agricole et halieutique ambitieuse, solidaire et inclusive. En investissant dans les potentialités humaines et naturelles de Djibouti, ce partenariat donne une impulsion nouvelle à la croissance rurale et à la lutte contre la pauvreté. Reste désormais à traduire cette volonté politique en résultats concrets sur le terrain, à travers une coordination exemplaire et une mobilisation continue des communautés bénéficiaires.
Mohamed Chakib