Hier matin, l’hôtel Sheraton a accueilli un atelier de restitution consacré au renforcement de la gouvernance de l’eau en milieu rural. Cette rencontre, organisée par le ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de l’Élevage, de la Pêche et des Ressources halieutiques à travers la Direction de l’hydraulique rurale, a marqué une étape importante dans la consolidation d’un modèle participatif de gestion des points d’eau dans les zones rurales du pays.

L’accès universel et durable à l’eau potable demeure une priorité stratégique pour la République de Djibouti. Il s’agit d’un enjeu vital inscrit au cœur de la Vision Djibouti 2035 et des engagements du pays envers les Objectifs de développement durable. Dans un contexte caractérisé par la rareté hydrique, la sécheresse récurrente et la vulnérabilité climatique, l’eau s’impose plus que jamais comme un facteur essentiel de cohésion sociale et de stabilité économique. Dans les zones rurales, ces défis se traduisent par des tensions croissantes sur les ressources, aggravées par la pression démographique, la dégradation des infrastructures et l’exode des populations vers les centres urbains.

C’est dans ce contexte que le ministère de l’Agriculture, de l’Eau, de l’Élevage, de la Pêche et des Ressources halieutiques, avec l’appui du Bureau UNICEF de Djibouti et en partenariat avec le Programme des Nations Unies pour le Développement, a mis en œuvre une initiative pilote de gestion participative des points d’eau. Ce programme a été conduit dans quatre sous-préfectures des régions d’Ali-Sabieh et de Dikhil, à savoir Daasbiyo, As-Eyla, Yoboki et Mouloud. Ces localités, choisies pour la diversité de leurs contextes hydrosociaux, ont servi de terrain d’expérimentation à un modèle de gouvernance locale fondé sur la participation communautaire.

L’atelier de restitution avait pour objectif de présenter les résultats de cette expérience et d’envisager les conditions de sa mise à l’échelle à l’ensemble du territoire national. Il s’agissait de dresser le bilan du travail accompli par le Bureau d’études SAFI, de partager les leçons tirées du projet pilote et d’élaborer des recommandations pour la pérennisation des pratiques participatives. L’événement a réuni des représentants du ministère, des experts du Bureau SAFI, des responsables du PNUD, ainsi que des membres des comités locaux de gestion de l’eau venus de plusieurs localités rurales.

Ouvrant les travaux, le directeur de l’Hydraulique rurale, Hassan Mohamed Hassan, a souligné l’importance stratégique de cette démarche. Il a rappelé que l’accès universel à l’eau potable ne relevait pas uniquement d’une politique de développement, mais d’un impératif de survie et d’un vecteur de cohésion nationale. Il a insisté sur le fait que cet atelier ne constituait pas une simple étape de clôture, mais un moment de réflexion sur la manière de consolider les acquis et d’étendre le modèle à d’autres régions du pays. Le directeur a salué la mobilisation des partenaires techniques et financiers, en particulier celle du PNUD, pour leur contribution déterminante à la réussite du projet.

Mme Oumama Ennaïfer, cheffe de projet au PNUD, est revenue sur la portée de cette expérience pilote. Elle a expliqué que le travail mené dans les sous-préfectures de Dikhil et d’Ali-Sabieh avait permis de mieux comprendre la diversité des réalités locales et d’identifier des solutions adaptées aux défis rencontrés. Selon elle, les infrastructures constituent souvent le principal maillon faible de la chaîne, et leur réhabilitation demeure indispensable à toute gouvernance efficace de l’eau. Elle a également mis en avant l’exemple de Daasbiyo, qui démontre que l’implication réelle des communautés peut transformer la gestion de la ressource et devenir un modèle reproductible à l’échelle nationale. Les outils, les cadres de concertation et les dispositifs d’accompagnement développés dans le cadre de ce projet constituent désormais une base solide pour généraliser la démarche à d’autres zones rurales.

Les experts du Bureau d’études SAFI ont, pour leur part, présenté les résultats concrets obtenus sur le terrain. L’expérience de Daasbiyo, en particulier, a permis d’améliorer la continuité du service, de renforcer la transparence financière et de responsabiliser davantage les comités locaux. Ces résultats traduisent la pertinence d’un modèle fondé sur la participation active des usagers dans la gestion, l’entretien et la supervision des points d’eau. Les discussions ont mis en évidence que la réussite d’une telle approche repose sur la confiance entre les acteurs, la clarté des responsabilités et l’existence d’un cadre juridique reconnu. Les débats ont ensuite porté sur les perspectives d’institutionnalisation du modèle participatif dans le cadre de la Stratégie nationale de gestion des points d’eau en milieu rural. Les participants ont convenu de la nécessité de consolider le rôle des collectivités locales, de renforcer la formation des membres des comités de gestion et de promouvoir une coordination plus étroite entre l’État, les autorités décentralisées et les partenaires internationaux. Plusieurs intervenants ont insisté sur l’importance d’une gouvernance fondée sur la proximité, la redevabilité et la transparence, gages de durabilité et d’efficacité.

La séance s’est achevée par la signature d’un protocole d’accord entre la Direction de l’Hydraulique rurale et le Comité de gestion de l’eau de Daasbiyo, officialisant ainsi le statut réglementaire de ce modèle participatif. Cet acte marque une avancée significative dans la reconnaissance institutionnelle des structures communautaires et ouvre la voie à leur intégration dans le dispositif national de gestion hydraulique.

À travers cette initiative, le gouvernement réaffirme sa volonté de bâtir une gouvernance de l’eau durable, inclusive et résiliente. L’expérience des zones pilotes a démontré qu’une approche communautaire bien encadrée permet non seulement d’améliorer l’efficacité du service, mais aussi de renforcer la cohésion sociale et la responsabilisation citoyenne. Le modèle mis en œuvre à Daasbiyo et dans les autres localités témoigne de la capacité des populations rurales à s’approprier la gestion de leur ressource la plus vitale lorsqu’elles sont accompagnées et reconnues par les institutions publiques.

Cette démarche s’inscrit dans une vision d’avenir où l’eau n’est pas seulement considérée comme une ressource naturelle, mais comme un bien commun autour duquel se construit la solidarité nationale. En plaçant la participation des communautés au centre de la gouvernance, Djibouti confirme son engagement à garantir à chaque citoyen un accès équitable et durable à l’eau potable, conformément à ses ambitions de développement et à sa Vision 2035.

Djibril Abdi Ali