La guerre en Ukraine montre que ce qui se passe là-bas dépasse largement un simple combat entre deux armées. On voit bien aujourd’hui à quel point le monde est en train de changer, avec des tensions entre les pays riches et de nouvelles puissances qui montent. L’Occident a du mal à mettre ses idées et ses actions d’accord : d’un côté, il défend des principes moraux, et de l’autre, il joue des jeux politiques complexes. Les sanctions contre la Russie ont des conséquences sur tout le monde, y compris ceux qui les ont décidées. Derrière les bombardements et les souffrances humaines, ce conflit révèle un bouleversement mondial majeur. La question est maintenant : comment les grands acteurs de la scène internationale peuvent-ils trouver de nouvelles façons de travailler ensemble pour éviter que ça empire ?

Ces derniers temps, en regardant ce qui se passe en Ukraine, je me suis souvent demandé comment nous en sommes arrivés là. Ce conflit, qui secoue l’Europe depuis plus d’un an, est bien plus qu’une simple opposition entre deux armées. C’est une affaire qui s’est mondialisé, même si on ne s’en rend pas toujours compte.

Avec les réseaux sociaux et les informations qui circulent à toute vitesse, on suit cette guerre comme jamais auparavant. Chaque mouvement des troupes, chaque bombardement, chaque avancée ou recul est documenté et partagé en direct. Cela donne une vision presque instantanée de ce qui se passe sur le terrain. Mais attention, tout n’est pas forcément clair. Les images et les données peuvent être manipulées pour servir des discours politiques. Par exemple, on entend souvent dire que les Russes subissent de lourdes pertes dans leurs offensives, mais en réalité, ils progressent lentement mais sûrement en infligeant de gros dégâts à l’ennemi. Il faut donc rester vigilant face aux interprétations trop rapides.

Les sanctions imposées à la Russie ont été présentées comme une solution magique pour affaiblir Moscou. Sauf que ces mesures touchent aussi ceux qui les appliquent. En France et en Allemagne, on a ressenti déjà les conséquences : augmentation du prix de l’énergie, inflation galopante… C’est un peu comme si on se tirait dans le pied en pensant frapper l’autre. Cette situation montre bien qu’il faudrait peut-être réfléchir davantage avant d’imposer ce genre de mesures, surtout lorsqu’elles pèsent autant sur les quotidiens des européens.

Mais depuis quelques mois la scène internationale est en ébullition, et l’Ukraine, malgré ses combats héroïques, n’est plus au centre des priorités stratégiques. Depuis que Donald Trump a repris les rênes de la Maison Blanche, Washington semble avoir redéfini son agenda mondial. La Chine, le Moyen-Orient et d’autres crises régionales ont pris le pas sur le soutien inconditionnel à Kiev. Ce recentrage américain laisse l’Europe dans une position délicate, forçant ses dirigeants à réfléchir sérieusement à leur rôle dans un monde de plus en plus multipolaire.

On parle beaucoup de paix, mais personne ne sait vraiment comment y arriver. Volodymyr Zelensky, certes courageux et charismatique, est-il encore la bonne personne pour conduire ces négociations ? Après sa rencontre avec le président des Etats-Unis, certains observateurs pensent que celui-ci ne fait plus l’affaire et pourraient chercher un autre leader ukrainien capable de rassembler toutes les sensibilités autour d’une table. Car après tout, la paix nécessite des compromis, et cela demande quelqu’un qui puisse parler au nom de tous les Ukrainiens, pas seulement d’une partie d’entre eux.

Mais il y a une chose qu’il est important ici de mettre en lumière, une vérité inconfortable selon moi: le discours occidental contemporain, trop souvent empreint d’un moralisme simpliste, peine à saisir les réalités complexes du jeu géopolitique. Dans ce contexte, la guerre en Ukraine apparaît non seulement comme une tragédie humaine mais aussi comme un miroir cruel des contradictions de notre époque.

La première faiblesse de l’Occident réside dans sa difficulté à définir clairement ses adversaires. Ce n’est pas par hasard si les grandes puissances se trouvent aujourd’hui engluées dans une rhétorique confuse, oscillant entre condamnations morales et calculs stratégiques.

Pourtant, la distinction entre alliés et ennemis ne devrait pas relever d’un jugement moral abstrait, mais bien d’une évaluation pragmatique des intérêts nationaux.

En cédant à la tentation de réduire toute menace à des questions de droits humains ou de valeurs universelles, l’Occident s’expose à une myopie politique fatale. La Russie, par exemple, n’est ni un simple oppresseur ni un partenaire potentiel elle est avant tout une grande puissance dont les ambitions historiques doivent être comprises pour être contenues.

Face à cette complexité, les discussions entre Washington et Moscou, même lorsqu’elles se déroulent dans des lieux improbables tels que Riyad, prennent une importance cruciale. Ces rencontres ne sont pas des gestes de faiblesse, mais des nécessités vitales pour éviter une escalade incontrôlable. La diplomatie ne consiste pas à chercher des amis idéologiques, mais à identifier des interlocuteurs capables de préserver l’équilibre global. Cela implique de reconnaître que la Russie, malgré ces excès reste un acteur incontournable sur la scène internationale. Ignorer cette réalité reviendrait à signer l’acte de décès d’une paix fragile.

Le Triomphe de la Realpolitik

Si l’on veut comprendre pourquoi l’Occident navigue aujourd’hui en eaux troubles, il faut admettre que le rêve d’un ordre mondial fondé sur des principes universels a fait long feu. Le retour au réalisme politique est inévitable, car les nations agissent moins par conviction morale que par instinct de survie. Les États-Unis eux-mêmes, malgré leurs discours grandiloquents, ne peuvent échapper à cette logique. Leur priorité doit être de protéger leurs propres intérêts économiques et stratégiques, plutôt que de s’engager dans des aventures idéologiques coûteuses. Cela signifie renforcer les partenariats concrets avec des pays émergents, tout en acceptant les limites de leur influence sur des régions comme l’Europe.

Quant à l’Union européenne, elle illustre parfaitement les dangers d’une perte d’autonomie stratégique. Depuis des décennies, Bruxelles a choisi de sous-traiter sa sécurité à Washington, abandonnant ainsi toute ambition de souveraineté véritable. Cette dépendance vis-à-vis des États-Unis a conduit à une impuissance criante face aux défis actuels. Aujourd’hui, alors que l’Amérique semble se désengager progressivement du continent européen, à mon humble opinion, l’UE risque de se retrouver démunie, incapable de répondre efficacement aux pressions extérieures. Sans une refonte radicale de sa doctrine stratégique, elle continuera inexorablement à perdre son statut de puissance globale.

Mais au-delà des calculs géopolitiques, il est urgent de rappeler le prix humain de ces conflits. La guerre en Ukraine, instrumentalisée par des facteurs exogènes, a transformé une population entière en otage de leurs rivalités. Les Ukrainiens, pris entre deux feux, subissent les conséquences directes de décisions prises loin de leurs frontières. Cette situation montre à quel point la responsabilité morale ne peut jamais être totalement dissociée de la stratégie politique. Si l’on veut éviter de nouvelles catastrophes, il faut réapprendre à conjuguer force et humanité.

Le monde devenant de plus en plus multipolaire, où d’autres puissances comme Pékin et Moscou affirment leur présence, il devient indispensable pour l’Occident de repenser les bases mêmes de la diplomatie. Les anciennes alliances ne suffiront plus; il faudra composer avec des acteurs diversifiés, chacun ayant ses propres visions du monde. Cette transition vers un nouvel ordre international exigerait de tous une dose supplémentaire de lucidité et de souplesse. Plutôt que de chercher à imposer des règles unilatérales, les nations doivent apprendre à négocier dans un esprit de compromis mutuel.

Cette réflexion nous rappelle que la géopolitique n’est pas un jeu d’échecs où chaque coup serait calculé à l’avance.

C’est un théâtre mouvant, où les erreurs passées se payent cash et où les opportunités futures ne se présentent qu’à ceux qui savent anticiper. Face à cet horizon incertain, il appartient désormais aux dirigeants de faire preuve de courage intellectuel, en remplaçant les illusions par des réalités brutales. Car seule une compréhension profonde des dynamiques en jeu permettra de construire un avenir plus stable et durable. Il est un impératif de sortir de l’illusion selon laquelle la guerre en Ukraine peut être gagnée uniquement par la force brute. La diplomatie doit redevenir le principal outil.

Accepter des compromis difficiles aujourd’hui pourrait nous épargner des drames bien plus grands demain. Cela nécessite non seulement de comprendre les positions adverses mais aussi de reconnaître nos propres erreurs passées.

L’Europe se trouve à un carrefour crucial de son histoire. Elle doit choisir entre continuer à naviguer en eaux troubles ou saisir cette opportunité pour réinventer son rôle sur la scène mondiale. Ce sera un test décisif pour sa résilience et sa capacité à façonner un futur durable pour ses peuples.

Said Mohamed Halato