
Pour aller de l’avant, les autorités du monde entier doivent prendre le temps de réfléchir à la question de savoir si le monde est prêt à faire face aux futures pandémies et aux urgences mondiales découlant de la crise climatique.

L’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD), en collaboration avec le gouvernement du canada et LDII (Initiatives internationales de développement des moyens de subsistances) a organisé du 11 au 13 juillet 2024 la première conférence post-covid à Toronto, au Canada. La délégation de l’IGAD, dirigée par Mme Fathia Alwan, directrice de la santé et du développement social de l’organisation régionale, y a participé en tant que coprésidente et coorganisatrice de cette conférence historique. La conférence a rassemblé les États membres de l’UA, l’IGAD, les blocs régionaux, les académies et les universités du Canada. Cette première conférence a offert une plateforme idéale pour favoriser la mise en réseau des pays du Sud et du Nord, pour apprécier les expériences individuelles vécues lors de la pandémie et pour tirer parti des innovations des secteurs privé et public, en vue d’un monde post-covid19 plus résilient. Les objectifs spécifiques étaient d’organiser une plate-forme mondiale d’échange de connaissances, d’identifier les lacunes existantes en matière de réponse aux pandémies et aux crises entre le Sud et le Nord, de mettre en évidence et de recommander des mesures politiques visant à supprimer les obstacles structurels et, enfin, d’indiquer les préoccupations des femmes, des jeunes et des personnes âgées dans les politiques relatives aux futures réponses aux pandémies et aux chocs mondiaux.
Cette première conférence internationale sur l’après-Covid-19 offre à tous un moment de réflexion sur le défi et la réponse apportée par l’unité mondiale des pays du monde entier dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 et permet de tirer des leçons et des expériences pour l’avenir.

Situation et défi
La pandémie de COVID-19 a mis en évidence la manière dont les inégalités et les injustices sociales peuvent être à l’origine d’immenses souffrances humaines et de nombreux décès. Alors que les effets du Covid-19 se répercutaient sur le paysage mondial, les inégalités au sein des pays et entre eux sont devenues dramatiquement visibles, comme l’ont montré les différentes délibérations. Les inégalités et les disparités qui ont marqué l’ère de la pandémie ont montré un monde non préparé à faire face à des pandémies et à des urgences mondiales similaires, voire plus graves.
Bien qu’il soit difficile d’estimer l’étendue des dommages économiques causés par la pandémie, le Covid-19 a indubitablement eu de graves répercussions négatives sur toutes les facettes de l’économie mondiale. La pandémie a généralement entravé les progrès sur de nombreux fronts sociaux, culturels, économiques et politiques. Les personnes décédées des suites de la pandémie ne seront peut-être jamais recensées avec précision. La pandémie a fait dérailler les efforts de développement et les avancées vers le développement économique et social dans les pays en développement, ce qui a eu pour effet de retarder de plusieurs décennies les efforts déployés pour atteindre les ODD.
La répartition mondiale inégale des ressources destinées à éviter ou à atténuer l’impact de futures pandémies témoigne d’un manque flagrant de solidarité mondiale en matière d’interventions d’urgence.
Par conséquent, l’impact de la dernière pandémie a été ressenti de manière inégale au niveau mondial, entre les pays et à l’intérieur de ceux-ci, les communautés les plus vulnérables et les plus défavorisées étant les plus profondément affectées par les conséquences à long terme. Les perturbations des moyens de subsistance, de l’éducation et de la protection sociale au cours de la pandémie de Covid-19 ont eu un impact direct sur la population mondiale et l’espérance de vie. Le fardeau de la pandémie a exacerbé les défis sanitaires auxquels les communautés mondiales sont confrontées en raison des agents pathogènes zoonotiques, de la crise climatique, des conflits, de la résistance aux médicaments, des maladies transmissibles et non transmissibles et des déterminants sociaux, économiques et politiques de la santé. Ces situations persistantes ont exposé les communautés mondiales à des maladies et accru la charge des soins pour les systèmes de santé fragiles. La persistance d’un taux d’inflation élevé a plongé davantage de personnes dans la pauvreté, mettant en évidence les efforts prolongés de redressement après la crise du Covid-19. Pour aller de l’avant, les autorités du monde entier doivent prendre le temps de réfléchir à la question de savoir si le monde est prêt à faire face aux futures pandémies et aux urgences mondiales découlant de la crise climatique. D’ores et déjà, les tendances montrent que les pandémies sont plus fréquentes et sporadiques, sans origines spécifiques et prévisibles, ni période d’apparition et de récurrence.
L’expérience dans la corne de l’Afrique et la réponse
À la suite de la déclaration des chefs d’État et de gouvernement de la région de l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) et de l’appel à l’action lancé par les ministres de la santé et des finances, respectivement le 30 mars et le 8 avril 2020, l’Union européenne (UE) a réagi en finançant la stratégie de réponse régionale de l’IGAD afin d’atténuer les effets sanitaires et socio-économiques du COVID-19 sur les communautés transfrontalières, les migrants, les réfugiés et les communautés d’accueil, les personnes déplacées à l’intérieur de leur pays et d’autres populations mobiles dans la région de l’IGAD.
La réponse au COVID-19 en Afrique, en particulier dans notre région, a été rapide et mandatée par les chefs d’État et de gouvernement du continent, mobilisant tous les engagements politiques et les ressources nécessaires avec une coordination solide et une implication rapide des États membres. Le programme de réponse UE-IGAD au COVID-19, qui a contribué à atténuer l’impact sanitaire et socio-économique du COVID-19 à Djibouti, en Éthiopie, au Kenya, en Somalie, au Sud-Soudan, au Soudan et en Ouganda, a reçu 60 millions d’euros de l’Union européenne à la suite d’un appel à l’aide lancé par les chefs d’État et de gouvernement des États membres de l’IGAD en mars 2020. Le programme s’est concentré sur les populations vulnérables, notamment les populations transfrontalières, les migrants, les personnes déplacées, les réfugiés et les communautés d’accueil dans les sites transfrontaliers sélectionnés par les États membres, les centres d’installation de réfugiés et les centres de migration. Le programme de réponse COVID-19 de l’UE-IGAD, qui a été mis en œuvre dans 55 sites, a bénéficié à 7 millions de personnes vulnérables tout en renforçant la surveillance de la santé et des maladies, l’eau, l’assainissement et l’hygiène, la protection des enfants et la prévention de la violence fondée sur le genre. 8,5 millions d’euros d’équipements de protection individuelle et de fournitures médicales diverses, 22 ambulances, 5 véhicules utilitaires, 1 réservoir d’eau, 14 machines PCR, 7 laboratoires mobiles ont été livrés. Des installations d’isolement et de quarantaine ainsi que des zones commerciales sûres ont également été mises en place, et plus de 6 000 chauffeurs de camion ont été vaccinés dans les couloirs commerciaux entre l’Éthiopie et Djibouti.
Les recommandations
Cette première conférence post COVID a abouti sur des recommandations tendant surtout à mettre en place et rendre fonctionnel le mécanisme opérationnel “Une seule santé” dans le monde entier. En effet, les êtres humains se nourrissent d’animaux et de plantes, et les épidémies peuvent donc se propager à travers toutes ces sources si l’on n’y prend pas garde. Il est donc nécessaire d’organiser des formations spécifiques sur le thème “Une seule santé” dans le monde entier pour nos acteurs afin de lutter contre les sources émergentes de maladies. Il est également nécessaire de renforcer le dépistage de la population, l’inspection des animaux, les moyens de transport et les cargaisons qui transitent dans le monde entier afin de prévenir l’exportation et l’importation de maladies transfrontalières. Comme il est urgent d’activer et de rendre fonctionnelles les zones de surveillance transfrontalière afin d’améliorer la détection précoce des maladies/infections aux frontières et en transit dans le monde.
Il est enfin nécessaire de renforcer les services de laboratoire afin d’améliorer la détection précoce des maladies dans le monde entier, ainsi que d’encourager les gouvernements, le secteur privé et les autres parties prenantes à fournir des ressources pour soutenir la gestion intégrée de la santé, en particulier au niveau des frontières.
Ceci pour l’essentiel.
AAF