
Né le 27 août 1994 à Djibouti, Mohamed Moussa Robleh est aujourd’hui l’une de cesfigures discrètes mais essentielles qui font vivre l’école publique djiboutienne au quotidien. Résidant au quartier 7 bis, il incarne une génération d’enseignants engagés, conscients des enjeux éducatifs et profondément attachés à la mission de transmission du savoir. Son parcours, marqué par la persévérance, l’adaptabilité et le sens du devoir, illustre parfaitement la richesse humaine du métier d’enseignant.

Dès son plus jeune âge, Mohamed manifeste une curiosité intellectuelle et une soif d’apprendre qui le distinguent. Enfant studieux, il observe avec admiration ses instituteurs et professeurs, sans pour autant imaginer immédiatement suivre leurs traces. Comme beaucoup de jeunes de sa génération, son rêve initial s’orientait vers un autre domaine. « Mon rêve était de devenir informaticien, mais le destin a décidé que je sois enseignant au lycée de Gabode », confie-t-il avec une lucidité teintée de reconnaissance. Cette phrase résume à elle seule la trajectoire d’un homme qui a su accueillir les détours de la vie pour en faire une vocation.
Son parcours scolaire débute à l’école primaire d’Einguella, un établissement où il se distingue rapidement par son sérieux, son respect des règles et son goût pour l’apprentissage. Les enseignants y remarquent un élève assidu, attentif et toujours désireux de comprendre. Ces premières années constituent un socle fondamental dans sa formation, non seulement sur le plan académique, mais aussi sur le plan humain. Mohamed y apprend les valeurs essentielles de l’école : la discipline, l’effort et le respect des autres.
Au collège de Bouloas, Mohamed entre dans une nouvelle phase de son parcours. Il y découvre avec enthousiasme des disciplines qui élargissent son horizon intellectuel : le français, les mathématiques, la physique et les sciences de la vie et de la Terre. Le français, en particulier, exerce sur lui une fascination grandissante.
À travers les textes, les règles de la langue et la richesse de l’expression écrite, il développe peu à peu un goût prononcé pour les lettres. C’est à cette période que germe en lui, presque inconsciemment, le désir de transmettre à son tour ce qu’il apprend.
Admis par la suite au lycée d’État de Djibouti, Mohamed fait un choix déterminant : il opte pour la filière littéraire. Ce choix n’est pas anodin. Il traduit une affirmation de son identité intellectuelle et de son attrait pour les disciplines liées à la pensée, à l’analyse et à la communication. Élève appliqué, il s’investit pleinement dans ses études et obtient en 2014 un baccalauréat littéraire, fruit de plusieurs années de travail et de persévérance.
Son parcours universitaire se poursuit à l’Université de Djibouti, où il s’inscrit en licence de lettres modernes. Ces années universitaires représentent pour lui une étape décisive. Il y approfondit sa maîtrise de la langue française, découvre la littérature sous ses multiples formes et développe un regard critique sur les textes et les idées. En 2017, il obtient sa licence, couronnant ainsi un parcours académique solide. C’est à ce moment précis qu’il ressent plus clairement l’appel du métier d’enseignant, qu’il perçoit désormais comme une mission noble et essentielle pour le développement du pays.
Convaincu de l’importance du rôle de l’enseignant dans la société, Mohamed n’hésite pas à encourager ses amis de quartier à intégrer le corps professoral une fois leurs études universitaires achevées. Pour lui, enseigner ne se limite pas à dispenser des cours : c’est participer activement à la construction des citoyens de demain, transmettre des valeurs et offrir des perspectives d’avenir aux jeunes générations.
Aujourd’hui, Mohamed enseigne le français au lycée de Gabode, établissement emblématique de la capitale djiboutienne. Depuis neuf ans, il exerce ce métier avec passion et constance. « Le temps passe vite, c’est un métier passionnant où tu apprends énormément avec les étudiants », explique-t-il avec enthousiasme. Chaque année scolaire est pour lui une nouvelle aventure, faite de défis pédagogiques, de rencontres humaines et de moments de satisfaction lorsque les élèves progressent et gagnent en confiance.
Une formation pédagogique approfondie
Recruté par voie de concours dans l’enseignement public, Mohamed a bénéficié d’une formation pédagogique approfondie, incluant un volet spécifique à sa discipline. Cette formation lui a permis de consolider ses méthodes d’enseignement, de mieux structurer ses cours et d’adapter son approche aux besoins variés des élèves. Il y apprend également que le rôle de l’enseignant dépasse largement le cadre académique. Transmettre le savoir, certes, mais aussi accompagner les élèves, comprendre leurs difficultés, les écouter et parfois les soutenir dans des moments de vie délicats.
Au lycée de Gabode, Mohamed incarne pleinement le rôle d’un enseignant engagé et responsable. Il considère l’enseignement public comme un puissant levier d’égalité et de cohésion sociale. Pour lui, l’école doit être un espace où chaque élève, quelle que soit son origine sociale ou familiale, a la possibilité d’accéder à une éducation de qualité. Il insiste également sur l’importance du travail collectif, soulignant que la réussite des élèves repose sur une collaboration étroite entre enseignants, administration et familles. Parmi les expériences les plus marquantes de sa carrière, Mohamed évoque avec émotion un épisode particulièrement difficile. Un jour, en plein cours, une élève apprend le décès de son père. Face à cette situation délicate, il fait preuve d’un grand sens de l’humanité et de la responsabilité. Avec tact et discrétion, il lui transmet la nouvelle sans perturber la classe, puis l’accompagne dans ce moment douloureux. Cet événement illustre la dimension profondément humaine du métier d’enseignant, souvent confronté à des réalités qui dépassent le cadre scolaire.
Malgré les défis, Mohamed reste animé par une motivation intacte. Il est convaincu que l’éducation demeure l’un des piliers fondamentaux du développement national. Aujourd’hui, il souhaite adresser un message clair aux jeunes diplômés : rejoindre l’enseignement public est un choix de cœur autant qu’un engagement citoyen. « Si vous avez le goût de transmettre, le sens de l’engagement et la volonté de contribuer à une société plus juste, alors ce métier est fait pour vous », affirme-t-il avec conviction.
À travers son parcours, Mohamed Moussa Robleh incarne l’image d’un enseignant dévoué, conscient de sa responsabilité et fier de contribuer, jour après jour, à la formation des générations futures. Son histoire rappelle que derrière chaque salle de classe se cache un homme ou une femme engagé, pour qui l’éducation n’est pas seulement un métier, mais une véritable vocation.
Souber Hassan












































