
Le mouvement panafricaniste des années 1960 a marqué un tournant décisif dans l’histoire du continent africain. Incarnant les aspirations à l’unité, à la libération et à la dignité des peuples africains. Né d’une longue lutte contre la colonisation et l’impérialisme, ce mouvement a eu son apothéose avec la création, le 25 Mai 1963, de l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) à Addis-Abeba, en Ethiopie. Cette organisation, ancêtre de l’actuelle Union Africaine, avait pour objectif principal de renforcer la solidarité entre les États africains nouvellement indépendants, de coordonner leurs efforts pour éradiquer le colonialisme et l’apartheid ; tout en fixant comme priorité, le développement économique et social du continent. Les leaders africains de l’époque, véritables pères fondateurs de l’Afrique moderne, ont joué un rôle déterminant dans la création de l’OUA (voir encadré). Ces leaders emblématiques, dont nous citons que quelques-uns dans ce dossier, occupent une place privilégiée dans le cœur de tous les Africains. Leurs photos, exposées dans le hall principal du siège de l’Organisation, sont régulièrement visitées comme des œuvres d’art et restent l’objet de toutes les admirations. Et ce, quelle que soit la génération ! Bien qu’ayant eu, pour certains, des visions foncièrement divergentes sur la forme que devait prendre l’unité africaine ; ils partageaient tous cet objectif commun qui influença largement la création de l’OUA : libérer l’Afrique de toute domination étrangère et construire un avenir fondé sur la coopération et la solidarité. Depuis, beaucoup d’eau ont coulé sous les ponts !

L’OUA, malgré ses limites et ses défis, a posé les bases d’une collaboration continentale et permis de faire avancer des causes cruciales, comme la fin de l’apartheid en Afrique du Sud et la décolonisation des derniers bastions coloniaux. Le mouvement panafricaniste des années 1960 reste encore une source d’inspiration pour beaucoup de générations du continent. Dès sa création, le 23 Mai 1963, l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) comptait 33 États membres fondateurs. Dans la même décennie, 9 pays vont obtenir leur indépendance et rejoindre l’OUA qui va se retrouver à 42 membres. Durant les années 70, 9 pays dont la République de Djibouti, vont obtenir leur souveraineté et adhérer l’organisation qui va se retrouver avec un effectif de 51 Etats membres. Les trois décennies qui vont suivre, l’Union Africaine accueillera 4 nouveaux membres. Avant le changement d’appellation, l’OUA comptait donc 54 Etats membres.

La naissance de l’Union Africaine
Succédant l’Organisation de l’Unité Africaine (OUA) fondée en 1963, l’Union Africaine (UA) est créée le 9 Juillet 2002 à Durban, en Afrique du Sud ; et avec l’adhésion du Sud Soudan en 2011, regroupe aujourd’hui 55 États membres. L’UA a été conçue pour répondre aux défis du XXIe siècle, avec des objectifs ambitieux : promouvoir la paix, la sécurité, l’intégration politique et socio-économique, tout en défendant la souveraineté et l’intégrité territoriale des États membres. L’UA s’est rapidement imposée comme étant un pilier essentiel au développement et à l’unité de l’Afrique, malgré les défis persistants auxquels elle continue de faire face. Elle est structurée autour de plusieurs organes principaux dont chacun joue un rôle clé dans la réalisation de ses missions. La Conférence de l’Union, composée des chefs d’État et de gouvernement des pays membres, est l’organe décisionnel suprême, habilité à prendre toutes les décisions concernant les grandes orientations politiques de l’organisation. Le Conseil Exécutif, formé des ministres des Affaires étrangère des pays membres, est responsable de la mise en œuvre des décisions émanant de la Conférence et de la coordination des actions politiques, de la paix et de la sécurité. Mais aussi, dans des domaines très variés tels que le commerce, l’éducation, la santé, le développement et l’intégration régionale. Le Parlement Panafricain, basé à Midrand en Afrique du Sud, joue un rôle consultatif et législatif dont la mission est de promouvoir la participation des citoyens africains à la gouvernance.

La Commission de l’UA, organe exécutif dirigé par un président, gère les affaires quotidiennes de l’Union et met en œuvre ses politiques. La Cour de Justice Africaine, située à Arusha en Tanzanie, garantit le respect des droits de l’homme et de la justice, tandis que le Conseil Économique, Social et Culturel (ECOSOCC) intègre la société civile dans les processus décisionnels. L’UA est également structurée en plusieurs départements spécialisés, chacun ayant des missions spécifiques.
Le Département des Affaires Politiques, de la Paix et de la Sécurité se concentre sur la promotion de la démocratie et la gestion des conflits, jouant un rôle crucial dans la médiation et la prévention des crises. Il supervise également les missions de maintien de la paix, comme l’AMISOM, puis plus tard l’ATMIS en Somalie ; et lutte contre le terrorisme et les conflits armés.

Le Département des Infrastructures et de l’Énergie travaille sur le développement des infrastructures routières, ferroviaires et énergétiques, essentiel pour la mise en œuvre de l’Agenda 2063, qui vise à interconnecter le continent. Le Département du Commerce et de l’Industrie promeut la Zone de Libre-Échange Continentale Africaine (ZLECAf), stimulant le commerce intra-africain et soutenant les petites et moyennes entreprises (PME).
Le Département des Affaires Sociales défend les droits de l’homme, l’égalité des genres et la jeunesse, tout en mettant en œuvre des programmes de santé publique pour lutter contre le VIH/sida, le paludisme, Covid etc….

Le Département de l’Éducation, de la Science, de la Technologie et de l’Innovation améliore l’accès à l’éducation et soutient la recherche scientifique et l’innovation technologique, essentiels pour le développement des ressources humaines. Le Département de l’Agriculture, du Développement Rural et de l’Économie Bleue promeut la sécurité alimentaire et le développement rural, tout en encourageant l’exploitation durable des ressources maritimes.
Enfin, le Département des Ressources Humaines, de la Science et de la Technologie gère les ressources humaines de l’UA et soutient la formation et le développement des compétences.

Les missions de l’UA sont donc vastes et variées. Allant de la promotion de la paix et de la sécurité à travers des missions de maintien de paix et des mécanismes de prévention des conflits ; en passant par la favorisation de l’intégration économique via des initiatives comme la ZLECAf. L’UA défend également les droits de l’homme en soutenant les institutions démocratiques et en luttant contre les injustices, tout en encourageant le développement durable à travers des projets d’infrastructures et des politiques environnementales. Cependant, l’UA fait face à plusieurs défis majeurs, notamment en matière de financement car, elle dépend largement des contributions des partenaires extérieurs et des donateurs internationaux, ce qui limite son autonomie financière.
Les conflits persistants, comme ceux au Sahel et dans la région des Grands Lacs, continuent de poser des défis majeurs, tandis que les différences politiques et économiques entre les États membres compliquent la mise en œuvre d’une politique commune. Malgré ces défis, l’UA a enregistré plusieurs réalisations notables, notamment dans le domaine de paix et de sécurité où, les missions de maintien de la paix ont contribué à stabiliser plusieurs régions. L’intégration économique a également progressé avec la mise en œuvre de la ZLECAf, représentant une étape majeure vers l’intégration économique du continent. En matière de droits de l’homme, l’adoption de la Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples a renforcé la protection des droits fondamentaux. L’Agenda 2063, un plan stratégique pour la transformation de l’Afrique, vise à créer un continent prospère, intégré et pacifique d’ici 2063, avec des projets phares comme le réseau ferroviaire continental, le passeport africain et la création d’une zone de libre-échange continentale.
En conclusion, l’Union Africaine joue un rôle crucial dans le développement et l’intégration du continent, travaillant sans relâche pour un avenir meilleur pour tous les Africains, malgré les défis persistants.
Avec des initiatives comme l’Agenda 2063 et la ZLECAf, l’UA montre que l’Afrique est sur la voie d’une transformation profonde et durable, portée par une vision commune et une détermination sans faille.