
En mission à Antananarivo depuis le 6 novembre, l’Envoyé spécial de l’Union africaine, Ambassadeur Mohamed Idriss Farah, conduit une vaste série de consultations politiques destinées à rapprocher les acteurs de la transition et à encourager la reprise d’un dialogue national. Arrivé aux côtés d’une délégation de haut niveau menée par l’ancien président burundais Domitien Ndayizeye, président du Panel des Sages de l’UA, le diplomate djiboutien décrit une étape cruciale dans la recherche d’une sortie de crise durable. Son déplacement s’inscrit dans le prolongement des décisions prises mi-octobre par le Conseil de paix et de sécurité, qui a appelé à renforcer l’accompagnement de Madagascar sur la voie de la stabilité.
L’Ambassadeur Mohamed Idriss Farah, ancien représentant de Djibouti auprès de l’Union africaine et figure familière des milieux diplomatiques d’Addis-Abeba, conduit depuis plusieurs jours un intense travail de facilitation. Son programme comprend des discussions avec les autorités de transition notamment le président, le Premier ministre et la ministre des Affaires étrangères ainsi qu’avec les partis politiques, la société civile, les acteurs économiques, les organisations de jeunesse et les partenaires internationaux présents dans la capitale malgache.
Selon lui, ces rencontres se déroulent dans un climat d’écoute, de respect et d’ouverture, révélant chez les principaux acteurs une volonté partagée d’éviter l’escalade et de ramener la confiance. Le diplomate souligne qu’un point d’accord s’impose progressivement : la nécessité d’un dialogue politique national, inclusif et organisé dans les meilleurs délais. Beaucoup évoquent déjà l’idée d’« assises nationales » rassemblant l’ensemble des composantes sociales et politiques du pays pour jeter les bases d’un consensus élargi. Pour l’Union africaine, il ne s’agit pas d’imposer une feuille de route, mais de favoriser l’émergence d’une solution conçue par les Malgaches eux-mêmes. « La stabilité durable dépendra de leur capacité à construire un consensus fondé sur la responsabilité nationale », rappelle l’Envoyé spécial, qui plaide pour une approche graduelle, inclusive et pleinement souveraine.
Au cœur de cette mission figure également la coordination entre les différents partenaires internationaux impliqués dans le suivi de la situation malgache. L’Envoyé spécial insiste sur ce point : l’Union africaine agit en étroite collaboration avec la Communauté de développement d’Afrique australe (SADC), les Nations unies et les représentations diplomatiques présentes à Antananarivo. Plusieurs réunions conjointes ont déjà eu lieu, permettant de partager analyses et priorités, et d’éviter toute duplication dans les efforts de médiation. Cette cohérence est jugée essentielle pour accompagner la transition de manière efficace et crédible.
La présence simultanée de deux équipes de haut niveau de l’Union africaine sur le terrain , celle conduite par Domitien Ndayizeye et celle de l’Envoyé spécial Mohamed Idriss Farah illustre l’importance accordée par Addis-Abeba à la crise malgache.
Le diplomate précise toutefois qu’il ne s’agit pas de missions distinctes, mais d’une même démarche commune reposant sur des rôles complémentaires : le Panel des Sages apporte son expérience et sa capacité de médiation, tandis que l’Envoyé spécial incarne le mandat direct confié par le président de la Commission de l’Union africaine, Mahmoud Ali Youssouf.
Selon Mohamed Idriss Farah, cette double présence vise à multiplier les canaux de dialogue, à renforcer la confiance des acteurs et à offrir davantage d’espaces de concertation. L’objectif reste identique : contribuer à une transition apaisée et crédible, fondée sur l’inclusivité et la souveraineté politique. Le diplomate souligne qu’une attention particulière est portée à la prévention des tensions, notamment à un moment où la fragilité sociale et les divergences politiques pourraient facilement dégénérer. Interrogé sur les perspectives de sortie de crise, l’Envoyé spécial adopte un ton résolument optimiste. Madagascar, affirme-t-il, a démontré au fil de son histoire une capacité remarquable à surmonter les moments difficiles. Il estime que les conditions d’une résolution durable existent déjà, à condition que les acteurs privilégient l’intérêt supérieur de la Nation et la stabilité à long terme.
Le message adressé aux responsables politiques, aux partis, à la société civile et aux institutions est clair : la solution doit être « malgache », portée et choisie par les Malgaches eux-mêmes, dans un esprit de responsabilité collective. L’Union africaine, assure-t-il, restera engagée aux côtés du pays pour soutenir un processus pacifique, inclusif et durable.
La mission conduite par l’Envoyé spécial vient de boucler une première phase de consultations. Mais le diplomate entend revenir sur la Grande Île très prochainement, persuadé que la dynamique enclenchée doit être entretenue et consolidée pour porter ses fruits.
Son engagement continu témoigne de la détermination de l’Union africaine à accompagner Madagascar vers la stabilité, considérée aujourd’hui comme un enjeu majeur pour l’ensemble de la région.












































