Outre les personnels soignants, les professionnels sont de plus en plus nombreux à recourir aux visières de protection. De nombreuses entreprises se lancent dans leur commercialisation, les prix grimpent sur internet et les tutos de fabrication maison se multiplient. On fait le point avec Myriam Bouslama, experte en risques biologiques au sein de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS).

Qu’est-ce qu’une visière de protection ?

Les visières de protection, ou écrans faciaux, couvrent entièrement le visage, notamment les muqueuses (yeux, nez et bouche), portes d’entrée de prédilection des virus. Composées d’un serre-tête, auquel est fixé un écran transparent en polycarbonate, “elles doivent répondre à la norme européenne NF EN 166 qui concerne les protections individuelles de l’œil”, précise Myriam Bouslama. Cette norme prend en compte des exigences comme la qualité optique, le champ de vision, la solidité des serre-têtes ou le niveau de protection de l’écran.

“En milieu de soins, elles ne doivent pas être utilisées seules, mais en complément d’une protection respiratoire”, précise l’INRS dans une foire aux questions. Par ailleurs, “elles peuvent être retirées en minimisant le risque de se toucher le visage”, ajoute l’experte en risques biologiques qui rappelle que pour garantir leur efficacité, il faut éviter de les toucher pendant leur utilisation, ou encore de passer ses mains dessous pour se frotter les yeux par exemple. En revanche, contrairement aux lunettes-masque, elles ne permettent pas de se protéger des particules potentiellement infectieuses dans l’environnement car elles ne sont pas suffisamment étanches.

Les visières sont-elles aussi efficaces que les masques de protection ?

“Les visières sont des équipements de protection des yeux et du visage, non des équipements de protection respiratoire. À ce titre, elles sont moins efficaces que les masques pour lutter contre la propagation du virus”, insiste Myriam Bouslama.

Si on leur concède une certaine utilité, elles ne sont pas une solution miracle. En effet, “elles protègent uniquement des très grosses gouttelettes infectieuses émises immédiatement après une toux par une personne face à vous. Elles ne protègent pas des particules qui peuvent rester en suspension dans l’air”, rappelle-t-elle.

Cependant, pour les particuliers et les professionnels en dehors du secteur médical, elles  peuvent être utilisées au contact rapproché d’autres personnes, en complément de mesures organisationnelles et sanitaires, “comme le port d’un masque alternatif”, par exemple.

Les visières de protection sont-elles réutilisables ?

Oui, les visières de protection peuvent être utilisées plusieurs fois, “à condition qu’il s’agisse de visières répondant à la norme en vigueur”, note l’experte. Il convient alors de les nettoyer soigneusement avant et après chaque utilisation. Si possible une fois par heure pour les professionnels en contact avec du public.

Comment bien nettoyer une visière de protection ?

Comme toutes surfaces potentiellement contaminées par le virus, les visières de protection doivent être nettoyées, voire désinfectées. “Il est indispensable de nettoyer régulièrement les deux faces et les lanières des visières, en fonction du degré d’exposition et de sa durée d’utilisation”, indique Myriam Bouslama qui rappelle l’importance de se laver les mains avant de la retirer, et après l’avoir nettoyée.

“Le coronavirus SARS-CoV-2 est un virus fragile et sensible aux tensioactifs présents dans les produits de nettoyage (savons, dégraissants, détergents et détachants).”

“Ce nettoyage peut être doublé, en cas de doute, par une désinfection à l’aide de produits répondant à la norme virucide EN 14 476 ou avec de l’alcool à 70° ou de l’eau de javel à 0,1 % de chlore actif. Il est important de respecter la dilution, le temps de contact et le temps de séchage indiqué par le fabricant afin de ne pas altérer la qualité des visières”, conseille l’experte en risques biologiques. Par ailleurs, le port des gants est généralement recommandé lorsqu’on utilise des produits chimiques.

 “L’important est de s’assurer que ces dispositifs respectent bien la norme en vigueur”, indique Myriam Bouslama. Les prix avoisinent les 20 euros, mais varient selon les sites et les modèles. De même que les délais de réception.

Comment fabriquer une visière de protection ?

Système D oblige, les plus manuels peuvent se lancer dans la fabrication de leurs propres visières de protection. En théorie, rien de plus simple : munissez-vous d’une feuille A4 de PVC cristal transparente, d’un élastique, d’une agrafeuse et suivez le guide.

C’est notamment l’alternative proposée par le Dr Jean-Michel Wendling, médecin au sein de l’Association de conseil en santé au travail (ACST) :

Mais d’autres alternatives plus ou moins techniques proposent de fixer des feuilles de PVC à des casquettes, à l’aide de ruban adhésif :

Attention toutefois, “ces masques artisanaux ne remplissent pas forcément les critères de sécurité sanitaire. Ils doivent être portés en complément de masques respiratoires”, insiste Myriam Bouslama. Ils ne se substituent pas aux gestes barrières et aux mesures de distanciation physique indispensables dans la perspective du déconfinement.

Coronavirus :

10 trucs

à ne (surtout)

pas faire avec

son masque

Peut-on désinfecter son masque à la Javel? Peut-on passer son masque au four ? Peut-on faire bouillir son masque ? 10 mauvaises idées à éviter…

. Il existe 2 types de masques : les masques jetables (qui ne sont pas réutilisables) et les masques lavables (qui sont réutilisables un certain nombre de fois).

En outre, même s’ils restent moins efficaces que les masques produits de façon industrielle, les masques “alternatifs” en tissu cousus main peuvent également être utilisés !

À savoir.

Les masques

” sanitaires ” ou les

(fameux) masques FFP2 sont, à l’heure actuelle, réservés

aux personnels soignants.

 Ils ne sont pas vendus

en pharmacie.

CORONAVIRUS : PORTEZ UN MASQUE DE PROTECTION DÈS AUJOURD’HUI !

Toutefois, le 22 avril 2020, l’Académie Nationale de Médecine a appelé tous les Français à porter “sans attendre” un masque de protection grand public, même artisanal, dès qu’ils sortent de chez eux. En l’absence de vaccin et de médicament efficace contre le Sars-Cov-2, “c’est le seul moyen pour empêcher la transmission du virus de personne à personne” ont expliqué les autorités sanitaires.

À savoir. Pour être utilisé correctement (donc efficacement), le masque de protection doit couvrir intégralement la bouche, le menton et le nez. Il doit être porté pendant (maximum) 3-4 heures et être touché le moins possible.

Comment entretenir son masque de protection ? Pour les masques lavables et réutilisables, l’Association française de normalisation (Afnor) recommande un lavage en machine à 60 °C (cycle coton), pendant au moins 30 minutes. Il est possible de prévoir une “machine de masques” en conservant les masques de protection de toute la famille dans une boîte hermétique – qu’il faudra soigneusement désinfecter ensuite !