le discours du président de la République, Ismaïl Omar Guelleh, prononcé lors de la « Journée nationale de la bonne gouvernance », sonne comme un manifeste. Un manifeste pour une réforme structurelle et systémique des Entreprises et Établissements Publics (EEP), mais aussi – et surtout – comme un aveu d’urgence : l’appareil public, tel qu’il fonctionne aujourd’hui, doit se réinventer.

Le chef de l’État ne mâche pas ses mots. Il parle d’« inerties », de « lourdeurs bureaucratiques », de « distorsion entre objectifs et moyens ». Bref, il pointe un système grippé qui freine l’élan national. L’ambition affichée est claire : projeter les EEP dans « un nouveau contexte », marqué par la compétitivité, l’innovation, le numérique et, désormais, l’intelligence artificielle. Cette déclaration résonne comme un véritable tournant.

Trois axes de réforme sont désignés pour cette refondation : efficacité, transparence, et intérêt général. La performance n’est plus un luxe, mais une obligation. La redevabilité ne doit plus être un vœu pieux, mais un socle de légitimité. Quant à la gestion des entreprises publiques, elle n’est plus une routine administrative, mais un travail de transmission pour les générations futures. Pour le chef de l’État, ces principes doivent être appliqués avec rigueur pour remodeler le paysage institutionnel.

Mais le président sait bien aussi que toute réforme digne de ce nom génère des résistances. Il évoque lucidement les « habitudes » à bousculer, les « inerties » à briser. Ce réalisme politique donne du poids à sa promesse : celle de veiller personnellement à la mise en œuvre de cette réforme. Cette fois, l’État ne pourra plus se permettre l’immobilisme.

Si le contrat de performance est sans aucun doute un instrument-clé de cette nouvelle gouvernance, il soulève à la fois l’espoir et le scepticisme. Espoir, car il instaure un lien direct entre ressources mobilisées et résultats obtenus. Scepticisme, car il risque d’être inopérant si il ne s’accompagne pas d’un système de suivi et d’évaluation concret : audits publics, publication des rapports de performance, sanctions en cas de manquement…

L’intervention présidentielle donne à cette Journée de la bonne gouvernance une portée symbolique forte. Mais elle pose surtout une alternative existentielle : réformer ou s’effacer. Dans un monde en mutation rapide, où les États inefficients s’enlisent, Djibouti ne peut pas se payer le luxe d’une administration approximative. Le chef de l’État a fixé un cap. Il appartient désormais à l’ensemble de la machine publique de le suivre avec discipline et rigueur.