
Djibouti a franchi une nouvelle étape majeure dans la promotion de l’égalité entre les femmes et les hommes avec le lancement officiel de la Politique nationale du genre (PNG) 2024-2030. Cette feuille de route ambitieuse et inclusive vise à transformer durablement les rapports sociaux de genre dans notre pays, tout en consolidant les acquis des politiques antérieures et en adaptant l’action publique aux défis de notre époque.

La conférence de haut niveau dédiée à ce lancement s’est tenue jeudi matin à l’hôtel Ayla, sous la présidence conjointe de la ministre de la Femme et de la Famille, Mme Mouna Osman Aden, et du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulkader Houssein Omar. L’événement a rassemblé la ministre de la Jeunesse et de la Culture, Dr Hibo Moumin Assoweh, le coordinateur résident du Système des Nations Unies à Djibouti, M. José Barahona, ainsi que de nombreux représentants du corps diplomatique et consulaire accrédités à Djibouti.
Tous ont salué la portée de cette politique, conçue comme une réponse globale aux transformations sociales, économiques et technologiques qui affectent le rôle et les conditions de vie des femmes. L’objectif principal de cette rencontre était de mobiliser des ressources financières et techniques suffisantes pour assurer la mise en œuvre effective de la PNG et accélérer la réalisation des objectifs fixés.

La ministre de la Femme et de la Famille a rappelé que la PNG 2024-2030 n’est pas un simple cadre de référence, mais un instrument stratégique au service du développement durable et de la justice sociale. Elle s’inscrit dans la continuité des politiques publiques nationales et traduit une volonté politique forte d’ancrer l’égalité de genre au cœur de la gouvernance.
Une feuille de route face aux défis du monde contemporain
Dans son discours, Mme Mouna Osman Aden est revenue sur les acquis obtenus durant la décennie écoulée grâce à la mise en œuvre de la précédente politique nationale du genre. Elle a souligné que les femmes djiboutiennes ont accédé plus largement à l’éducation, qu’elles occupent désormais des postes de responsabilité et participent activement à la vie publique. Pour elle, ces progrès démontrent qu’une volonté politique claire, appuyée par des cadres stratégiques solides, conduit à des résultats concrets et durables.
Cependant, la ministre a insisté sur la nécessité de poursuivre les efforts afin de surmonter les défis persistants. Si Djibouti a enregistré des avancées notables en matière d’émancipation féminine, certaines inégalités structurelles demeurent, notamment dans le domaine économique et dans l’accès aux ressources productives. Elle a également évoqué la persistance des violences basées sur le genre, qui continuent de freiner la pleine participation des femmes au développement national.
Mme Mouna Osman Aden a rappelé que la PNG 2024-2030 est née d’une réflexion approfondie sur le contexte mondial et national. Le monde, a-t-elle affirmé, a changé depuis 2020.

La pandémie de la COVID-19, l’accélération des dérèglements climatiques et la révolution numérique ont transformé en profondeur les équilibres sociaux et économiques, créant de nouvelles formes de vulnérabilité. Les femmes, souvent en première ligne face à ces mutations, ont été touchées de manière différenciée et disproportionnée. C’est dans ce contexte que la nouvelle politique a été pensée. Elle se veut une réponse lucide et résiliente aux défis contemporains. En intégrant des stratégies d’adaptation climatique et de cybersécurité de genre, la PNG reconnaît les impacts spécifiques des crises environnementales et numériques sur les femmes. Elle propose des solutions concrètes pour renforcer leur résilience, améliorer leur sécurité et promouvoir leur autonomie économique dans un environnement en constante évolution.
La ministre a également insisté sur la dimension collective de cette ambition. La réussite d’une politique du genre, a-t-elle dit, ne relève pas d’un seul ministère. Elle dépend de la coordination entre les institutions publiques, le secteur privé, la société civile et les partenaires techniques et financiers. Cette approche participative permet de mobiliser les énergies, de mutualiser les compétences et d’assurer une meilleure appropriation des objectifs communs.
Dans son allocution, Mme Mouna Osman Aden a également abordé les nouvelles formes de menaces auxquelles les femmes doivent faire face dans le monde numérique. Elle a dénoncé la montée du cyberharcèlement, la diffusion d’images non consensuelles et d’autres formes de violence en ligne, qui portent atteinte à la dignité et à la sécurité des femmes.
La PNG, a-t-elle expliqué, entend faire de la cybersécurité un axe prioritaire de la protection des droits des femmes et des filles.
Elle a rappelé que la politique repose sur un engagement collectif et sur une approche inclusive qui prend en compte les réalités culturelles et religieuses du pays. Djibouti, a-t-elle affirmé, est aujourd’hui perçu comme un laboratoire d’émancipation féminine dans la Corne de l’Afrique, un exemple de cohérence entre tradition et modernité, entre valeurs nationales et ouverture sur le monde. Pour la ministre, la transformation qualitative des rapports de genre est la clé d’un développement durable et harmonieux.
En investissant dans l’éducation, l’entrepreneuriat et la participation politique des femmes, Djibouti investit dans son avenir. Elle a lancé un appel vibrant aux partenaires techniques et financiers pour qu’ils deviennent les architectes de cette transformation, en soutenant la mise en œuvre de la PNG par un financement stable et prévisible.
Une diplomatie du genre au service du développement
De son côté, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, M. Abdoulkader Houssein Omar, a exprimé sa profonde reconnaissance envers les partenaires présents et a salué la mobilisation de la communauté diplomatique autour de cette cause universelle. Pour lui, l’égalité entre les femmes et les hommes n’est pas seulement une question de dignité, mais un puissant moteur de développement durable et de paix.
Le ministre a rappelé que la diplomatie djiboutienne place désormais la question du genre au cœur de ses priorités, qu’il s’agisse des relations bilatérales ou multilatérales. Il a insisté sur le fait que la promotion de l’égalité est indissociable de la stabilité régionale et de la prospérité économique. Selon lui, l’adoption de la PNG illustre la détermination du gouvernement à bâtir une société plus juste, plus inclusive et respectueuse des droits fondamentaux de chacun. M. Abdoulkader Houssein Omar a également évoqué l’importance du financement comme condition essentielle de la réussite. Les engagements politiques, a-t-il souligné, ne peuvent se traduire en résultats concrets que s’ils sont soutenus par des moyens adéquats. Il a invité les partenaires internationaux à reconnaître le potentiel transformateur de cette politique et à s’engager durablement dans son accompagnement.
Pour le chef de la diplomatie djiboutienne, l’heure est à l’action collective. L’égalité de genre doit être perçue non plus comme une simple aspiration morale, mais comme un impératif de bonne gouvernance. En unissant leurs efforts, en coordonnant leurs interventions et en mutualisant leurs ressources, les acteurs publics et privés peuvent faire de la PNG 2024-2030 un levier réel de transformation sociale et économique.
Il a conclu son intervention en réaffirmant la détermination du gouvernement à faire de l’égalité entre les femmes et les hommes un pilier transversal de l’ensemble des politiques publiques. Pour lui, aucun développement durable et inclusif n’est possible sans la pleine participation des femmes à la vie économique, politique et sociale de la nation.
À travers la PNG 2024-2030, Djibouti confirme sa volonté d’être à l’avant-garde des politiques de genre dans la région. Cette nouvelle politique ne constitue pas seulement un document administratif : elle incarne une vision nationale partagée, un contrat social renouvelé et un engagement collectif en faveur d’une société plus juste. En lançant cette politique, le gouvernement réaffirme que l’égalité n’est pas un luxe, mais une nécessité pour le développement et la stabilité. Elle est la promesse d’un avenir où chaque femme, chaque fille, pourra contribuer pleinement à la construction d’un Djibouti plus fort, plus prospère et plus équitable.
Zouhour Abdillahi