Mercredi dernier, le laboratoire national d’analyse alimentaire LANAA, célébrait l’obtention de l’accréditation « UKAF ISO 17025-2017 » et la réouverture de ces laboratoires. A cette occasion, le ministre de l’agriculture, de la pêche, de l’élevage chargé des ressources halieutiques Mohamed Ahmed Awaleh, le secrétaire général du ministère délégué au commerce M Ali Daoud Abdou, l’ambassadeur du Japon, le représentant de la TIKKA, ainsi que plusieurs hauts responsables ont été conviés à prendre part au côté du directeur général de cette institution M. Hassan Kamil Ali et de toute son équipe à la présentation du nouveau laboratoire flambant neuf. A titre de rappel, l’« ISO 17025-2017 » est une norme internationale spécifiant les exigences générales concernant la compétence des laboratoires d’étalonnages et d’essais. Par conséquent, l’accréditation d’un laboratoire selon la norme ISO/CEI 17025-2017 démontre sa capacité à produire des résultats d’essais, d’analyses ou d’étalonnages, justes et fiables. A cette occasion, le directeur général de cette institution a tenu à nous expliquer l’importance de cette reconnaissance internationale et les différentes missions qui lui sont dévolues.
La Nation : M. le Directeur, pouvez vous décrire et résumer les activités du LANAA et quelles sont ses missions et ses rôles.
Hassan Kamil Ali : Le laboratoire national d’analyse alimentaire ou LANAA est un établissement public affecté d’une autonomie administrative et financière, et placé sous la tutelle du Ministère de l’Agriculture. Il a été créé en 2009, il y a maintenant 11 ans. Les différentes activités ou rôles et missions du LANAA sont de contrôler toute importation des denrées alimentaires au niveau des ports, aéroport et éventuellement dans toutes les barrières d’entrées et d’importations du territoire , mais aussi de garantir la qualité des produits agro-alimentaires (restaurants, hôtels, boulangeries, pâtisseries, épiceries, entrepôts, industries agro-alimentaires, etc…) et surveiller la qualité des produits mis sur le marché national et destinés à la consommation humaine pour protéger la santé des consommateurs.
Comment se passe concrètement votre travail sur le terrain?
Nous avons une équipe de Brigade Mobile qui assure la surveillance de la qualité des produits mis sur le marché national et destinés à la consommation humaine pour protéger la santé des consommateurs. Nous établissons également des conventions pour les grands établissements et les industries agro-alimentaires pour permettre et assurer un contrôle et un suivi régulier et mensuel tout en les accompagnants et apportant des actions correctives et des actions préventives. Nous effectuons également des plans de surveillance visant les produits de la chaîne bio alimentaire du pays afin d’assurer la salubrité des aliments offerts à la consommation humaine sur le territoire djiboutien. Pour cela, nous menons chaque année ces programmes de surveillance sur les produits de la chaine bio alimentaire sur le marché Djiboutien en choisissant plusieurs thèmes par an, par exemple, les mycotoxines sur les poulets, la qualité nutritionnelles des laits en poudres entiers et infantiles, la qualité microbiologiques des fruits et légumes, le respect d’enrichissement des farines ainsi que les huiles alimentaires, etc… . Nous réalisons toutes les analyses inhérentes ainsi que des analyses très poussées et tout cela gratuitement et dans un souci de protection des djiboutiens, des risques sanitaires et aussi pour lutter contre les intoxications alimentaires et les TIAC.
Le LANAA vient d’obtenir l’accréditation « ISO 17025/2017 ». De quoi s’agit-il précisément ?
L’ « ISO 17025-2017 » est une norme internationale spécifiant les exigences générales concernant la compétence des laboratoires d’étalonnages et d’essais. Elle permet aux laboratoires de démontrer leur compétence et leur capacité à produire des résultats valides, renforçant ainsi la confiance qui leur est accordée au niveau national et partout dans le monde. Elle contribue également à faciliter la coopération entres les différents organismes en assurant une meilleure acceptation des résultats dans différents pays. Les certificats et rapports d’essai peuvent être reconnus d’un pays à l’autre sans qu’il ne soit nécessaire de procéder à de nouveaux essais facilitant ainsi le commerce international. Laissez-moi-vous expliquer plus facilement. Par exemple, lorsque nous souhaitons nous rendre dans un autre pays, nous avons besoin d’un passeport pour voyager. Les produits, alimentaires eux aussi, doivent montrer patte blanche pour traverser les frontières. Ils doivent être accompagnés de certificats, de rapports d’essai attestant leurs conformités aux différents règles et exigences en vigueur.
Depuis quand avez-vous commencé les démarches en vue d’obtenir cette accréditation ?
On poursuit cette démarche d’accréditation depuis 2014 et on l’a finalement obtenu maintenant. Car il fallait que les locaux se conforment aux exigences de la norme ISO 17025/2017. C’est pourquoi, on a complètement rénové le laboratoire après 11 ans d’existence (2009 à 2020) en réaménageant tout le bloc technique du laboratoire : les murs avec des carrelages (murs très lisses et lavables conformément aux normes et réglementations), le sol avec de l’époxy résine (sol très lisse) et les meubles et matériels par des nouveaux de dernières générations et conformes aux normes en vigueur. Tout cela a été entamé, bien évidemment, après avoir montré et stabilisé les compétences analytiques. C’est donc tout un processus et un travail de longue haleine qui vient d’être abouti …
Tout à fait, j’aimerais à ce titre souligner qu’avant d’être accrédité, il faut d’abord évaluer les compétences. Et pour cela, nous avons participé pensant plusieurs années à des essais inter-laboratoires organisés par des organismes spécialisés et accrédités en la matière avec plus de 380 laboratoires du monde entier afin de vérifier la qualité de nos prestations.Lors de ces exercices, nous recevions des échantillons artificiellement contaminés et nous étions chargés d’effectuer des analyses microbiologiques.
Cela était destiné à évaluer les compétences des laboratoires pour la recherche et le dénombrement des micro-organismes en l’occurrence ceux pathogènes. Pour nous, ce fut l’occasion de prouver notre capacité analytique d’une part mais aussi d’améliorer notre fonctionnement en répondant aux exigences de la norme ISO 17025. Ces essais nous ont offert également une belle opportunité pour qualifier les personnels du laboratoire en évaluant leurs compétences et en vérifiant la qualité des prestations mais aussi en évaluant la fidélité et la justesse des essais.
Ces essais inter laboratoires font partie des étapes cruciales et importantes pour prouver ses compétences analytiques. Et notre laboratoire les a prouvés à maintes reprises en donnant des résultats très satisfaisants. C’est pourquoi, je peux dire que c’est un processus et un travail de longue haleine qui vient d’être abouti, et qu’on est fier de sa réalisation.
Quelles sont les perspectives que ce beau succès, qui est l’accréditation, ouvre à votre institution à l’échelle nationale et internationale ?
Grâce à l’obtention de cette accréditation « ISO/CEI 17025», l’on pourra instaurer la confiance avec l’ensemble de notre réseau de partenaires qui sont partie-prenantes dans la sécurité sanitaire et la qualité des aliments qui passent sous notre contrôle avant de pouvoir être commercialisés sur le marché local. On pourra apporter aussi une expertise et un savoir-faire avéré et reconnu à travers le monde. Elle permettra également un meilleur accès des produits djiboutiens et une meilleure promotion de la production nationale sur le marché international.
De même, c’est le marché international qui s’ouvrira à notre institution et avec lui, toutes les belles perspectives que l’on peut deviner et surtout des opportunités non encore explorées à ce jour.
Le mot de la fin ?
Pour clôturer, je voudrais remercier le président de la République, M Ismaël Omar Guelleh qui nous a toujours soutenu, et ce depuis le premier jour. C’est grâce à son soutien permanent que nous avons accédé aujourd’hui à cette reconnaissance internationale. Encore une fois, ce travail de longue haleine n’aurait jamais abouti sans lui.
Propos recueillis par N.Kadassiya