L’Assemblée nationale se réunira en séance publique ce dimanche 26 octobre. Ordre du jour unique : proposition de loi portant révision de la Constitution. De son côté, le RPP tiendra un congrès extraordinaire le 8 novembre. Le calendrier politique s’accélère ainsi et, comme toujours, cela suscite un débat passionné.

Bien que la révision de la Loi fondamentale porte sur plusieurs dispositions d’importance capitale, certains font une fixation sur celle relative au prolongement de l’âge limite pour l’élection présidentielle. Il convient donc de dépasser le réflexe facile de la critique pour analyser sereinement les véritables enjeux de cette réforme.

Une Constitution n’est pas un monument figé dans le marbre, voué à traverser les âges immuablement. C’est un texte vivant, dont la vocation est d’accompagner l’évolution d’une société et les exigences d’une époque. Réviser la Loi fondamentale, loin d’être un sacrilège, est un exercice de modernisation et de réalisme. En allongeant l’âge plafond pour l’éligibilité présidentielle, Djibouti ne fera que s’ajuster à des dynamiques démographiques et politiques largement observées à l’échelle mondiale.

On ne gouverne pas un État comme on dirige une entreprise. Les défis sécuritaires, économiques et géopolitiques auxquels notre pays est confronté exigent une expérience éprouvée. Limiter artificiellement la candidature de personnalités compétentes et respectées uniquement en raison de leur âge revient à priver le pays d’un capital humain précieux. Dans un pays situé au carrefour de tant d’intérêts stratégiques, où la stabilité est le socle de tout développement, il est plus rationnel d’élargir le vivier de dirigeants potentiels que de le restreindre.

Ce n’est pas la première fois que Djibouti engage une réforme constitutionnelle. Déjà en 1992, l’adoption d’une Loi fondamentale moderne a ouvert la voie au pluralisme politique, consacrant le droit de l’opposition à exister et à s’exprimer. En 2010, une autre révision est venue renforcer les institutions et adapter l’organisation de l’État à la gouvernance contemporaine. La révision actuelle s’inscrit dans cette même logique : celle d’un État qui ne cède pas à la rigidité, mais sait ajuster ses règles pour mieux durer.

Loin des procès d’intention, cette réforme traduit une confiance dans la capacité des institutions et, surtout, du peuple djiboutien. Car in fine, ce ne sont ni les articles ni les plafonds d’âge qui font un président, c’est le suffrage universel. Autoriser une candidature au-delà d’un âge donné n’équivaut pas à garantir une victoire. La seule garantie reste le verdict des urnes. En élargissant le champ des possibles, cette réforme permet seulement d’assurer que l’avenir ne sera pas amputé de voix d’expérience et de sagesse, dont notre pays a grand besoin.

Après tout, la Constitution est une boussole. Et une boussole doit être recalibrée pour que le cap reste juste. Comme hier en 1992 et en 2010, la révision actuelle n’est pas une régression, mais une preuve de maturité politique : celle d’un État qui croit assez en lui-même et en ses citoyens pour leur donner le choix le plus large possible.