À l’occasion de la Journée nationale de la presse, plusieurs figures du paysage médiatique djiboutien – journalistes, techniciens, photographes, étudiants et intellectuels – ont partagé leurs témoignages, retraçant l’évolution du métier et soulignant les défis actuels de l’information à l’ère numérique. La Nation leur a tendu le micro.

Ahmed Mohamed Abaneh, ancien technicien puis chef de production à la RTD avant de rejoindre le ministère du Budget, rappelle avec émotion avoir participé à la toute première célébration de la Journée nationale de la presse à Obock, sous la présidence du Chef de l’État. Près de trente ans plus tard, il souligne la profonde mutation du secteur, passée de l’ère analogique à celle de l’information en temps réel, rendue possible par la TNT, la diffusion en direct et les nouvelles technologies. Il rend hommage aux femmes et aux hommes de l’ombre qui œuvrent quotidiennement pour informer la population.

Fathi Abdallah Ahmed, photographe à l’Agence Djiboutienne d’Information, revient sur ses débuts en l’an 2000 au journal

La Nation, à une époque où la photographie argentique exigeait patience et savoir-faire en laboratoire. Il salue la transition vers le numérique, qui a permis non seulement d’améliorer la qualité du travail, mais aussi de former une nouvelle génération de photographes. Il rend également hommage aux pionniers du métier et à l’appui institutionnel ayant favorisé cette évolution.

Journaliste au quotidien arabophone Al-Qarn depuis 2005, Zyad Ahmed Youssouf, aujourd’hui secrétaire de rédaction, se réjouit de la croissance du journal, passé d’une parution hebdomadaire à deux numéros par semaine. À l’occasion de la 6ᵉ édition de la Journée nationale de la presse, il rappelle que cette célébration permet aux journalistes, habituellement mobilisés pour couvrir les événements des autres, de mettre en lumière leur propre métier et ses progrès malgré les défis.

De son côté, Hibak Osman, journaliste et animatrice à la RTD depuis 2007, insiste sur la lourde responsabilité qui incombe aux professionnels de l’information. Elle alerte sur les dérives liées à l’usage abusif des réseaux sociaux, où certains s’autoproclament journalistes sans formation ni respect de l’éthique. Elle plaide pour la valorisation du métier, le respect des règles déontologiques et la mise en place d’actions de sensibilisation afin de préserver la crédibilité du journalisme.

S’exprimant au nom de la presse somalienne exerçant à Djibouti, Samatar Mohamed Abdo retrace son parcours de cameraman, débuté en 2010, et souligne l’importance de la coopération entre les médias djiboutiens et somaliens pour une meilleure circulation de l’information entre les deux peuples. Il réaffirme son attachement à l’unité et à la collaboration médiatique régionale.

Étudiante en troisième année de STIC, Dagan Aboulkader Mohamed considère sa participation à cette journée comme une expérience intellectuelle et pédagogique enrichissante. Elle met en avant le rôle fondamental d’une presse libre, crédible et responsable dans la démocratie et le développement social, tout en soulignant les défis posés par les mutations technologiques.

Enfin, historien et pédagogue résidant au Canada, Abdi Bileh Dirir a profité de cette journée pour présenter son ouvrage consacré au référendum de 1958. Il établit un parallèle entre le travail de l’historien et celui du journaliste, tous deux fondés sur la rigueur des sources, la vérification des faits et la recherche de la vérité. Il encourage la population à la lecture et à la recherche historique.

À travers ces témoignages, la Journée nationale de la presse apparaît non seulement comme un moment de célébration, mais aussi comme un espace de réflexion sur l’avenir du journalisme djiboutien, son éthique et son rôle central dans la société.

Propos recueillis par Zouhour Abdillah