Chaque 5 secondes, le diabète tue quelque part dans le monde. En Afrique, plus de 25 millions de personnes sont touchées chaque année, et la République de Djibouti n’est pas épargnée. Parmi les victimes invisibles de cette maladie chronique : de nombreux enfants et adolescents, dont plus de 15 000 souffrent du diabète de type 1 dans le pays.

À Djibouti, un nom incarne la résilience face à cette maladie : Hassan Houssein. Diagnostiqué à l’âge de 6 ans, ce jeune homme aujourd’hui âgé de 18 ans mène depuis 12 ans un combat quotidien contre le diabète. Entre les pics de glycémie, les injections d’insuline et les incompréhensions à l’école, son témoignage illustre les défis et les espoirs d’une jeunesse frappée par cette pathologie. « J’ai appris à vivre avec, mais ce n’est pas facile tous les jours », confie Hassan, le regard lucide. « Parfois on est fatigué, on doute. Mais je ne perds pas espoir qu’un jour cette maladie soit complètement guérissable. »

Son histoire débute par une envie irrépressible de sucreries. Hassan grignotait parfois des morceaux de sucre à même le bol familial. C’est une consultation en urgence qui révèle un taux de glycémie supérieur à 800 mg/dl. Le diagnostic tombe : diabète de type 1, aussi appelé diabète juvénile. Le pancréas d’Hassan ne produit plus assez d’insuline, hormone essentielle à la régulation du sucre dans le sang.

Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune, comme l’explique le Dr Abdourahman Moumin Douksieh, pédiatre et spécialiste du diabète juvénile au centre de santé PK12. Il peut apparaître dès l’âge d’un an, avec un pic de fréquence entre 10 et 14 ans. Fatigue chronique, soif intense, irritabilité… les premiers symptômes passent souvent inaperçus, retardant un diagnostic vital.

« Le diabète chez l’enfant est une réalité dans nos hôpitaux et tend à devenir un véritable problème de santé publique, faute de dépistage et d’éducation appropriée », alerte le médecin.

Le fardeau invisible des enfants diabétiques

Au fil de sa scolarité, Hassan a dû surmonter bien plus que des défis médicaux. En primaire et au collège, il souffrait d’incompréhensions répétées. « Les professeurs pensaient que j’étais paresseux, irritable pour rien. Pourtant j’étais simplement en hyperglycémie », raconte-t-il. Malgré les mises en garde de sa mère, l’environnement scolaire manquait cruellement de sensibilité.

Avec le temps, il a gagné en autonomie : contrôle de sa glycémie, gestion de sa pompe à insuline, reconnaissance des symptômes d’hypo ou d’hyperglycémie. « J’ai appris à me gérer, parce que je n’avais pas le choix. Mais la charge mentale reste lourde. »

Le diabète de type 1 n’est pas guérissable, mais il peut être contrôlé avec un traitement rigoureux. Contrairement au diabète de type 2, souvent lié au mode de vie, le type 1 est d’origine immunitaire. Néanmoins, tous deux ont en commun un taux élevé de sucre dans le sang, qui peut entraîner des complications graves : maladies cardiovasculaires, cécité, insuffisance rénale ou même amputations.

Pour le Dr Douksieh, la prévention reste la meilleure arme : « Il faut éduquer la population, adapter notre alimentation, limiter les farines blanches, éviter le stress, et pratiquer une activité physique régulière.»

Malgré des dispositifs médicaux récents, Hassan vit avec un diabète instable. Il s’apprête à changer de traitement. Mais sa force réside dans son acceptation, son optimisme et son espoir. Il continue à rêver d’une vie meilleure, pour lui et pour les autres jeunes diabétiques de Djibouti.

« On n’a pas choisi d’être malades. Mais on choisit de ne pas baisser les bras. », conclut-il.

Salah Ibrahim Rayaleh