
Durant cinq jours, du 8 au 12 juin, le Palais du Peuple a accueilli deux sessions intensives de formation à l’attention des cadres de l’administration publique djiboutienne. Initiées par l’Agence Nationale des Systèmes d’Information de l’État (ANSIE), ces formations visaient à insuffler une nouvelle dynamique de gouvernance en dotant les participants d’outils analytiques, managériaux et de gestion moderne. En réponse à un environnement administratif en pleine mutation, marqué par la transition numérique, l’essor de l’intelligence artificielle et des exigences accrues en matière de performance publique, cette initiative s’inscrit dans une volonté claire de professionnalisation durable. À travers cette expérience collective, c’est tout un pan de l’État djiboutien qui affirme son ambition de se réinventer.

L’administration djiboutienne, à l’instar de nombreuses autres dans le monde, est confrontée à des transformations structurelles rapides. La transition numérique, les impératifs environnementaux, la montée en puissance de l’intelligence artificielle et les standards internationaux de plus en plus exigeants redéfinissent les contours de la gestion publique.
Mais ces bouleversements exigent des compétences nouvelles, une capacité d’adaptation rapide et une culture de la performance enracinée dans les pratiques quotidiennes. Trop souvent encore, les fonctionnaires se retrouvent désarmés, confrontés à des tâches mal hiérarchisées et à des processus dépassés. La formation ne peut dès lors plus être un luxe ou une activité ponctuelle, mais un levier stratégique. C’est sur cette vision que l’ANSIE a bâti son programme.

Le programme, réparti sur quatre jours de formation active et une journée de clôture, a été conçu pour renforcer trois dimensions essentielles : l’analyse stratégique, le management, et la gestion administrative et contractuelle.
Dès la première journée, les participants ont été initiés aux fondamentaux de la gestion du cycle de projet (GCP) et à l’Approche Cadre Logique (ACL). À travers des outils tels que l’arbre à problèmes, les matrices SWOT ou encore le diagramme de Venn, les cadres ont appris à poser un diagnostic rigoureux, à formuler des objectifs réalistes et à définir des indicateurs pertinents.
Ces éléments permettent désormais une planification plus cohérente et plus lisible des actions publiques, condition sine qua non pour obtenir des financements auprès de bailleurs ou structurer efficacement une intervention sur le terrain.
Les sessions consacrées au leadership et à la gestion des équipes ont permis aux cadres de mieux comprendre les différents styles de management, les biais cognitifs influant sur la prise de décision, ainsi que la dynamique des groupes. L’objectif était clair : cultiver une posture de leader transformationnel, capable d’inspirer, d’encadrer et de mobiliser dans un contexte institutionnel parfois rigide.
Enfin, l’accent a été mis sur les règles et les procédures de passation des marchés publics, depuis l’identification du besoin jusqu’à l’exécution du marché. Cet aspect, souvent perçu comme purement technique, s’est révélé être un maillon fondamental de l’efficacité administrative. Maîtriser ces procédures, c’est assurer la bonne exécution des projets, mais aussi renforcer la transparence, la redevabilité et l’efficience de l’action publique.
L’un des atouts majeurs de cette initiative a été la diversité des participants. Des cadres issus de la Présidence, du Secrétariat Général du Gouvernement (SGG), de l’ANSIE, de l’ANPH, de l’IGE, de la Cour des comptes, de la Commission nationale indépendante pour la prévention et la lutte contre la corruption, ainsi que des ministères du Budget et de l’Éducation nationale, ont partagé la même salle.
Cette pluralité a favorisé des échanges riches, portés par la confrontation des pratiques, le partage des difficultés communes, mais aussi l’identification de solutions transversales. En somme, la formation a constitué un véritable laboratoire d’intelligence collective.
Lors de la cérémonie de clôture, le Secrétaire Général du Gouvernement M.Almis Mohamed Abdillahi a rappelé l’importance stratégique de cette formation. Dans un discours empreint de réalisme et d’encouragement, il a salué l’engagement des participants tout en soulignant les enjeux de cette montée en compétences.
« Cette session de formation a été une occasion d’apprentissage précieuse. Ces leçons seront intégrées dans notre pratique de tous les jours pour garantir une amélioration continue de notre administration », a-t-il déclaré.
Il a insisté sur la nécessité de voir cette initiative non comme une fin en soi, mais comme le début d’un processus. La transition est désormais entre les mains des cadres, appelés à déployer sur le terrain les outils acquis et à les partager au sein de leurs équipes respectives.
De la formation à la transformation
L’initiative de l’ANSIE a ceci d’exemplaire qu’elle ne s’arrête pas à la transmission verticale de connaissances. Elle s’inscrit dans une logique de transformation durable des pratiques professionnelles. Le dispositif prévoit, en effet, la capitalisation des acquis et l’identification de perspectives concrètes d’application.
Les séances de restitution, les retours d’expérience et les bilans collectifs ont permis de dresser une feuille de route réaliste pour inscrire les apprentissages dans la durée. La dynamique est enclenchée, et les retombées positives sont attendues dans l’ensemble des institutions représentées. Si l’on veut qu’une administration soit réellement efficace, il ne suffit pas qu’elle soit peuplée de personnes compétentes. Encore faut-il que ces compétences soient actualisées, partagées, et ancrées dans un système de travail cohérent. C’est là tout l’enjeu du défi lancé par l’ANSIE.La formation continue ne doit plus être une option, mais une règle. Les technologies évoluent, les attentes des citoyens changent, les pressions budgétaires se renforcent. Le seul rempart viable, c’est un personnel public armé de savoirs et d’outils adaptés.
Une volonté politique affirmée
Derrière cette initiative, c’est une volonté politique forte qui s’affirme : celle de faire de l’administration un vecteur de développement et non un simple gestionnaire de l’existant. Le message est clair : les cadres publics doivent être les artisans de la réforme, les relais de l’innovation, les garants de la rigueur.
La formation organisée du 8 au 12 juin 2025 en est un jalon important. Mais elle appelle d’autres actions, d’autres programmes, d’autres engagements. Car la modernisation de l’administration est un chantier permanent, exigeant constance, audace et vision.
La semaine de formation qui vient de s’achever au Palais du Peuple n’était pas une simple parenthèse académique. Elle a constitué un moment fort de remise en question, de recentrage stratégique et d’ouverture à l’innovation. À travers cet effort collectif, l’administration djiboutienne se donne les moyens de répondre aux défis contemporains.
À l’heure où les citoyens attendent des services publics efficaces, réactifs et transparents, ce type d’initiative apparaît comme essentiel. La formation devient alors un levier de réforme, un outil de gouvernance et un symbole d’espoir. En formant ses cadres, Djibouti prépare dès aujourd’hui l’administration de demain
La Parole à M.Almis Mohamed Abdillahi, Secrétaire Général du Gouvernement

C’est un plaisir pour moi de procéder à la clôture de cette formation dédiée au renforcement des capacités des cadres de l’administration publique. Et c’est d’autant plus un plaisir que cette formation rassemble une kyrielle d’institutions publiques aussi variées que diverses, les institutions de la Présidence, de l’ANSIE, de l’ANPH de l’IGE, de la Cour des comptes, de la Commission Nationale Indépendante pour la prévention et la lutte contre la Corruption mais aussi du budget. Cet atelier touche à sa fin et il est temps de faire le bilan de ce que nous avons accompli ensemble.
Ces dernières journées ont été riches en apprentissages et en échanges, et je suis convaincu que les compétences acquises ici vous permettront de relever les défis de la transition numérique, des exigences environnementales et de l’essor de l’intelligence artificielle.
Nous avons commencé par poser les bases méthodologiques nécessaires à la structuration de projets, en nous appuyant sur des outils d’analyse stratégique. Vous avez ensuite mis en pratique ces concepts à travers des cas concrets, renforçant ainsi votre capacité à planifier et à hiérarchiser les actions publiques.
Vous avez également abordé les dimensions managériales et de gestion, en vous sensibilisant aux différents styles de management et aux dynamiques de groupe, tout en vous familiarisant avec les procédures de marchés publics. Ces compétences sont importantes pour vous afin que vous puissiez assurer et développer dans vos bureaux un leadership efficace Mais aussi que vous puissiez réfléchir à la manière dont vous pourrez réformer vos administrations.
Nous arrivons aujourd’hui, à la fin de cette formation et nous avons pris le temps de restituer les acquis, de partager vos retours d’expérience et de dresser un bilan collectif. Ces moments de réflexion sont essentiels pour capitaliser sur les apprentissages et envisager des perspectives de réutilisation dans vos contextes professionnels respectifs.
Cette session de formation a été une occasion d’apprentissage précieuse et ces leçons seront intégrées dans notre pratique de tous les jours pour garantir une amélioration continue de notre administration.
La phase de clôture ne marque pas la fin de notre aventure, mais plutôt une transition et je vous encourage donc à poursuivre cette dynamique de montée en compétences, à rester curieux et à continuer d’investir dans votre développement personnel et dans votre développement professionnel.
Les défis auxquels nous faisons face sont nombreux exigent une démarche et une approche qui se doit d’être proactive et aussi rigoureuse, et je suis convaincu que vous êtes désormais mieux armés pour piloter des projets complexes dans un environnement institutionnel qui se veut en perpétuelle mutation.
En conclusion, je tiens à souligner que cet atelier a été une réussite grâce à la collaboration et à l’engagement de chacun et je tiens à remercier chaleureusement tous les formateurs et intervenants pour leur expertise et leur dévouement, ainsi que l’ensemble des participants pour leur enthousiasme et leur implication.
Je saisis cette occasion pour vous souhaiter à tous un retour fructueux dans vos fonctions, avec la certitude que les connaissances et les compétences acquises ici contribueront à transformer positivement vos missions au sein de vos administrations respectives.