
Née des dynamiques sociales et politiques post-indépendance, la société civile djiboutienne s’impose aujourd’hui comme un acteur essentiel du développement et de la démocratie participative. De la promotion éducative et sanitaire à la protection de l’environnement en passant par la lutte contre les drogues et les coutumes ancestrales néfastes telles que les MGF, les associations et ONG djiboutiennes œuvrent sans relâche pour développer et soutenir les communautés. Cette société civile — jeune, féminine et engagée — incarne le visage le plus authentique d’une solidarité en action, au service de tous.

Les associations de la société civile djiboutienne s’imposent aujourd’hui comme un véritable acteur incontournable du développement local. Pourtant leur histoire est peu connue dans le pays. Depuis les années 1977, des citoyens se sont mobilisés afin de répondre aux besoins de la population dans les domaines de l’éducation, la santé, la culture et l’environnement. Ce n’est qu’au tournant des années 2000 que les associations ont commencé à se structurer, à se professionnaliser et à revendiquer leur place dans le débat public.
Plusieurs organisations influentes à Djibouti œuvrent activement pour le développement social et l’autonomisation des femmes. L’UNFD, fondée après l’indépendance par Hoyo Aicha Bogoreh et dirigée aujourd’hui par la Première Dame Mme Kadra Mahamoud Haïd, joue un rôle majeur dans la promotion des droits des femmes et l’alphabétisation. L’ONG Bender Djedid lutte contre la pauvreté et soutient l’éducation à travers des actions concrètes. L’Association des Femmes de Tadjourah (AFT) valorise le patrimoine artisanal et défend les droits des femmes. Dans les régions de l’intérieur, l’Association des Jeunes de Château d’Eau (AJCD) qui est une organisation communautaire à Ali Sabieh, Djibouti, œuvre pour le bien-être social, éducatif et environnemental de son quartier, en se concentrant sur les familles démunies, les orphelins et la jeunesse.
Enfin, l’ONG EVA, fondée à Adaïlou en 1996, s’est transformée en acteur régional du développement durable, intervenant dans des domaines variés comme l’accès à l’eau, la santé, l’électrification et l’écologie. Toutes ces structures incarnent de nos jours l’esprit de solidarité et d’innovation qui anime la société civile djiboutienne.

En continuant dans cet élan trois évolutions majeures ont récemment marqué le paysage associatif djiboutien : le lancement de la cartographie nationale des associations, fruit d’un partenariat entre le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD) et le ministère de l’Économie et des Finances, a permis de dresser un état des lieux précis des structures actives sur le territoire National. Ensuite, la tenue des assises des ONG et associations a réuni 35 structures autour des enjeux de gouvernance associative, favorisant les échanges et la mutualisation des bonnes pratiques. Enfin, la création du Forum des Associations et ONG Djiboutiennes pour le Développement Durable (FAONG-DD).
FAONG/DD : vers une structuration nationale de la société civile
Le consortium Paix & Lait et IRICA a présenté, dans le cadre du PASOC, un projet visant à renforcer les capacités des OSC et ONG djiboutiennes dans les domaines de l’eau, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire. L’initiative repose sur la formation des acteurs locaux, la structuration des organisations et la création de synergies inter-associatives pour favoriser la coopération et le partage d’expériences.
Naissance du Forum des Associations et ONG Djiboutiennes pour le Développement Durable
À la suite d’une étude diagnostique nationale (couvrant Djibouti-ville et les cinq régions) afin d’évaluer les capacités organisationnelles de 35 associations locales, le consortium ONG Paix & Lait et l’Institut IRICA a organisé, du 15 au 17 mai 2023, un atelier-assise structuré, réunissant les 35 associations et ONG retenues de Djibouti-ville et des cinq régions, toutes engagées dans les secteurs de l’eau, de l’assainissement et de la sécurité alimentaire. Cet atelier-assise a permis :D’analyser collectivement les résultats de l’étude diagnostique sur les capacités organisationnelles des OSC locales ;D’élaborer et d’adopter les statuts et le règlement intérieur du Forum, dans une logique de co-construction et de transparence ;D’élire un comité directeur, chargé de piloter les orientations stratégiques du Forum.
Les 35 associations et ONG retenues ont adopté les textes fondateurs (statut et règlement intérieur) du Forum, affirmant ainsi leur engagement collectif dans une dynamique inclusive et pérenne. Un comité directeur de cinq membres, dont deux femmes, a été élu pour un mandat de deux ans, afin d’assurer la gouvernance stratégique du Forum et piloter la mise en œuvre de son plan d’action. L’événement a officialisé le forum comme un cadre majeur de coordination et de mobilisation de la société civile autour du développement durable. Placé sous le haut patronage du ministre de l’Intérieur, M. Saïd Nouh Hassan, il a rassemblé plusieurs personnalités, dont Mme Zahra Youssouf Kayad (IRICA) et M. Osman Bouh Odowa (Paix & Lait).
Pour, le président du Forum des ONG pour le développement durable (FAONG-DD), M. Souleiman Daher Moussa, le forum se présente comme une plateforme fédératrice visant à structurer et renforcer la société civile djiboutienne. Il a rappelé également que la plateforme regroupe diverses associations, il favorise la coordination, le dialogue et la représentation collective des acteurs du développement. « La sélection des membres repose sur des critères de transparence et de crédibilité : les organisations doivent être légalement reconnues, bien gouvernées et actives dans des domaines prioritaires tels que l’eau, la sécurité alimentaire, les droits humains, le genre, la jeunesse, la gouvernance ou l’environnement. Le forum veille également à garantir une représentativité territoriale équilibrée.
Concernant la relation avec les pouvoirs publics, le président prône un partenariat constructif, basé sur la confiance et la complémentarité des rôles. Les OSC apportent leur proximité avec les communautés et participent à l’élaboration et au suivi des politiques publiques en matière de développement durable. Enfin, M. Souleiman Daher Moussa adresse un message d’encouragement aux jeunes associations, aux bailleurs et aux institutions : persévérer, coopérer et dialoguer pour construire ensemble un développement inclusif et durable à Djibouti».
Un Forum, un siège, une vision : le FAONG/DD inaugure son space de coordination pour transformer l’action citoyenne
Le 4 août 2025 marque une avancée majeure dans la structuration de la société civile djiboutienne, avec l’inauguration officielle du siège du FAONG/DD. Ce nouvel espace, pensé comme un centre stratégique de coordination, de dialogue et d’action collective, devient le point d’ancrage opérationnel de plus de 35 associations et ONG engagées dans la transformation sociale du pays.
La cérémonie d’ouverture s’est déroulée en présence de figures emblématiques du consortium, notamment Mme Zahra Youssouf Kayad et M. Osman Bouh Odowa, aux côtés des membres du Comité Directeur du Forum. Tous ont unanimement salué cette réalisation comme un levier structurant, destiné à renforcer les capacités de plaidoyer, de communication et de partenariat des Organisations de la Société Civile (OSC) djiboutiennes.
Au-delà de l’infrastructure, ce siège incarne une ambition collective forte : celle de fédérer les forces vives de la société civile autour d’un projet commun, porteur de cohésion, d’innovation et de changement durable.
Il symbolise l’émergence d’un espace autonome et inclusif, où les acteurs associatifs peuvent se retrouver, échanger, concevoir des initiatives et dialoguer avec les institutions publiques et les partenaires techniques et financiers.
L’élan qui anime ce centre, désormais enraciné dans une dynamique territoriale, aspire à rayonner au-delà de ses murs, en inspirant d’autres formes de mobilisation citoyenne, en consolidant les synergies inter-associatives, et en contribuant activement à l’élaboration des politiques publiques et des stratégies de développement. Dans la continuité de cette dynamique, le FAONG/DD sera accompagné, sur une période déterminée, par un second projet visant à renforcer ses capacités techniques et opérationnelles. La mise en place d’un FAONG/DD pleinement opérationnel permettra d’accroître la participation des OSC au dialogue politique et leur implication dans les processus de conception, de suivi et d’évaluation des stratégies et programmes de développement conduits par les pouvoirs publics.
SOUBER Hassan