Le Premier ministre du régime d’extrême-droite israélien, que la désinvolture n’étouffe pas, vient encore de frapper un « coup », en reconnaissant unilatéralement le Somaliland dans une de ces mises en scène dont il est coutumier. Cette décision frappe non seulement au cœur de l’unité somalienne, mais menace aussi l’équilibre délicat d’une région déjà mise à rude épreuve par des décennies de conflits et d’ingérences extérieures.
La République de Djibouti, fidèle à ses principes de souveraineté, d’intégrité territoriale et de respect du droit international, a fermement condamné cette reconnaissance. Cette position s’inscrit dans une ligne de cohérence diplomatique et stratégique que nul ne saurait ignorer. Il ne s’agit ni d’un réflexe idéologique ni d’un alignement conjoncturel, mais d’une position fondée sur le droit international, l’histoire somalienne et les impératifs de stabilité dans la Corne de l’Afrique.
La Somalie est un État souverain, membre à part entière des Nations Unies. La question du Somaliland — qui s’est autoproclamé indépendant en 1991 — demeure un sujet de dialogue interne somalien et de médiation internationale. Aucun processus légal, aucune résolution du Conseil de Sécurité, ni accord multipartite n’ont validé une sécession reconnue.
Reconnaître ce qui n’a pas été convenu par l’ensemble des parties prenantes revient à violer les principes élémentaires du droit international. Cela établit un dangereux précédent : celui selon lequel une puissance étrangère peut redessiner des frontières africaines historiques sans l’assentiment des États concernés. Une telle démarche heurterait inévitablement d’autres pays confrontés à des défis similaires, ravivant ainsi des tensions latentes et sapant les efforts de stabilisation régionale.
Djibouti sait mieux que quiconque combien les trajectoires politiques africaines sont complexes, enracinées dans l’histoire, les identités et les équilibres intercommunautaires. Notre propre expérience de coexistence entre différents groupes ethniques et notre rôle de médiateur régional nous enseignent que la paix ne se décrète pas par des reconnaissances hâtives, mais se construit patiemment par le dialogue inclusif et la coopération respectueuse.
La République de Somalie — malgré ses défis — demeure le cadre légal et territorial dans lequel doivent se résoudre toutes les aspirations politiques. Une reconnaissance extérieure des mouvements sécessionnistes ne fait qu’enraciner la fragmentation et ouvrir la voie à plus d’instabilité, de contrebandes et d’insécurités frontalières.
La position de Djibouti est indissociable de son rôle historique dans le dossier somalien. Hôte de multiples conférences de réconciliation, partenaire constant des institutions fédérales somaliennes et membre actif de l’IGAD, Djibouti a toujours privilégié une approche fondée sur le dialogue inclusif, la souveraineté somalienne et les solutions africaines aux problèmes africains.
Condamner la reconnaissance du Somaliland, c’est défendre une Somalie unie, seule capable de garantir une paix durable dans la région. C’est aussi refuser que des puissances extérieures instrumentalisent des fractures internes à des fins stratégiques, militaires ou économiques, au détriment des peuples concernés.












































