Mardi dernier, au Conseil des Ministres, le voile a été levé sur une donnée essentielle pour l’action publique et la vision collective de notre avenir commun : les résultats du Recensement Général de la Population et de l’Habitat (RGPH), qui font état d’une population djiboutienne de 1 066 809 habitants. Ce chiffre n’est pas un simple total arithmétique. Reflet vivant d’une nation en mouvement, il est une photographie précise de la réalité humaine en République de Djibouti. Une réalité avec sa diversité régionale et ses dynamiques territoriales.

Sans surprise, le poids démographique de la capitale s’affirme de manière spectaculaire : Djibouti-ville concentre à elle seule plus de 70 % de la population nationale. Avec ses 767 250 habitants, la capitale est devenue un point de convergence des dynamiques économiques, sociales et migratoires. Ce déséquilibre territorial, déjà connu, se confirme. Il interpelle cependant : peut-on encore parler d’aménagement du territoire lorsque le tissu national s’organise autour d’un seul centre ? Comment faire pour renforcer l’attractivité et la viabilité des régions intérieures ?

Le RGPH éclaire aussi des réalités moins visibles, mais tout aussi cruciales : les équilibres entre hommes et femmes, quasiment parfaits à l’échelle nationale, et les écarts par région. Ainsi, certaines zones comme Tadjourah affichent un ratio hommes-femmes assez marqué (31 097 contre 25 548). Conséquence de flux migratoires spécifiques ou d’inégalités d’accès aux services publics, à la santé et à l’emploi ?

En creux, ces chiffres racontent l’histoire d’un pays jeune, aux fondations humaines solides, mais dont le développement doit se penser à l’échelle de l’ensemble du territoire. Ali-Sabieh (76 414 hab.), Dikhil (66 196), Tadjourah (60 645), Obock(47 382), Arta (48 922) : autant de régions qui abritent une part essentielle de l’identité nationale, mais qui doivent être plus que des marges. Elles doivent devenir des pôles d’opportunités économiques afin de retenir leurs propres talents.

Le recensement, s’il sert d’abord aux planificateurs et aux stratèges de l’État, concerne chaque citoyen. Il nous rappelle que derrière les statistiques, ce sont des vies, des familles, des aspirations qui s’expriment. Loin d’être un constat froid, la démographie est un appel à mieux répartir et à mieux investir pour mieux bâtir. Le RGPH 2025 doit devenir un levier de justice territoriale et une base pour des politiques publiques plus équitables, plus efficaces.

À l’heure où la République de Djibouti s’ouvre résolument à l’ère numérique et écologique, ce recensement est un outil-clé pour prendre les bonnes décisions au bon endroit. Il ne tient qu’à nous d’en faire un point de départ : celui d’un avenir mieux partagé.