Juin, pour nous, n’est pas un mois ordinaire. C’est un mois de mémoire, de fierté. C’est un certain 27 juin 1977, en effet, que la Nation djiboutienne est née. Au prix du sacrifice et du rêve d’émancipation. En célébrant ce 48e anniversaire, il ne s’agit donc pas simplement de raviver les couleurs d’un drapeau ou d’entonner les chants. Il s’agit, surtout, de prendre la mesure du chemin parcouru et des défis restants.

Djibouti, nichée à l’intersection des plaques tectoniques et, plus récemment, des grandes puissances, a toujours été bien plus qu’un point sur la carte. En 48 ans, elle s’est affirmée comme un pôle stratégique. Un havre de stabilité dans une région souvent agitée et un carrefour géopolitique prisé. Sa position, enviée, lui a permis d’attirer bases militaires, investissements portuaires et autres projets d’envergure. Oui, il faut le reconnaître : la République de Djibouti s’est construite à force de résilience et d’ingéniosité diplomatique.

Ce constat posé, il importe de se tourner vers l’avenir. L’œuvre entreprise sous la conduite éclairée du président Ismail Omar Guelleh doit se poursuivre afin de remettre de l’ordre là où il faut : une administration qui reste malgré tout perfectible et une gouvernance qui doit constamment se réinventer pour rester à la hauteur de l’idéal républicain.

À 48 ans, une Nation n’est plus dans l’enfance. Elle entre dans l’âge mûr, celui où les fondations doivent être consolidées, où la cohésion nationale doit être préservée de tout temps des fractures potentielles. L’indépendance n’est pas un acquis figé dans le temps. C’est une conquête permanente de liberté, de justice et de développement partagé. L’heure est venue de réaffirmer notre contrat social, en ouvrant plus grand les portes de la participation à nos femmes, à nos jeunes et à nos populations rurales. À notre diaspora aussi, pourquoi pas, du moins celle constructive.

L’heure est venue, aussi, de bâtir une République numérique et inclusive. Le monde avance à grande vitesse. Nous ne pouvons pas nous contenter d’être une Nation observatrice. Il faut être sinon pionnier, du moins acteur. Les ambitions affichées dans les stratégies nationales doivent être plus qu’un horizon. Elles doivent devenir réalité, c’est-à-dire palpables et vécues.

Autrement dit, juin doit être un mois de sursaut. Une célébration, oui, mais une célébration lucide. C’est un moment de mémoire, certes, mais surtout un moment de mobilisation. L’héritage de 1977 nous oblige, non pas à nous reposer sur nos lauriers, mais à marcher encore et toujours vers une République à la hauteur de son peuple. Car une Nation n’est grande que si elle donne à chacun de ses enfants les moyens de rêver, de créer et d’agir.

Bonne fête de l’Indépendance à toutes et à tous. Que Djibouti vive, debout et digne, pour longtemps encore.