L’Assemblée nationale a adopté cette semaine le projet de loi portant création d’une Autorité nationale de Cybersécurité (ANC). Ce vote marque un tournant décisif dans la consolidation de la souveraineté numérique de Djibouti car, derrière l’apparente technicité du texte se joue, en réalité, une bataille stratégique : celle de la maîtrise de notre espace numérique, devenu aujourd’hui l’un des champs les plus exposés aux menaces globales.
À l’ère où la donnée est une arme, la cybersécurité ne saurait être vue comme un simple volet technique réservé aux informaticiens. Elle constitue le cœur même de la sécurité nationale. Attaquer un réseau, détourner des informations sensibles, paralyser une infrastructure numérique essentielle… constituent autant d’actes qui peuvent désormais avoir les mêmes conséquences dévastatrices qu’une agression militaire. Djibouti, par son rôle de hub numérique régional, est naturellement exposé. Protéger ses réseaux, ses institutions, ses citoyens, c’est donc protéger la République.
La nouvelle ANC vient donc combler un vide institutionnel et stratégique. Elle sera le vigile silencieux de l’État numérique, en garantissant la résilience des systèmes d’information publics et privés, en veillant à la mise en œuvre de normes de sécurité rigoureuses et en coordonnant la riposte face aux cybermenaces. En somme, elle incarnera la vigilance permanente dans un monde où la guerre ne se déclare plus, mais se déclenche par un simple clic.
Cette institution doit aussi être perçue comme un instrument de confiance. Car sans confiance, pas de transformation numérique durable. Entreprises, banques, administrations, citoyens : tous doivent pouvoir évoluer dans un espace digital sécurisé, où leurs données sont protégées, leurs transactions garanties et leur identité respectée. L’ANC, en imposant des standards clairs, renforcera ce pacte de confiance entre l’État et la société connectée.
À vrai dire, dans un monde globalisé où les puissances rivalisent pour le contrôle de l’information, l’enjeu est éminemment politique et symbolique. En se dotant d’un tel organe, notre pays affirme sa volonté de ne plus subir, mais de maîtriser. Il se donne les moyens d’agir, de prévenir et de sanctionner. Il entre ainsi dans le cercle des nations conscientes que la cybersécurité est un pilier de la souveraineté moderne, au même titre que la défense, la diplomatie ou la justice.
Reste désormais à traduire cette volonté politique en moyens concrets : formation des experts, veille continue, coopération internationale, sensibilisation du public, etc. Car la cybersécurité est une responsabilité collective. L’ANC en sera le chef d’orchestre, mais la partition se jouera à l’échelle de tout le pays.En érigeant cette digue face aux périls invisibles du cyberespace, Djibouti se positionne comme un État lucide, moderne et vigilant. Un État prêt à défendre, aussi fermement que son territoire physique, son territoire numérique.











































