Un quart de siècle s’est écoulé depuis que la petite ville d’Arta a offert au monde l’image rare d’un miracle africain : la réconciliation d’un peuple en guerre avec lui-même. En 2000, la Conférence de Paix d’Arta a transcendé les calculs partisans et les rancunes armées pour ouvrir la voie à la reconstruction d’un État somalien brisé par une décennie de chaos.

Aujourd’hui, l’inauguration du Musée de la Paix d’Arta n’est pas seulement un geste mémoriel. C’est une leçon adressée aux générations présentes et futures qui doivent comprendre que la paix n’est jamais acquise, mais qu’elle se cultive. Ce lieu vient rappeler que la diplomatie peut parfois, plus que les armes, l’hospitalité d’un pays peut devenir une passerelle pour toute une région. Notre pays, par son audace, a su écrire une page d’histoire dont l’écho dépasse ses frontières.

Car Arta n’a pas seulement été un sommet politique. Ce fut un acte de foi dans la capacité des Somaliens à retrouver leur voix et leur avenir, sous l’égide fraternelle de Djibouti. C’était aussi une réponse à l’indifférence du monde face à la tragédie somalienne. Là où les grandes puissances hésitaient, Djibouti a pris ses responsabilités. Le Musée de la Paix est donc aussi le mémorial d’un courage collectif, celui d’un petit pays qui a cru que sa taille n’entravait en rien la grandeur de sa mission.

À l’heure où le monde est de nouveau traversé par des fractures, où la tentation de l’affrontement prend souvent le pas sur le dialogue, Arta se dresse comme un phare. Un rappel que l’impossible devient possible quand la volonté des hommes rejoint l’espérance des peuples. Vingt-cinq ans après, ce musée ne conserve pas seulement des archives et des souvenirs. Il  incarne la promesse vivante de croire encore en la force de la paix.

Que chaque visiteur d’Arta entende ce message : bâtir la paix est une œuvre de patience, de courage et d’humanité. Si un petit pays a pu infléchir le destin d’une nation voisine, alors chaque nation, grande ou petite, a sa part de responsabilité dans l’édification d’un monde moins violent et plus juste.