
Sous la conduite du ministre de l’Économie et des Finances, chargé de l’Industrie, M. Ilyas Moussa Dawaleh, la République de Djibouti a pris part, du 13 au 19 octobre 2025, aux Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI) et du Groupe de la Banque mondiale, tenues à Washington. Dans un contexte mondial marqué par l’incertitude géopolitique, la transition énergétique et la recomposition des équilibres économiques, la délégation djiboutienne a fait entendre une voix claire : celle d’un pays africain qui choisit la résilience, la bonne gouvernance et l’investissement productif comme leviers d’avenir Cette présence active aux côtés des plus hautes institutions financières internationales a permis à Djibouti de renforcer ses partenariats, de présenter sa stratégie de réforme et de tracer les contours d’une nouvelle phase de coopération internationale centrée sur la transparence, la performance et les résultats. Durant une semaine dense en réunions bilatérales et panels de haut niveau, la délégation conduite par le ministre Dawaleh a défendu la vision d’un développement fondé sur la confiance, l’efficacité de la dépense publique et la création d’emplois durables.

Au cœur des discussions, plusieurs thèmes essentiels ont émergé : la gouvernance publique, la gestion de la dette, les flux migratoires, la transition énergétique et le capital humain. Dans un monde confronté à des tensions multiples, Djibouti a choisi d’inscrire son action dans une logique de dialogue constructif et de réformes tangibles. La délégation a présenté un cadre stratégique ambitieux, visant à attirer les financements internationaux tout en consolidant la transparence budgétaire et la discipline financière.
Les institutions financières internationales ont salué les avancées de Djibouti en matière de planification économique et de gouvernance. En retour, elles ont réaffirmé leur soutien à une approche axée sur les résultats et sur l’intégration des mécanismes de reddition de comptes à chaque étape du cycle de projet. Cette orientation, pleinement assumée par le ministre Dawaleh, vise à démontrer, par des indicateurs mesurables, l’impact concret des investissements sur le bien-être des citoyens et sur la compétitivité du pays.
Gouvernance, climat et emploi : vers une vision partagée du développement
La question de la gouvernance a été au centre des échanges, M. Ilyas Moussa Dawaleh a rappelé que Djibouti poursuit la modernisation de son administration publique et l’introduction d’outils numériques pour renforcer la transparence et la performance des institutions. Cette démarche, conforme aux exigences des bailleurs, doit permettre d’assurer un meilleur suivi de la dépense publique et de maximiser l’impact des financements extérieurs. La délégation djiboutienne a également insisté sur la dimension humaine du développement, notamment à travers la gestion des flux migratoires et la protection sociale. Des discussions approfondies ont porté sur la nécessité de bâtir un modèle inclusif capable d’offrir des perspectives économiques aux jeunes et de stabiliser les populations vulnérables. Dans cette perspective, les partenaires financiers ont été invités à soutenir les programmes nationaux d’employabilité, de formation et de diversification économique.
Sous l’angle climatique, les débats ont mis en exergue la transition énergétique et la résilience des infrastructures. Djibouti a défendu une approche intégrée combinant innovations technologiques, agriculture durable et sécurité alimentaire. L’agriculture, longtemps marginalisée dans les débats sur la croissance, a retrouvé toute son importance à travers des initiatives telles qu’AgriConnect, qui vise à renforcer la productivité des petits exploitants et à favoriser leur accès au marché. Ces échanges ont mis en lumière les efforts du pays pour conjuguer modernisation économique et développement rural, avec des effets directs sur la sécurité alimentaire et la création d’emplois dans les zones rurales.

La question du financement des infrastructures et de la transition énergétique a occupé une place majeure dans les discussions. Djibouti a plaidé pour des mécanismes financiers innovants, alliant capitaux publics et privés, et pour des instruments de garantie susceptibles d’attirer davantage d’investisseurs internationaux. L’objectif est clair : faire du pays un modèle de stabilité et de croissance durable dans la Corne de l’Afrique. Un autre moment fort de cette semaine de travail a été la participation de la délégation djiboutienne à un panel consacré à la réforme des entreprises publiques. M. Dawaleh y a exposé les progrès réalisés en matière d’efficience et de transparence, ainsi que les perspectives d’ouverture de certains secteurs stratégiques à l’investissement privé. Cette dynamique, selon le ministre, vise à renforcer la compétitivité des entreprises nationales et à favoriser un environnement économique stable et attractif.
Sur le plan institutionnel, Djibouti a proposé un plan de coopération bilatérale renforcée avec le FMI et la Banque mondiale, articulé autour d’un plan d’action quinquennal et de projets pilotes à fort impact. Cette approche, qualifiée par le ministre de « fit-for-purpose », vise à adapter les politiques publiques aux réalités géostratégiques et climatiques locales, tout en garantissant leur cohérence et leur efficacité.
Les propos d’Ajay Banga, président du Groupe de la Banque mondiale, lors de la séance plénière, ont donné un relief particulier à ces échanges. Dans un discours empreint d’optimisme et de réalisme, il a souligné que « l’emploi doit être au cœur de toute stratégie de développement ». Pour lui, l’avenir du monde dépendra de la capacité des pays en développement – et en premier lieu de l’Afrique – à offrir des perspectives économiques à leurs jeunes populations. D’ici à 2050, a-t-il rappelé, plus de 85 % de la population mondiale vivra dans des pays en développement, et 1,2 milliard de jeunes entreront sur le marché du travail dans les quinze prochaines années. Ce défi colossal impose une réponse collective, structurée autour de trois piliers : des infrastructures solides, un cadre économique transparent et un secteur privé dynamique.
Ajay Banga a détaillé les réformes internes menées au sein de la Banque mondiale pour accélérer le déploiement des financements et améliorer la réactivité institutionnelle. Grâce à une simplification des procédures, le délai moyen d’approbation des projets est passé de 19 à 12 mois, et certaines initiatives sont désormais validées en moins de 30 jours. De nouvelles stratégies – notamment IFC 2030 et Mission 300, qui vise à fournir l’électricité à 300 millions d’Africains d’ici 2030 – traduisent cette volonté de passer des engagements aux résultats. Pour lui, le développement doit être « intelligent, responsable sur le plan budgétaire et ancré dans la confiance».
Cette philosophie résonne avec la vision défendue par Djibouti : faire de l’investissement un vecteur de dignité et d’emploi. Ajay Banga a rappelé que 90 % des emplois provenaient du secteur privé et que la mission du Groupe de la Banque mondiale consistait à créer les conditions permettant à ces emplois d’émerger. « Un emploi, a-t-il dit, ce n’est pas seulement un revenu. C’est une raison d’être, le fondement de la stabilité sociale et de la dignité humaine. »
Ces mots ont trouvé un écho particulier dans les propos tenus quelques heures plus tard par M. Ilyas Moussa Dawaleh, lors de son intervention devant le même auditoire.
Un plaidoyer africain pour un nouveau pacte sur la dette et l’investissement
Dans un discours ferme et lucide, le ministre djiboutien a défendu l’idée d’un nouvel accord international sur la dette, fondé sur la reconnaissance des réformes et sur un partage équitable du risque. Selon lui, « la dette africaine n’est pas exceptionnellement élevée, mais elle est indéniablement coûteuse ». Avec des taux d’intérêt pouvant atteindre quatre à cinq fois les recettes publiques, de nombreux pays africains se trouvent dans l’impossibilité d’investir dans les secteurs vitaux de l’éducation, de la santé et des infrastructures.
Le ministre a dénoncé le « cycle de perception négative du risque » dans lequel les économies africaines sont enfermées : parce qu’elles sont jugées risquées, elles se voient imposer des taux prohibitifs qui freinent leur croissance et aggravent leurs vulnérabilités. Cette logique, a-t-il souligné, est non seulement injuste mais contre-productive.
Djibouti, comme de nombreux pays africains, plaide pour un système financier international qui récompense les réformes et encourage les trajectoires vertueuses plutôt que de sanctionner les fragilités structurelles.
Le ministre Dawaleh a insisté sur le fait que l’Afrique ne demande pas un renflouement, mais un partenariat équitable. « Nous ne demandons pas l’aumône, mais un système qui reconnaît nos efforts, qui récompense la bonne gouvernance et qui garantit un accès au capital à des taux équitables», a-t-il déclaré. Il a également réaffirmé l’engagement des gouvernements africains à moderniser leurs économies par la numérisation, la réforme fiscale et l’investissement dans le capital humain.
Son intervention a été accueillie avec intérêt par de nombreux partenaires internationaux, qui ont reconnu la pertinence du diagnostic et la nécessité d’une approche différenciée dans la gestion de la dette africaine.
Plusieurs discussions bilatérales ont ensuite été engagées pour explorer de nouveaux mécanismes de financement, notamment les conversions de dette en projets de développement et l’utilisation d’instruments financiers hybrides.
Au terme de cette semaine d’échanges intenses à Washington, la délégation djiboutienne repart avec des perspectives renforcées : un dialogue consolidé avec les institutions de Bretton Woods, une reconnaissance accrue des réformes nationales et un engagement renouvelé à poursuivre les efforts en faveur d’une économie plus résiliente, inclusive et transparente.
La mission conduite par M. Ilyas Moussa Dawaleh confirme la place croissante de Djibouti dans les débats économiques mondiaux. En se positionnant comme un partenaire responsable, ancré dans la réforme et ouvert à l’investissement, notre pays entend bâtir un modèle de développement durable à la mesure de ses ambitions régionales. Entre résilience, innovation et opportunités, Djibouti trace son cap : celui d’une nation confiante dans sa capacité à transformer les défis du présent en leviers d’avenir.